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Que s'est-il passé le soir du 23 avril ? Selon le JDD, si la personnalité de la victime interroge, le comportement des policiers habitués à recevoir dans leurs locaux sème tout autant le doute.
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Nous en savons un petit peu plus sur le viol qui aurait eu lieu dans les locaux de la police judiciaire. Le Journal Du Dimanche a pu se procurer les PV de l’enquête concernant la soirée du 23 avril. Les documents montrent ainsi que la personnalité de la victime sera au coeur des débats. Emily S., 34 ans, est ainsi décrite par l’un de ses proches comme étant "encline à avoir des relations sexuelles facilement avec des inconnus".

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Selon le PV, elle a quitté ce soir-là son hôtel du 5 ème arrondissement direction Le Galway, pub irlandais qu’elle fréquente "depuis une semaine". Le personnel de l’établissement avait remarqué cette jeune femme blonde et plusieurs serveurs se souviennent de sa consommation de bières et whisky en "grande quantité". Le lieu, situé à deux pas du "36", est également connu pour être le "QG des flics" qui terminent leur service. Alors, que s'est-il passé ?

Ce n’est pas la première fois que les policiers de l'antigang font "visiter" leurs bureaux

Selon une employée du pub, Emily S. a ce soir-là embrassé à plusieurs reprises des policiers "sur la bouche". Les verres s’enchainent, puis, vers une heure du matin, elle quitte les lieux avec deux policiers de la BRI pour aller visiter les locaux.  Un gardien déclare avoir aperçu les trois personnes précisant que la jeune femme était manifestement alcoolisée.

Un autre gardien quant à lui livre plus de détails. Son poste, situé au deuxième étage pour le filtrage, fait de lui un témoin privilégié. Il déclare avoir entendu "des cris de jouissance aigus" sans que cela ne l’étonne outre-mesure. Visiblement, ce n’est pas la première fois que les policiers de la BRI ramènent une fille dans leurs bureaux.

Les accusations

Aux alentours de deux heures du matin, elle redescend en pleurs, dévêtue, accompagnée par le capitaine qui l’avait amenée dans les locaux. Elle explique alors aux policiers présents avoir subi un viol collectif. Un des quatre policiers est retourné au pub pour prévenir ses collègues et chercher de l’aide auprès de serveurs anglophones.

La touriste canadienne raconte alors qu’elle s’est vue contrainte de pratiquer une fellation à l’un des quatre hommes avant que deux de ses camarades se joignent à lui pour abuser d’elle. Emily S. évoque enfin une deuxième pièce où elle aurait été conduite pour être violée par un quatrième homme. La victime parle également de la présence d’un appareil photo.

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Les violences décrites pourraient correspondre aux griffures et ecchymoses constatées sur le corps de la jeune femme selon les experts médicaux. Les analyses toxicologiques dévoilent un taux d’alcoolémie de 0,76 mg par litre ainsi que des traces de cannabis et de benzodiazépine (médicaments psychotropes). Les deux policiers qu’elle a reconnus ont depuis été mis en examen.

La version des accusés

Un des quatre hommes incriminés par Emily S. parle d’une "fellation consentie" mais "inachevée". Selon lui, elle se serait énervée pendant l’acte évoquant entre autre son traitement aux opiacés. Les trois autres de leur côté nient toute relation sexuelle avec la jeune femme. La vidéosurveillance confirme que l'homme qui a reconnu la relation sexuelle a quitté les lieux à 1h45, conformément à sa déclaration. Selon un autre policier, la Canadienne a été surprise seins nus et pieds nus dansant près d’un ventilateur juste avant d’accuser les quatre policiers.

La stratégie de la défense se dessine ainsi à travers ces déclarations. Nier en bloc en insistant sur le caractère fragile et instable de la victime. C’est donc dorénavant parole contre parole. Suite à ces accusations, trois policiers ont été suspendus par le ministère de l’Intérieur.