Qui êtes-vous, Jean-Marc Ayrault ?AFP
Sans surprise, François Hollande a nommé Jean-Marc Ayrault Premier ministre de son gouvernement. Peu connu du grand public, ce fidèle du nouveau président occupe pourtant depuis longtemps une place importante parmi les socialistes. Portrait.
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Origines familiales et scolarité

Jean-Marc Ayrault est né le 25 janvier 1950 à Maulévrier (Maine-et-Loire). Il est le fils de Joseph Ayrault (né en 1921), ouvrier agricole, puis dans une usine textile, avant de devenir cadre dans cette même usine. Sa mère, Georgette Uzenot (née en 1928), fut couturière puis femme au foyer.

Jean-Marc Ayrault entame sa scolarité à l'école primaire catholique Saint-Joseph de Maulévrier et poursuit, de 1961 à 1968, au lycée public Colbert de Cholet.

Il passe son bac en 68 et s'inscrit à la nouvelle université de Nantes, pionnière du mouvement étudiant en mai 68, où son engagement politique va se prononcer.

Il fait ensuite des études supérieures d'allemand à la faculté des lettres de Nantes.

Il est licencié en allemand en 1971, puis passe le CAPES en 1972. Il fait son année de stage au collège de la Trocardière (Salvador-Allende) à Rezé et est nommé professeur à Saint-Herblain au collège de l'Angevinière en 1973.

1971 : Premiers pas en politique

Durant son adolescence dans les années 60, Jean- Marc Ayrault adhère au MRJC, Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne.

En 1971, il rejoint ainsi simultanément le PS de François Mitterrand et le courant de la gauche unitaire, conduit par Jean Poperen.

Sa rencontre avec Poperen, agrégé d'histoire, ancien dirigeant de la jeunesse communiste puis co-fondateur du PSU, est essentielle dans sa formation (jusqu'à le faire devenir n°2 du courant en 1987).

Rn mars 1976, Ayrault livre son premier combat électoral et est élu, à 26 ans, conseiller général de Saint-Herblain.

Il devient ensuite membre du comité directeur du PS en 1977 et du bureau national en 1981. Jean-Marc Ayrault va ensuite se hisser au fil des ans aux tous premiers rangs des leaders nationaux du parti.

1977: le plus jeune maire de France

En 1977 et dans la foulée de son accession au Conseil Général de Loire-Atlantique, Jean-Marc Ayrault est élu maire de Saint-Herblain, ville limitrophe de Nantes détenue jusqu’alors par le RPR. Avec 56% des voix, il devient à 27 ans le plus jeune maire de France d'une commune de plus de 30 000 habitants.

Dans cette ville de 40 000 habitants à l'ouest de l'agglomération nantaise, il forge son expérience en favorisant "le retour d'un urbanisme à visage humain". Son action fera de lui "un partisan discret mais déterminé de la décentralisation".

Tout en exerçant ses responsabilités de maire et de conseiller général, Jean-Marc Ayrault poursuit sa carrière de professeur d’allemand, jusqu’à son élection à l’Assemblée nationale, en mars 1986, alors que la droite emporte les législatives au niveau national. Après la victoire de François Mitterrand en 1988, il est réélu député dès le premier tour.

1987 : l'incendie de Nantes

En 1987, l'incendie d'un important dépôt d'engrais du port de Nantes dégage un nuage toxique qui menace bientôt tout l'ouest de l'agglomération nantaise : plusieurs dizaines de milliers de personnes sont alors déplacées dans l'urgence. Sur le terrain et à l'Assemblée Jean-Marc Eyrault intervient pour fustiger "les lobbies industriels" qu'il tient pour responsables de la catastrophe…

Les Nantais le découvrent véritablement à cette occasion.

1989 : La conquête de Nantes

Lorsque se profilent les élections municipales de mars 1989, c'est vers le maire de Saint-Herblain et le député de Nantes Ouest que les militants socialistes nantais se tournent. Le 30 septembre 1988, des élus de l'agglomération lui lancent un appel, suivis par des dirigeants nationaux.

Au terme d’une campagne marquée par les visites de François Mitterrand à Saint-Herblain en février 1989 et du Premier ministre Michel Rocard, la liste "Passion Nantes" de Jean-Marc Ayrault est élue au premier tour. A 39 ans, Ayrault devient maire de la septième ville de France (aujourd'hui sixième).

Il sera réélu trois fois d'affilée pour diriger la ville, en 1995, 2001 puis 2008. Ce qui lui confère un "règne" sans interruption sur Nantes depuis 23 ans.

1997 : président des socialistes à l'Assemblée

En juin 1997, Jean-Marc Ayrault est réélu dans sa circonscription suite à la dissolution manquée de l’Assemblée nationale par le président Chirac. Lionel Jospin, devenu Premier ministre, et François Hollande, Premier secrétaire du Parti socialiste, se tournent vers lui pour présider le groupe des députés socialistes, alors majoritaires, à l'Assemblée nationale.

Depuis 2002 dans l’opposition parlementaire, le Groupe socialiste (204 députés actuellement), toujours dirigé par Jean-Marc Ayrault, s'est attaché à défendre de nombreux projets :Création des emplois jeunes, de la Couverture Médicale Universelle (CMU), de la prime pour l'emploi, de la chaîne parlementaire, du défenseur des enfants, du chèque vacances ou de la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale

A la tête de l’opposition parlementaire, face à Nicolas Sarkozy, les députés socialistes ont notamment combattu la libéralisation du travail du dimanche, le bouclier fiscal, le retour du commandement intégré de l'OTAN, la reprise en main de l'audiovisuel public par le chef de l’Etat, le démantèlement de l'hôpital public, la réforme des retraites, etc

Condamnation pour favoritisme

En octobre 1997, Jean-Marc Ayrault écope de six mois de prison avec sursis et 30.000 francs (4.600 euros) d'amende pour favoritisme dans l'attribution d'un marché public. En sa qualité de maire (de Nantes), il avait été reconnu coupable d'avoir, via une association 1901 aujourd'hui dissoute, accordé sans mise en concurrence ni appel d'offres les marchés d'impression du journal municipal nantais.

Ressortie par ses opposants, cette condamnation  a cependant été "anéantie par une réhabilitation intervenue en 2007" et "l'invoquer" revient à se mettre "en infraction avec la loi pénale", a récemment précisé à l'AFP Me Jean-Pierre Mignard, avocat du député-maire de Nantes. Selon lui "Il apparaît que la condamnation de M. Ayrault en 1997 est nulle et anéantie par la réhabilitation intervenue en 2007".

Jean-Marc Ayrault a quant à lui déclaré à l'AFP, quelques jours avant de prendre ses fonctions de premier ministre : "Ma probité personnelle n'a jamais été mise en cause. Il n'a jamais été question d'enrichissement personnel ou de financement politique". "Honnête homme je suis, honnête homme je resterai", a-t-il ajouté, soulignant que c'était "une affaire qui ne (le) concernait pas intuitu personae mais qu('il) avait assumée en tant que maire".

Vie privée

Jean-Marc ayrault est marié depuis septembre 1971 à Brigitte Terrien. Originaire de Maulévier, cette ancienne étudiante en Lettres modernes devient professeur de français en 1974. Puis conseillère générale.

Détail des mandats et fonctions

  • 14 mars 1977 - 12 mars 1989 : maire de Saint-Herblain (Loire-Atlantique)
  • 1976-1982 : conseiller général de Loire-Atlantique
  • 2 avril 1986 - 14 mai 1988 : député de Loire-Atlantique
  • 1997-2007 : président du groupe Socialiste à l'Assemblée nationale française
  • Depuis le 5 juin 1988 : député de la 3e circonscription de Loire-Atlantique
  • Depuis le 18 mars 1989 : maire de Nantes (Loire-Atlantique)
  • Depuis 2002 : président de Nantes Métropole
  • Depuis 2007 : président du groupe Socialiste, radical, citoyen et divers gauche à l'Assemblée nationale française

En 2009, selon un classement publié par le quotidien Le Monde, il est le deuxième homme politique français par le cumul des mandats (sa présidence du groupe des députés PS n'étant pas prise en compte dans le classement). Il a déclaré "assumer pleinement" tout en précisant que "la limitation du cumul va dans le sens de l'histoire"

Il occupe des postes honorifiques : en 1992, il est président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains ; de 1995 à 1997, il préside l'Association des maires de grandes villes de France.