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D'ici quelques mois, le prélèvement à la source entrera en vigueur… Et chamboulera votre quotidien, au moins professionnel. Découvrez comment.
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Prélèvement à la source, année blanche fiscale : quels changements faut-il anticiper ?

L’heure tourne. Dans quelque mois seulement, le prélèvement à la source sera une réalité pour l’ensemble des Français qui payent l’impôt. Et pour éviter que le contribuable ne soit imposé deux fois, l’Etat a décidé de faire de l’année 2018 une année blanche, comme le rappelle BFMTV. Toutefois, cette situation qui peut paraître simple en apparence regorge d’exceptions potentielles.

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"D’une façon générale la logique de la retenue à la source, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2019, consiste à supprimer le décalage entre la perception des revenus et le paiement de l’impôt sur ces mêmes revenus. C’est de ce principe que découlent toutes les mesures de la réforme", explique Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. "Fondamentalement, il s’agit de mieux suivre l’activité du contribuable et éviter de défavoriser les gens qui, d’une année sur l’autre, connaissent de fortes disparités de revenus. De son côté l’Etat espère aussi en tirer plusieurs avantages : l’automatisation de la perception de l’impôt, une meilleure efficacité dans la collecte…"

En pratique toutefois, la combinaison du prélèvement à la source et de l’année blanche fiscale pourrait changer au quotidien votre vie professionnelle, indique l’économiste. Et ce, dans plusieurs situations.

Prélèvement à la source, année blanche fiscale : que se passe-t-il si vous quittez votre travail ou partez à la retraite ?

"Partir à la retraite en 2018 est assez avantageux, compte-tenu du prélèvement à la source et de l’année blanche fiscale", commence Philippe Crevel. "En 2019, les retraités paieront l’impôt sur leur pension pour l’année 2019 mais, en 2018, ils n’auront pas d’impôt à régler. Or, la dernière année d’activité est généralement synonyme de majorations, d’augmentations ou de primes."Pas de fausse joie, toutefois ! Toutes les primes que vous pourriez toucher ne seront pas forcément exonérées. "S’il y a un avantage clair à partir à la retraite en 2018, cela ne signifie pas que le fisc vous fera un cadeau sur les primes de dernières années", insiste l’économiste.

Comme le rappelle BFMTV, pensez à actualiser votre taux de prélèvement à la source sur le site impots.gouv.fr. Sans quoi, celui-ci sera calculer par rapport à vos revenus de 2017, quand vous étiez encore salarié.

En cas de démission ou de départ au chômage, l’année blanche fiscale pourrait également vous avantager, juge le directeur du Cercle de l’Epargne. "Techniquement, les revenus de 2018 n’étant pas imposés, c’est toujours un avantage. D’autant plus qu’en 2019, les revenus des contribuables seront imposés en temps réel et le fisc tiendra donc compte de la baisse potentiel de ressources à la suite d’un chômage prolongé, par exemple. Là encore, la situation est plus favorable qu’elle ne l’est actuellement." D’autant plus que certaines indemnités (congés, préavis, primes de précarité) entrent dans le champ du prélèvement à la source. Ce n’est pas le cas, en revanche, des indemnités de licenciements ou celles négociées dans le cadre d’une rupture conventionnelle le sont. C’est également le cas pour les indemnités de départ d’un patron de SARL ou de SA.

Prélèvement à la source, année blanche fiscale : quel impact sur les salariés et les retraités déjà installés ?

Les salariés, les fonctionnaires et les retraités ne paieront pas d’impôts sur leur salaire, traitement ou pension en 2018, rappelle BFMTV. Ils devront tout de même remplir une déclaration d’impôts pour l’année 2018 en 2019, mais grâce au crédit d’impôt de modernisation du recouvrement (CIMR), ils profiteront pleinement de l’année blanche.

Passée l’année blanche, ils devront de nouveau payer l’impôt, comme tout le reste des contribuables. "Pour les salariés et les retraités, l’impôt sera acquitté soit par l’entreprise, soit par la caisse de retraite, au taux choisi préalablement", indique Philippe Crevel. "Il y a trois types de taux : D’abord, le taux individualisé, disponible uniquement pour les couples mariés ou pacsés remplissant une déclaration de revenus commune, qui permet une répartition équitable de l’impôt entre les conjoints. Ensuite, le taux personnalisé, qui est calculé sur la base de la dernière déclaration de revenus et qui est appliqué de la même façon pour les deux conjoints. C’est le taux par défaut. Enfin, il existe aussi le taux neutre, qui permet notamment de cacher l’étendue de vos revenus à votre employeur. Il implique toute fois de régler la différence au fisc, lors de la correction qui aura lieu en septembre, après la déclaration d’impôt en juin", poursuit-il.

Comme le souligne BFMTV, vcous avez jusqu’à 15 septembre 2018 pour choisir les modalités d’applications de la retenue à la source. Par défaut, c’est le taux personnalisé qui vous sera appliqué.

Prélèvement à la source, année blanche fiscale : que se passe-t-il si vous touchez une prime ?

"L’exonération des revenus exceptionnels se fera en très grande partie à l’appréciation du service des impôts. Il y a un gros flou sur la question, c’est indéniable", juge Philippe Crevel. "Sur ce sujet, la littérature est très dense mais aussi très complexe. D’une façon générale, il faut garder à l’esprit que le crédit d’impôt accordé par l’année blanche fiscale est calculé selon le revenu régulier. En théorie, tout ce qui sort de ce cadre est susceptible d’être exonéré", avertit l’économiste. Cette mesure vise, explique-t-il, à prévenir les abus.

"En pratique, l’appréciation du service des impôts variera nécessairement selon le type de prime. Une petite prime, assez régulière, ne devrait pas faire l’objet de taxe. Une prime exceptionnelle équivalent à un mois de salaire ou plus… Le fisc s’y intéressera certainement", indique le directeur du Cercle de l’Epargne.

Les métiers dont le salaire comprend une part variable fixée sur la performance (commerciaux, consultant), ne verront pas leur primes imposées non plus, assure BFMTV.

Prélèvement à la source, année blanche fiscale : pourrez-vous encore bénéficier d’un crédit d’impôt ?

Il sera toujours possible de bénéficier d’un crédit d’impôt, cependant l’administration ne change pas son calendrier, rapporte BFMTV. "Concrètement, si vous avez droit à un crédit d’impôt en 2018, vous devrez le signaler dans votre déclaration d’impôt en 2019. Il vous sera alors restitué à l’été", précise Philippe Crevel

Vous ne pourrez plus moduler à la baisse vos mensualités à la baisse pour tenir compte du crédit d’impôt souligne BFMTV : le taux du prélèvement à la source est fixe et ne prends pas en compte les crédits d’impôts.

"La situation varie pour les ménages employant des aides à la personne. A ces individus, le fisc versera un acompte de 30% à partir du 1er janvier 2019. Le reste viendra en théorie en août", rappelle l’économiste. . Selon lui, on peut parler d’une "avance faite à l’Etat de janvier à septembre, environ".