Retraite : moins d'un Français sur deux veut la prendre avant 60 ans révèle un sondage
Le Baromètre annuel "Les retraités et la retraite" rendu par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) le 31 juillet 2025 pour 2024 révèle-t-il un changement de mentalité chez les Français ? Y figure un sondage au résultat étonnant : aujourd'hui, seuls 46 % de nos compatriotes actifs souhaitent partir à la retraite à 60 ans "au plus tard". C'est la première fois que ce chiffre passe sous la barre des 50 %. En 2000 il étaient encore... 94 % (le départ légal à taux complet était fixé à 62 ans depuis 1999). Comment expliquer cette baisse radicale ?
Ceux qui veulent partir à 60 ans sont lucides, les autres fatalistes
Parmi les 46 % d'actifs qui voudraient aujourd'hui pouvoir partir à la retraite à 60 ans au plus tard (dans le détail 36 % aimeraient même partir avant, dont 2 % avant 55 ans), ils sont seulement 5 % à estimer que ça sera effectivement possible. Et donc à rester lucides sur la situation. Quant aux autres actifs, qui représentent pour la première fois la majorité à 54 % (+5 points par rapport à 2023 et +14 points par rapport à 2021), ils sont en réalité fatalistes. S'ils ne se voient pas prendre leur retraite avant 60 ans, ce n'est sans doute pas tant qu'ils ont envie de travailler plus longtemps, mais parce que la réforme des retraites de 2023 et le relèvement de l'AOD (âge d'ouverture des droits) à 64 ans change la donne financièrement parlant.
Un écart conséquent entre l'âge de départ idéal et celui estimé
Le rapport de la Drees dévoile qu'il y a un réel écart entre l'âge idéal de départ à la retraite souhaité par les 4 000 personnes sondées, et celui estimé comme probable : le premier est de 61 ans et 5 mois, le second de... 65 ans et 2 mois. Quant à ceux qui désirent réellement prendre leur retraite à 65 ans et plus, ils représentent 15 % de ce panel, soit 600 personnes. Ce chiffre n'a fait qu'augmenter depuis 2010 et une première réforme. En 2000, première année de ce Baromètre, ils n'étaient que 6 % à imaginer poursuivre une activité professionnelle passé 65 ans. Pour l'ensemble des répondants, l'âge moyen auquel "il n'est plus acceptable de faire travailler les gens s'élève à 63 ans et 7 mois."
Un niveau de vie estimé moins bon que celui des actifs
Fort logiquement, même si au moment du sondage fin 2024, la France n'était alors pas encore en aussi mauvaise posture, c'est déjà leur futur pouvoir d'achat qui inquiétait les actifs : "54 % des non-retraités déclarent penser que leur niveau de vie à la retraite sera moins bon que celui de l’ensemble de la population : 38 % considèrent qu’il sera 'plutôt moins bon' et 16 % 'bien moins bon'" relève la Drees. Qui remarque concernant ce dernier point un paradoxe : ils étaient 32 % à broyer du noir en pensant à l'avenir en 2015 alors que la conjoncture était bien meilleure, un chiffre en baisse de 16 points en 2024 (16 %) ! Autre statistique paradoxale : les Français sont 14 % à estimer que leur niveau de vie à la retraite sera meilleur que celui des actifs, un chiffre record.
Les plus modestes sont les plus pessimistes
Quand on leur pose la question de savoir s'ils pensent que leur situation sera meilleure à la retraite que leur situation actuelle, ils sont 46 % à estimer qu'elle sera au contraire moins bonne (alors que les retraités actuels ont un meilleur niveau de vie que les actifs, raison pour laquelle l'Etat veut les taxer en 2026...). Un chiffre qui monte à 53 % parmi les 20 % faisant partie des plus modestes.