Adobe Stock
Depuis plusieurs mois déjà, le gouvernement sollicite fortement les retraités. Tous ces efforts sont supposés profiter aux salariés et aux entreprises…
Sommaire

Sacrifices financiers des retraités : est-ce que cela en valait vraiment la peine ?

Hausse de la CSG, gel partiel des pensions de retraités… Sous la présidence d’Emmanuel Macron, les retraités sont régulièrement mis à contribution. Ils sont d’ailleurs nombreux à avoir fait savoir leur mécontentement. "L’effort demandé aux retraités n’est pas négligeable. Le gouvernement mène un rééquilibrage des solidarités intergénérationnelles intrinsèquement défavorables aux retraités", explique Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de L'Épargne. "Forcément, l’impression d’être la vache à lait du gouvernement est compréhensible, mais il faut savoir raison garder", poursuit-il.

En pratique les efforts fournis par les retraités ont profité aux salariés : en janvier 2018, ils ont bénéficié d’une augmentation de leur salaire net, conséquence de la hausse de la CSG, rappelle Challenges. D’une façon générale, les revenus des cadres ont progressé de 2,5% en moyenne cette année. Les autres travailleurs ont connu une hausse de 2,2% en moyenne. Est-ce à dire que cela en valait la peine ? Pas forcément.

"Il est encore trop tôt pour dire si l’effort fourni par 16 millions de retraités aboutira sur un résultat probant. Le ralentissement de la croissance économique actuel ne constitue pas non plus une gageure d’échec. Avant 3 ans il est donc difficile si cet effort demandé au retraité en valait la peine", juge Philippe Crevel.

Sacrifices financiers des retraités : pour quoi faire, au juste ?

Les multiples efforts demandés aux retraités doivent, en théorie au moins, permettre la réalisation de plusieurs objectifs. A plusieurs reprises, le gouvernement a indiqué vouloir donner la priorité au travail et aux entreprises. "Nous voulons que les Français puissent revenir vers le travail, que le travail paie et qu’il paie de mieux en mieux. C’est le sens de notre action" a indiqué Edouard Philippe, dans une interview au Journal du Dimanche dont La Croix se fait l’écho. Il a également dit faire le choix d’une politique qui privilégie "la rémunération de l’activité et qui rompt avec l’augmentation indifférenciée des allocations".

Outre les salariés, le gel partiel des pensions de retraites et la hausse de la CSG participent donc à financer tout ou partie la baisse de l’impôt sur les sociétés ou des charges sociales, rappelle Philippe Crevel.

"Autre ambition du gouvernement : combler les déficits. Cela doit permettre d’assurer la pérennité de notre système social (assurance maladie, sécurité sociale, etc). Or ce système social rémunère également les retraités. Il ne s’agit donc pas de bêtes transferts d’une poche à une autre", souligne l’économiste, non sans rappeler que "un actif en bonne santé financière est une bonne nouvelle pour les retraités : cela veut dire qu’il pourra financer leurs pensions de retraite".

Sacrifices financiers des retraités : jusque quand vont-ils durer ?

Les efforts demandés par le gouvernement aux retraités sont rendus possible par leur niveau de vie, statistiquement un peu plus élevé que celui du reste de la population française, comme le rappellent les derniers chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).

Cependant, d’après le rapport annuel 2017 du Conseil d’orientation des retraites (COR), cela ne devrait pas durer. En effet, l’organisme anticipe une baisse du niveau de vie des plus âgés, comme le rapporte Europe 1. "A partir de 2030 le niveau de vie des retraités devrait passer sous celui des travailleurs. Le chemin de croix pourrait donc encore durer", souligne le directeur du Cercle de L'Épargne.

"A moins long terme, il est probable que le gouvernement flatte davantage les retraités à partir de 2019-2020. Il s’agit de deux années charnières électoralement, puisqu’à partir de là, il y aura des élections tous les ans. Compte tenu de la propension du retraité à voter, il y a fort à parier qu’il sera cajolé", poursuit l’économiste. D’après lui, c’est aux entreprises et aux actifs que l’on demandera alors un effort…