Lagardère : retour sur la difficile transmission d'un empireabacapress
Mis en examen le 29 avril, notamment pour des soupçons d'abus de biens sociaux, Arnaud Lagardère a été démis de ses fonctions par son groupe le lendemain. Un peu plus de 20 ans auparavant, il avait près les rênes, non sans mal, d'un géant de l'industrie et des médias fondé par son père Jean-Luc. Récit d'un héritage compliqué.
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Les ennuis viennent à Lagardère. Lundi 29 avril, Arnaud Lagardère a été mis en examen par une juge d’instruction à Paris.  L’homme d’affaires est “soupçonné d’avoir puisé dans les comptes de ses sociétés pour financer son train de vie et ses dépenses personnelles pendant plusieurs années”, rapporte l’AFP. Il est notamment dans le collimateur de la justice pour soupçons de “diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir, et non-dépôt de comptes”, signale l’agence de presse qui précise, que selon ses sources judiciaires, il a été “placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de gérer et l’obligation de fournir un cautionnement de 200 000 euros.”

Au lendemain de cette annonce, le groupe Lagardère, racheté par Bolloré en 2023, a annoncé qu’il quittait ses fonctions à la tête de l’entreprise. 

Héritier d’un empire

L’accession du fils de Jean-Luc Lagardère à la tête du groupe qui porte son nom ne s’était pas faite dans la douceur. Le fondateur du conglomérat avait fait grossir Matra, une entreprise de l’armement acquise en 1962. A sa mort en 2003, il laisse derrière lui un mastodonte pesant plus de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, composé notamment de parts dans le groupe aéronautique EADS, mais également de participations dans les médias, la téléphonie, l’édition, les transports, l’automobile…  La branche média compte à son apogée plus de 200 titres dont Paris-Match, Elle, Le Journal du Dimanche… Lorsqu’il disparaît à l’âge de 75 ans, Jean-Luc Lagardère laisse une place difficile à combler pour son fils décrit, notamment dans Le Monde, comme “moins passionné que son père par l’industrie”. 

Des preuves à faire

Le diplômé de Dauphine, cornaqué dans les années 1980 par le directeur financier du groupe, Philippe Camus, avait pris les commandes du pôle communication avant de succéder à son père. “Regardé parfois avec circonspection par les grands barons du groupe, il va s'atteler à gagner leur confiance”, assurent de leur côté les Echos dans un article de 2003

Au cours de la décennie suivante, sa vie privée fait grand bruit lorsqu’il officialise sa relation avec la mannequin belge Jade Foret, avec qui il aura 3 enfants. La sœur de cette dernière a elle-même eu un enfant avec Alexandre Lagardère, fils d’Arnaud et de sa première épouse.

Quant au groupe, il a peu à peu été démantelé, nourrissant les commentaires sur sa gestion. En 2023, Vivendi, détenu par Vincent Bolloré a racheté ce qu’il en restait, en particulier dans l’édition. Hasard du calendrier, à la veille de l’annonce de cette mise en examen, Libération lui consacrait un portrait