Publié par Pierre-Antoine Martel, le 23/02/2024

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Contre la «fornication» et pour «préserver le sang des musulmans» : qui est Mahjoub Mahjoubi, l’imam accusé d’être «anti-France» ?AFP
Interpellé après ses propos polémiques puis placé dans un centre de rétention en région parisienne, l'imam Mahjoub Mahjoubi a été expulsé jeudi vers la Tunisie. Qui est ce religieux et quels propos a-t-il tenus ?
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"C’est un lapsus. Moi je ne sors pas de l’ENA ni de la Sorbonne.", s'est défendu Mahjoub Mahjoubi cet imam du Gard a ccusé d’avoir tenu des prêches  «anti-France», sur les réseaux sociaux. Une défense rodée qui n'a pas suffi pour lui éviter l’expulsion.

Le religieux ne précise pas que c’est le drapeau français…

Moins de douze heures après son interpellation, l’imam de 52 ans, qui officie à Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, a été expulsé vers la Tunisie ce jeudi soir, a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Il est également sous le coup d’une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme, ouverte par le parquet de Nîmes, a-t-on appris lundi, rapporte Le Figaro. 

La raison ? L'homme a insulté le drapeau français sur les réseaux sociaux.  Dans un court extrait diffusé et massivement relayé sur les réseaux sociaux, on peut voir l’imam tenir un prêche, face caméra.

Il y qualifie le drapeau "tricolore" de "drapeau satanique" qui n'a "aucune valeur auprès d'Allah". "On n'aura plus tous ces drapeaux tricolores qui nous gangrènent, qui nous font mal à la tête", y déclare-t-il. Le religieux ne précise pas que c’est le drapeau français.

Auprès de nos confrères de Midi Libre, il assurait que cette phrase était un "lapsus". "Je comprends que ça ait pu choquer. (...) Croyez-moi, il n'a jamais été question dans mes propos, ni de loin ni de près, de dire que le drapeau français est satanique. Je parlais du monde musulman et du football (...) Je ne suis pas un voyou. C'est une situation qui peut briser la vie d'un homme et détruire une maisonnée".

Toutefois, les prêches analysés "recèlent bien d’autres choses que ce pseudo-lapsus", avait répliqué mardi le préfet du Gard, Jérôme Bonet, sur franceinfo. Selon l’arrêté d’expulsion, que l’agence France-Presse a pu consulter, les propos reprochés à l’imam tunisien c ouvrent un champ bien plus large que ce débat autour du drapeau.

Mais qui vraiment cet homme et était-il connu par les autorités françaises avant ce dérapage ?

Qui est cet l’imam ? Et surtout, est-il coutumier des propos polémiques ?

Mahjoub Mahjoubi, né à Tunis, installé en France depuis 1986, père d’enfants nés et scolarisés en France, et marié avec une femme de nationalité française, avait plaidé par la voix de son avocat une "méprise dans la langue française".

Interrogé par Le Figaro, son conseiller, Maître Samir Hamroun, recommande d ’«impérativement écouter le prêche en entier», qui constituerait une «critique contre le nationalisme, plus particulièrement appliqué par certains jeunes d’origine maghrébine qui se font la “guerre” dans des stades de foot notamment sous couvert de la défense d’un drapeau», assure-t-il.

Il s’agit d’un prêche «sur la division des musulmans de toute nationalité (...) Il n’a eu aucune intention d’attaquer le drapeau français et ses valeurs pour lesquels il a profond attachement», selon l’avocat, déplorant que l’on puisse «confondre (son client) avec les pires extrémistes qui existent».

Mais qu'a-t-il réellement dit dans son prêche ?

«Est-ce que tu acceptes que la maman de ton fils soit une fornicatrice ?»

Dans un prêche durant 40 minutes - il a d’abord tenu en arabe, puis traduit en Français - , que Le Figaro  a retrouvé, Mahjoub Mahjoubi évoque dans une longue tirade les "petits signes de la fin des temps", à savoir l’embellissement et la décoration des mosquées", l’argent («avant, peu d’argent suffisait à une famille pour vivre, même dans ce pays. Aujourd’hui, nos propres enfants qui ont 12, 13, 15 ans te parlent de paires de baskets à 300 euros, de survêtement à 300 euros»), l’alcool («les gens boivent sans aucune retenue. Il y a quelques années les gens qui buvaient se cachaient.») et la «fornication» («beaucoup de nos jeunes musulmans ramènent la copine à la maison. [Je leur demande :] est-ce que tu acceptes que la maman de ton fils plus tard soit une fornicatrice?»).

Il poursuit en mettant en garde contre une prophétie annonçant la venue de l’«antéchrist», et appelle pour s’en défendre à «préserver le sang et l’unité des musulmans», car «la division nous affaiblit», dit-il. Lorsque cette prophétie se mettra en place, Al-Mahdi, identifié comme un descendant du prophète de l’Islam dans la religion sunnite, précédera l’antéchrist pour rassembler tous les musulmans pieux, d’après l’imam. Alors, Al-Mahdi va «s’autoproclamer et tous les gouverneurs dans toutes les gouvernances vont chuter.

L'imam Mahjoub Mahjoubi a rrêté à Bagnols-sur-Cèze ce jeudi 22 février et expulsé quelques heures plus tard vers la Tunisie a décidé de "se battre" contre cette procédure d'expulsion.