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En 2014, ils étaient presque 300 à être partis faire le djihad tout en continuant à toucher des allocations, avant que les services de renseignement ne s'en aperçoivent.

Interrogé ce mardi lors de la séance des questions au gouvernement, Bernard Cazeneuve a admis que, l'année dernière, 290 djihadistes ont touché des prestations familiales en France. Répondant à une question du député UMP Alain Marsaud, le ministre de l'Intérieur a assuré que les cas litigieux ont été signalés aux autorités versant ces prestations. Si ces allocations ont rapidement été suspendues, elles relancent le débat engagé par Eric Ciotti en novembre dernier.

"N'essayons pas de faire sur ce sujet des polémiques"

En voilà un paradoxe saisissant. L'année dernière, 290 personnes sont parties faire le djihad en Irak ou en Syrie alors qu'elles touchaient des allocations. Une incohérence qui, évidemment, fait polémique, au grand dam de Bernard Cazeneuve. "N'essayons pas de faire sur ce sujet des polémiques ou de laisser à penser qu'il n'y a pas d'action", a déclaré le ministre de l'Intérieur tout en évoquant "des manquements qui n'existent pas en nombre". Les cas énumérés, quoique alarmants, ont immédiatement été réglés, s'est ensuite défendu le ministre.

Le débat n'est pas nouveau. En novembre dernier, Le Figaro révélait qu'Eric Ciotti, le député UMP et président du Conseil général des Alpes-Maritimes, avait radié les bénéficiaires du revenu de solidarité active partis faire le djihad. "Je ne saurais concevoir que de l'argent public aille dans les poches de quelqu'un qui nourrit des desseins terroristes contre notre nation", avait-il déclaré.

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Une "détermination totale"

Conscient du problème, le gouvernement a récemment annoncé une série de mesures. Bernard Cazeneuve a d'ailleurs rappelé la "détermination totale" qui règne autour du sujet, tout en vantant l'utilité de la plate-forme de signalement des candidats au djihad. En effet, c'est ce dispositif qui a permis de déceler les failles mentionnées. "Le cas de ceux qui ont quitté le territoire national est immédiatement signalé aux autorités en charge du versement de ces prestations sociales", a expliqué le ministre de l'Intérieur dans des propos rapportés par l'AFP. Il a ensuite martelé que des efforts étaient opérés : "il est immédiatement mis fin au versement de ces prestations avec la plus grande rigueur".

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