Front populaire : ces legs majeurs de 1936
Après la dissolution de l’Assemblée nationale, les formations de gauche tentent depuis le 9 juin de faire renaître un “Front populaire”. Le nom vous dit quelque chose ? C’est bien normal, il renvoie à un mouvement et désormais même une période de l’histoire du XXe siècle qui a été marquée par d’importantes réformes dont le principe est toujours en vigueur aujourd’hui. Petite séance de rattrapage.
L’origine du Front populaire
Des alliances politiques, les divers courants de gauche en France en nouent régulièrement depuis des décennies, tout comme de fréquentes ruptures. Si l’on se concentre sur les première : il y eut ainsi les mouvements de défense d’Alfred Dreyfus à l’aube du XXe siècle, le cartel des gauches dans les années 1920 ou encore l’Union de la gauche et le programme commun de gouvernement qui unit François Mitterrand et Georges Marchais dans les années 1970. Mais le plus célèbre reste sans doute le Front populaire.
La date de 1936 est souvent associée à cette coalition politique. Mais ses origines remontent plus loin. Les historiens pointent souvent le 6 février 1934 et ce qui fut considéré comme une tentative de “coup d’état” de la part des mouvements d’extrême droite qui manifestent violemment devant la Chambre des Députés (il y a eu plusieurs dizaines de morts).
Suite à cet événement et dans un contexte marqué par la montée du fascime en Europe (Hitler est au pouvoir en Allemagne, Mussolini en Italie), des partis de gauche, jusqu’alors divisés ainsi que des syndicats et mouvements associatifs commencent à s’allier.
Léon Blum et les accords de Matignon
Plus tard, ce sont les radicaux qui rejoignent ce regroupement qui organise de grandes manifestations, sorte de revanche sur la marche du 6 février, à une date symbolique : le 14 juillet 1935.
Cela se traduit en programme électoral, puis une victoire écrasante aux élections législatives de 1936 et à la nomination de Léon Blum comme président du Conseil (chef du gouvernement). En juin sont pris les célèbres accords de Matignon. Dès lors, concomitamment avec des manifestations populaires de grande ampleur, des réformes phares sont mises en placel. En voici 7 parmi les plus importantes.
Les congés payés
Jusqu’alors les fonctionnaires avaient droit à deux semaines de vacances rémunérées, tout comme certains salariés. Depuis 1936, ce principe est étendu à tous les travailleurs. A l’été 1936, pour la première fois, juilletistes et aoûtiens se croisent.
Des billets de train à prix réduits
Pour partir en vacances, encore faut-il pouvoir se le payer. Des tarifs spéciaux pour “congés annuels” existent encore à la SNCF.
Réduction du temps de travail
La semaine de 40 heures de travail hebdomadaire est instaurée.
Délégués du personnel
L’instauration de ce rôle dans les entreprises date des accords de Matignon.
Conventions collectives
Elles sont au centre de l'organisation sociale en France : l’institution des accords syndicaux de branches, en juin 1936 fonde le principe des négociations collectives.
Extension de l'instruction obligatoire
L'instruction devient obligatoire de 6 à 14 ans. Les familles disposent en outre du droit de choisir le mode d'instruction. Désormais, l’instruction est obligatoire en France pour tous les enfants de 3 à 16 ans.
Le droit d’auteur devient inaliénable
Ce projet avait été porté par Jean Zay, dont les cendres ont été transférées au Panthéon en 2015.
