©Getty Images
Le "bio industriel" est estampillé par un logo européen que les puristes jugent trop laxiste. Heureusement, il existe des labels plus exigeants.  
Sommaire

Le "bio" est un marché juteux. Selon les chiffres de l’Agence bio, près de 9 Français sur 10 en ont consommé en 2014. Si les surfaces agricoles bio représentent moins de 5% du terroir français, ce marché représente désormais 5,5 milliards d’euros. Il progresse au bas mot de 10%/an.

Label européen, logo AB, Nature et Progrès, Bio Cohérence, Demeter et Biodyn, Bio Equitable, bio-solidaire…. : le maquis vert fourmille de labels. Sont-ils fiables ? Beaucoup de consommateurs l’ignorent, mais il faut d’abord savoir que l’agriculture bio utilise aussi des "solutions phytosanitaires". Parmi les produits utilisés, on trouve notamment, les pyréthrines, la Deltaméthrine, le Bacillus thuringiensis, le virus de la granulose du carpocapse, le soufre et le cuivre, très présent dans le vin bio d’après une étude publiée par les magazines Wikiagri et Agriculture & environnement.

Une uniformisation non garantie

En Europe, depuis le 1er juillet 2010, tous les produits issus de l’agriculture biologique portent un logo européen. Il s’agit d’une feuille étoilée sur fond vert. Cette uniformisation n’est toutefois pas une garantie de qualité puisque tous les pays de l'Union Européenne dont l'Espagne ou l'Italie, n'appliquent pas les mêmes critères de contrôles. Des voyous en profitent. En 2011, la police financière de Vérone a saisi 2500 tonnes de faux produits bio et démantelé une filière qui les écoulaient dans toute l’Europe. Ces denrées étaient achetées en Roumanie ou en Italie puis revendu 4 fois plus cher avec un label bio. L’Espagne qui a inventé le "bio industriel" a aussi été épinglée à plusieurs reprises.

Rien d’étonnant à cela : en France, les producteurs bio sont inspectés en moyenne 1,6 fois par an, et 33% des visites sont inopinées. En Espagne, cette moyenne est d'une visite tous les 12 mois et le taux de contrôles surprises tombe à 17%. Certains pays font pire. Par exemple, la Roumanie où seulement 5% des "opérateurs" sont contrôlés une fois par an, les visites impromptues ne représentant que 5% des cas.

Fraudes potentielles

Aujourd'hui les fraudes potentielles sont si importantes que de nombreux importateurs ont dû créer leurs propres filières de contrôle pour s’assurer de la qualité de la marchandise. Le nouveau label européen offre des garanties de sécurité aux consommateurs, mais avec de sérieux bémols : aberration pour les tenants du bio, il permet par exemple à une exploitation de produire du bio et du non bio. L’alimentation du bétail n’est pas forcément produite sur l’exploitation, ce qui rompt le "lien au sol". Enfin, le recours aux traitements vétérinaires et aux médicaments est autorisé quand il s’agit de soigner les animaux : les poules pondeuses peuvent recevoir jusqu’à 3 traitements antibiotiques par an.

Le logo européen ne se substitue au logo national AB qui selon baromètre Agence Bio/CSA 2015 est connu par 98% des Français. Le problème est qu’il a été en partie vidé de sa substance. Créé en 1985, ce logo a longtemps été synonyme d’un niveau d’exigence plus élevé que le label européen. Toutefois, depuis que le nouveau règlement communautaire interdit aux gouvernements d’imposer des exigences plus fortes, son cahier des charges a été remplacé par celui de Bruxelles.

Du coup, les amateurs de produits naturels affirment que cette appellation n’est plus assez restrictive et dénonce l’invasion du "bio industriel" qui peut contenir jusqu'à 4,99 % d'ingrédients non biologiques et qui tolère la présence "accidentelle" d'OGM à hauteur de 0,9%.

Pour défendre la qualité de leurs produits, les filières bio les plus exigeantes ont mis en place des labels privés (Nature et Progrès, Equitable Ecocert, Bio Cohérence, Demeter/Biodyn, etc.) imposant un cahier des charges plus strict à leurs producteurs. C’est vers ces labels que les consommateurs ont intérêt à se tourner pour éviter de se faire avoir.