L'ascension de Jordan Bardella, l'ambitieux président du RNabacapress
Propulsé par Marine Le Pen et aujourd'hui à la tête du RN à seulement 28 ans, Jordan Bardella, est devenu l'homme de confiance de la principale adversaire d'Emmanuel Macron. Omniprésent dans les médias, le numéro un de la liste du RN pour les prochaines élections européennes ne convainc pourtant pas davantage que le gouvernement. Portrait.
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Jordan Bardella ? Impossible de ne pas le connaître. Propulsé à la tête du Rassemblement national (RN) par Marine Le Pen en novembre 2022. C'est la personnalité "politique" préférée des Français, selon le récent baromètre politique d’Odoxa-Mascaret. Même s'il ne convainc pas tout le monde, il est difficile de passer à côté.

En quelques années, Bardella est devenu une figure politique de premier plan

Son style n'a pourtant rien d'original : franc-parler et excellent sens de la communication. Le jeune président du RN semble avoir rapidement conquis ses électeurs, jeunes et moins jeunes. En quelques années, Jordan Bardella est devenu une figure politique de premier plan. Comme le montre sa récente parade au salon de l'agriculture, tout en contraste avec celle du président.

À 28 ans, celui qui est aussi député européen devance désormais Marine Le Pen dans les sondages de popularité réalisés auprès des Français. Une tendance également confirmée par le classement annexe du JDD, sur les personnes adhérentes aux idées du RN, dans lequel elle ne figure qu'en 4ᵉ position.

Si la cote de popularité du président du Rassemblement national se stabilise à 33 %, un point derrière la patronne Marine Le Pen (en recul de trois points), Jordan Bardella poursuit son ascension vers les sommets, selon Odoxa. Cette popularité se traduit dans les intentions de vote pour juin. 

L’institut note qu’en février 2023, l’écart entre les deux figures du RN s’élevait encore à dix point, relève La Voix du Nord. Quant à la cote d’adhésion de la tête de liste aux européennes, elle a pris 12 points en vingt mois.

Jusqu'où ira-t-il ? Et que se cache-t-il derrière ce jeune politique si convaincant au passé trouble...

Un gendre pas si idéal ?

L'histoire de Bardella est parfaitement rodée. C'est celle d'un enfant de Seine-Saint-Denis, qui aurait grandi au contact de la réalité des banlieues, avec des fins de mois difficiles. Adhérant de la fédération départementale du Front national à 16 ans, il est repéré par Florian Philippot, qui voit lui la figure de la dédiabolisation du parti d'extrême droite. Résultat : il est  propulsé conseiller régional à 20 ans.

Mais le storytelling du politique de 28 ans est mis à mal par plusieurs témoignages et documents qui viennent écorner son image de gendre idéal qui monte dans les sondages. Selon  trois anciens proches de Jordan Bardella – l'un d'entre eux témoigne face caméra –, pour le Huffington Post. Le jeune homme se serait caché derrière un compte Twitter anonyme actif d'août 2015 à février 2017. Et la bannière de ce compte en dit long. 

La photo de Jean-Marie Le Pen, bras levés dans son anorak rouge, aux côtés d'une représentation de Superman. Sur son fil du Twitter, une publication datée du 9 février 2017 se moque de l'affaire Théo Luhaka – un policier est actuellement jugé pour des violences lors de l'arrestation du jeune homme, à Aulnay-sous-Bois. Devant les caméras de Complément d'enquête, récemment diffusé, le président du RN nie être derrière ce compte. Le 17 janvier dernier, il a adressé une mise en demeure à France 2  concernant cette séquence, revient un article du Point.

L'image du gendre idéal, au costume trois pièces impeccable, se craquelle encore plus quand on se penche sur l'entourage de Jordan Bardella. Sur une photo prise en 2017 au cours d'un repas, on voit Jordan Bardella levant son verre en face de Frédéric Chatillon, entouré de six de ses filles. L'ancien chef de l'organisation étudiante d'extrême droite Groupe union défense (GUD)... 

D'autres détracteurs lui reprochent également son manque d'expérience politique et son déficit de formation...

Une ascension fulgurante réalisée en dépit d’un déficit de formation

"C'était une coquille vide ", tacle Pascal Humeau, ancien journaliste, désormais communicant, qui assure avoir, pendant quatre ans, transformé l'image du jeune politique via des séances de média training, avant de se brouiller avec lui dans un

Une image lisse de gendre idéal qui correspond en tout point avec la "normalisation" des idées d'extrême-droite visé Marine Le Pen. Pur produit du "marinisme", Jordan Bardella a parfois été décrit comme un robot, un « cyborg », taillé sur mesure pour incarner l’avenir du RN, pointe un article du Huffington Post.

Sa réelle plus-value, c’est sa précocité, souligne encore l'article… Engagé au FN depuis l’âge de 16 ans, il n’a cessé de gravir les échelons internes dans un parti en mal de cadres. Trois ans plus tard, en 2015, tout s’accélère. Il est nommé secrétaire départemental, chez lui, en Seine-Saint-Denis.

Une ascension fulgurante réalisée en dépit d’un déficit de formation universitaire (il n’est pas allé au bout de sa licence de géographie et a échoué à intégrer Sciences Po ) et d’expérience professionnelle, offrant aux responsables politiques un vécu à faire valoir.

Son récent son passage, tout en selfies, au salon de l'agriculture, a d'ailleurs permis à ses opposants de pointer son manque d'épaisseur et ses réelles intentions : "Les Français ne sont dupes de rien. Ni de l'instrumentalisation, ni du mensonge, ni de la poudre aux yeux", a assuré Gabriel Attal. "Les agriculteurs, nos bêtes, nos filières ne sont pas un décor de campagne" à l'approche des élections européennes, a insisté le Premier ministre, qui a défendu le bilan du gouvernement, également très critiqué lors de l'évènement.

Le parti de Jordan Bardella, lui-même député européen, est par ailleurs accusé d'avoir détourné 6,8 millions d'euros entre 2009 et 2017 en rémunérant des assistants parlementaires qui travaillaient uniquement pour le Front national. Le procès doit avoir lieu fin 2024.