Retraite Agirc-Arrco : votre virement de janvier 2026 risque de baisser et ça va durer

Publié par Matthieu Chauvin
le 18/12/2025
Retraités en colère
Istock
Alors que le montant brut des pensions complémentaires est gelé, près de 14 millions de retraités du secteur privé pourraient voir leur versement net diminuer dès janvier 2026 en raison d'un mécanisme fiscal lié à la CSG.
 

Le début d'année 2026 s'annonce en demi-teinte pour les anciens salariés du secteur privé. Alors que l'inflation pèse toujours sur le pouvoir d'achat, le premier versement de l'année de votre retraite complémentaire Agirc-Arrco pourrait réserver une désagréable surprise. Planet fait le point sur ce mécanisme technique qui risque d'alléger votre portefeuille.

Contrairement à la retraite de base, la valeur du point Agirc-Arrco ne bougera pas d'un centime lors du prochain virement. Elle reste fixée à 1,4386 euros, conséquence de l'accord signé par les partenaires sociaux qui maintient ce montant jusqu'en novembre 2026. Pourtant, si le montant brut figurant sur votre relevé restera identique, la somme qui arrivera effectivement sur votre compte bancaire pourrait être inférieure à celle de décembre. Cette baisse potentielle de la complémentaire en janvier 2026 ne vient pas des caisses de retraite, mais de l'administration fiscale et de la mise à jour annuelle de votre taux de prélèvement.

Un effet ciseaux redoutable pour votre pouvoir d'achat

Le coupable est un décalage entre deux revalorisations. Pour comprendre, il faut regarder dans le rétroviseur. En janvier 2024, les pensions de retraite de base avaient bénéficié d'une hausse significative de 5,3 %. Cette augmentation a mécaniquement gonflé votre revenu fiscal de référence (RFR) de l'année 2024. Or, c'est précisément ce RFR, inscrit sur votre avis d'imposition reçu en 2025, qui servira à déterminer votre taux de CSG pour l'année 2026.

Le problème réside dans les seuils du revenu fiscal de référence de la CSG pour 2026. Ces barèmes, qui déterminent si vous êtes exonéré ou soumis au taux réduit (3,8 %), médian (6,6 %) ou normal (8,3 %), ne devraient être revalorisés que d'environ 1,8 % (sur la base de l'inflation hors tabac de 2024).

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Ce différentiel crée un piège mathématique : vos revenus ont augmenté plus vite (5,3 %) que les plafonds (1,8 %). Résultat, de nombreux foyers risquent de franchir une limite et de basculer dans la tranche supérieure. Comme l'explique MoneyVox, une augmentation du taux de CSG retraite en 2026 viendrait alors directement amputer votre pension nette, alors même que le montant brut n'a pas été revalorisé pour compenser.

Les seuils à surveiller sur votre avis d'imposition

Pour anticiper cette bascule, il est impératif de vérifier le RFR de votre retraite complémentaire Agirc-Arrco. Munissez-vous de votre avis d'imposition 2025 et comparez votre revenu fiscal de référence aux nouveaux barèmes estimés. Pour une personne seule (1 part fiscale), l'exonération totale de CSG s'applique si le RFR ne dépasse pas 13 048 euros. Au-delà, vous passez au taux réduit de 3,8 % jusqu'à 17 057 euros, puis au taux médian de 6,6 % jusqu'à 26 470 euros.

Si vous franchissez l'un de ces seuils, les prélèvements sociaux globaux (incluant la CRDS et la CASA) augmenteront. Au taux maximum, l'ensemble des cotisations peut atteindre 10,1 % de votre pension brute. C'est l'Agirc-Arrco qui applique directement le taux transmis par la Direction générale des Finances publiques (DGFiP), sans avoir la main sur ce calcul.

Un mécanisme de lissage pour limiter la casse

Heureusement, tout n'est pas perdu pour les retraités concernés par l'effet de seuil de la CSG. L'administration applique un dispositif de « lissage » pour éviter les changements brutaux liés à une hausse ponctuelle de revenus. Si votre RFR dépasse un seuil cette année, votre taux de CSG n'augmentera en 2026 que si vous avez déjà dépassé ce même seuil l'année précédente.

En clair, le passage au taux supérieur (par exemple de 3,8 % à 6,6 %) ne devient effectif que si le dépassement est constaté sur deux années consécutives. Toutefois, attention : ce bouclier ne s'applique pas si vous passez du taux zéro au taux réduit, ou si vous étiez déjà proche de la limite. Il est donc conseillé de surveiller vos comptes début janvier, car toute régularisation ultérieure peut s'avérer complexe.

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