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Les trésors du Shanxi

Les trésors du Shanxi© Elisabeth Schneiter

Cette province est l'un des berceaux de la culture chinoise où l'on peut encore voir des monuments très anciens, d'autant plus émouvants qu'ils sont peu visités. Le Shanxi, en effet, ne figure pas sur les routes habituelles du tourisme. L'accueil y est d'autant plus spontané. Il suffit de dire "Ni hao !" (Bonjour, comment allez-vous) pour recevoir une réponse souriante, ce qui est beaucoup plus rare dans les villes très fréquentées par les étrangers comme Pékin, par exemple.

Proche du désert de Gobi, la province du Shanxi est un haut plateau traversé par le vent, à mille mètres d'altitude environ. Collines chauves à perte de vue, canyons secs et profonds, la poussière est partout. Le paysage est usé par une agriculture qui, après avoir consommé les forêts, a façonné les collines en terrasses, aujourd'hui arides.

De grands efforts sont en cours pour reboiser et réhabiliter l'environnement. On voit partout, le long de la route, des plantations gigantesques de jeunes arbres maigres alignés au cordeau, qui tentent de survivre en attendant la pluie. Les villages, dont les maisons de boue séchée sont regroupées en quartiers rectangulaires, ressemblent aux Hutongs, les anciens quartiers populaires de Pékin.

Le Shanxi, qui possède un tiers des réserves de fer et de charbon de la Chine, est une province riche. C'est aussi un gigantesque musée à ciel ouvert. Autour de Datong, deuxième grande ville de cette province, la concentration de sites est spectaculaire. Cette ville, point de départ parfait pour visiter les monuments alentour, est elle-même très intéressante et justifie qu'on y passe au moins la nuit. On peut, en revanche, éviter Taiyuan, la capitale, qui est l'une des villes les plus polluées au monde.

Miracles autour de Datong

Miracles autour de Datong© Elisabeth Schneiter

A Datong même, il faut voir au moins deux monastères. Celui de Huayan, juste à l'intérieur de la muraille et caché aux regards par un écran de magasins, et celui de Shanhua avec ses cinq grands Bouddhas de bois et leurs vingt-quatre gardiens. Le Mur des Neuf dragons, en céramiques vernissées, est orphelin du temple qu'il défendait et qui a brûlé au quinzième siècle. Seul dans un enclos, non loin de la rue principale, il garde néanmoins toute sa splendeur.

Les autres merveilles sont toutes proches. La très haute pagode de bois millénaire de Jingxian, au cœur d'une petite ville vivante et sympathique, est un ouvrage incroyable qui tient uniquement grâce à des tenons et des mortaises de bois ! A moins d'une heure de car, on reste le souffle coupé par la délicate fragilité du monastère suspendu Heng Shan, accroché à flanc de falaise sur de longs pilotis de bois. Il recèle en son sein un délire de statues dans des sanctuaires étroits et des vues vertigineuses sur la vallée à deux cents mètres en dessous.

Le plus extraordinaire est peut-être la découverte des grottes de Yungang. Scènes de la vie du Bouddha, bouddhas sculptés dont l'un immense (dans la troisième grotte) fait plus de vingt mètres de haut, bodhisattvas, gardiens et apsaras (sorte d'anges). Mais également des animaux, des oiseaux en plein vol, des plantes, des poissons, des acrobates et des musiciens, sont peints ou sculptés sur les parois d'une cinquantaine de grottes plus ou moins bien conservées. Certaines sont précédées d'un élégant pavillon en bois au toit de tuiles vertes vernissées ajouté au dix-septième siècle.

Elles ont été fondées au milieu du Ve siècle par Wencheng, un roi bouddhiste des Wei. Il laisse son empreinte dans les cinq plus anciennes où l'on rencontre, entre autres, les bouddhas du passé, du présent et de l'avenir sous les traits des cinq premiers empereurs Wei.

Nostalgie à Pingyao

Nostalgie à Pingyao© Elisabeth Schneiter

Sertie dans ses murailles, traversée par des rues aux maisons basses, Pingyao garde l'aspect d'une ville Han traditionnelle. Miraculeusement préservée des exactions maoïstes et encore épargnée par le tourisme de masse, la ville est un endroit allègre et vivant. Fondée au quatorzième siècle, elle garde les belles maisons bourgeoises des banquiers qui en firent la richesse du dix-neuvième siècle au début du vingtième.

On ne se lasse pas d'arpenter la ville d'un bout à l'autre, d'un temple à l'autre, et de visiter les maisons des "traders" de l'époque, encore parées de leurs meubles et objets d'art. Dédales de cours intérieures, pavillons et passages étroits, elles racontent l'histoire des familles qui y vécurent. Dans la maison Ri Sheng Shang, l'esprit du maître des lieux est d'autant plus présent qu'elle est habitée par des figures fantomatiques de cire vêtues de soie.

On se pose très vite dans cette ville tranquille. Plusieurs hôtels se sont installés dans des maisons anciennes restaurées. Certains très simples, d'autres vraiment luxueux. Le plus beau, tout près de la Tour de la Cloche, a restauré une maison de deux cents ans, admirablement décorée. C'est le Yun Jin Cheng Folk Hotel qui appartient au Pingyao International Banker's Club. Les prix affichés sont chers, mais tout se négocie en Chine !

Beaucoup moins cher, presque aussi agréable, et bien meublé, Tian Yuan Kui Guesthouse, un peu plus loin dans la même rue, possède en plus une grande cour où s'installer l'été à la fraîche. Les chambres sont petites, mais tranquilles et très propres.

A quelques kilomètres de la ville se trouve le musée Qixian, immense maison où cohabitaient plusieurs générations. Construite sous les Ming et les Qing, elle a servi de décor à plusieurs films dont le célèbre "Epouses et concubines".

Ferveur au Wutaishan

Ferveur au Wutaishan© Elisabeth Schneiter

Le car monte lentement sur la route cahotante, se frayant parfois un chemin entre deux gros camions chargés de charbon, en route vers la Mongolie proche. Puis, la terre plate et grise se plie et se creuse. Le paysage se fait soudain collines et montagne. C'est le Wutaishan dont les cinq sommets arrondis semblent presque plats. D'où son nom : la "Montagne des cinq terrasses". C'est l'une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme en Chine.

On rencontre partout des moines tondus, vêtus de tuniques orange ou brunes. Et les pèlerins, nombreux, assistent aux cérémonies chantées, brûlent de l'encens dans le grand "brûle-parfum" de bronze avant de venir s'agenouiller devant les statues du sanctuaire.

Tout commence vers l'an 60, lorsqu'un moine indien, qui passait par là, a une vision de Manjusri Bouddha, aussi connu sous le nom de Wenchu Bouddha, dieu de la sagesse qui chevauche un lion, un manuscrit dans une main, une épée dans l'autre. La montagne lui est aujourd'hui consacrée. Difficile d'accès, elle a été quelque peu épargnée par la révolution culturelle. Plus de quarante temples y sont encore en activité, la plupart dans le village de Taihuai, au cœur de la montagne.

Cascade de toits luisants aux angles retroussés, les temples vus de haut semblent une mer au creux de la vallée. Certains sont situés sur une hauteur comme l'un des plus beaux, le temple de Longquan Si et son escalier de cent huit marches. On y entre par un extraordinaire portique de marbre sculpté. Dans un autre temple,Tayuan Si, un dagoba blanc (sorte de stûpa ou pagode) monte sa flamme vers le ciel. On perçoit ici une quiétude particulière, rare aujourd'hui, dans quelque pays que ce soit. Et on se prend à penser, comme certains l'affirment, que le Wutaishan est réellement habité par le Bouddha du futur.

Dernière vision réjouissante, à la sortie du dernier temple, un gras boddhistava rieur. Une immense sculpture de marbre blanc qui semble monter une garde ironique contre tous les soucis du monde.

L'armée endormie de Xian

L'armée endormie de Xian© Elisabeth Schneiter

De toute éternité, ils sont prêts. Armée d'ombres aux mains vides, en ordre de bataille, des milliers d'hommes immobiles, debout, le visage serein, ils attendent. Fantassins, cavaliers, archers ou arbalétriers, chacun est sculpté dans la glaise, avec bottes et cuirasse. Leurs armes et leurs boucliers de bronze ont disparu, emportés par des voleurs. Mais ils continuent de monter la garde, le regard perdu dans un autre monde, ignorant les allées et venues des touristes indiscrets.

Ce sont les guerriers de Qin Shihuangdi, le premier empereur de Chine. Roi des Qin (Tchinn), entre 230 et 221 avant Jésus Chris t, il anéantit successivement les autres royaumes Han, Zhao, Wei, Chu, Yan et Qi, pour créer un pouvoir centralisé. C'est lui qui commence la grande Muraille. Il unifie aussi l'écriture, les essieux de chars, la monnaie, les poids et les mesures. Et, déjà, au nom d'une pensée unique aussi, il fait brûler les livres confucéens et extermine tous les confucianistes en les enterrant vivants. Mao Tse Toung s'est souvent, orgueilleusement, comparé à lui.

Ville historique sur la route de la soie, capitale de plusieurs empires, la petite ville de Xian garde d'autres souvenirs issus de ses multiples cultures. Entre autres témoins importants, la Pagode de la Grande oie sauvage. Elle fut construite en 652 pour abriter les textes sacrés sanscrits rapportés par le moine bouddhiste Xuanzang. Egalement à voir, enfouie dans un merveilleux jardin, une mosquée harmonieuse dont l'architecture s'inspire fort de celle des temples.

Mais c'est la découverte, en 1974, de l'armée de terre cuite dans le tombeau gigantesque et magnifique de Qin qui a mis Xian sur le chemin obligé des touristes. Une manne pour cette petite ville.

Chine pratique

Chine pratique© Elisabeth Schneiter

Shanxi et Shaanxi. Deux mots, deux provinces. Le premier se dit Shan-xi, sur le même ton. Mais le second se dit Shaan, en descendant et xi, en montant. Détail important x se prononce comme un s ou un ç. Qin, se prononce Tchinn, c'est pourquoi le nom sanskrit de ce royaume pourrait être à l'origine du nom de la Chine !

Ne pas oublier d'emporter le guide Lonely Planet Chine qui a le plus d'informations sur ces deux régions méconnues.

>>> Y allerOn peut voyager seul en Chine mais il faut avoir le temps. C'est un pays où, pour un premier voyage, il vaut mieux partir avec un bon TO.

Vacances Transat, par exemple, propose, à partir de 1 890 euros HT, un circuit accompagné très complet de quinze nuits en pension complète avec vols confortables sur Lufthansa. Les hôtels sont d'un bon niveau et les guides chinois francophones très sympathiques. Avec Vacances Transat au 0 825 12 12 12.

>>> Quelques hôtelsA Pingyao : ° Le Yun Jin Cheng Folk Hotel (Pingyao International Financiers' Club).° Tian Yuan Kui Guesthouse.

>>> SantéPas de problèmes particuliers ni de vaccins obligatoires. Il vaut toujours mieux emporter une pharmacie complète avec antibiotiques, désinfectants et vos médicaments personnels.

>>> VisasToutes les infos sur Homevisas.com.

>>> Il y a plein de choses à acheter mais il ne faut pas oublier de marchander ! On se débrouille très bien même si on ne parle pas chinois. Emporter de l'argent liquide en dollars ou en euros. On se laisse facilement tenter par les marchés et autres éventaires d'objets d'art ou d'artisanat. Penser à garder de l'argent pour le "cadeau" aux guides à la fin du voyage.