"C'est moi qui l'ai contaminé" : quand le Covid-19 fait naître la culpabilitéIllustrationIstock
Dans les colonnes du Parisien, une femme de 48 ans se tient pour responsable de la mort de son compagnon, emporté par le virus. Un témoignage poignant, qui nous alerte sur la terrible culpabilité ressentie par celles et ceux qui transmettent le virus à leurs proches.
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"Pourquoi ? Comment j'aurais pu changer les choses?", s'interroge une quadragénaire dans les colonnes du Parisien Ces questions la torture depuis un an, quand son compagnon est décédé des suites du Covid-19. Dans un témoignage éprouvant, douloureux, cette habitante du Pas-de-Calais se tient pour responsable de la mort de celui qu'elle aimait. Elle est persuadée de l'avoir contaminé, alors que nous savions encore peu de choses sur ce virus qui s'apprêtait pourtant à bouleverser nos vies. Une terrible histoire de culpabilité, qui est encore une des conséquences inattendues de cette pandémie.

Tout commence lors d'une soirée entre copines, rapporte le quotidien régional. L'ancienne secrétaire a rendez-vous au restaurant avec plusieurs de ses amies, dont certaines auraient été porteuses du Covid-19 sans le savoir. Elles-mêmes avaient été contaminées par des amis à elles, qui avaient alors caché leurs symptômes. C'est dire le caractère imprévisible et destructeur du virus. Déjà à cette époque, il se répandait comme une trainée de poudre. Quelques jours après cette sortie, en apparence anodine, la quadragénaire tombe malade. Difficulté à se lever, fièvre, lourde fatigue... Lorsqu'elle consulte, on lui diagnostique une simple grippe.

Covid-19 : "Il n'a jamais rappelé"

Alors, la mère de famille poursuit sa vie."A cette époque, on ne savait encore rien du Covid, on ne portait pas de masque et on s'embrassait", confie-t-elle au Parisien.  Seulement voilà : très vite, c'est son partenaire qui tombe malade. Âgé d'une soixantaine d'années, les premiers symptômes apparaissent dans les premiers jours du confinement du printemps 2020. Une bronchite, concluent les docteurs. Accompagnée de difficultés respiratoires qui s'accélèrent, jusqu'à le conduire à l'hôpital où il est finalement diagnostiqué patient Covid. "Au téléphone, il m'a dit : 'Je me sens un peu mieux. Je te rappelle après" et il n'a jamais rappelé", livre sa compagne. Là, le poids de la culpabilité a commencé à se faire ressentir.

Covid-19 : "C'est moi qui l'ai contaminé"

La veuve se tient immédiatement pour responsable du décès de l'homme qu'elle aime. Cet homme, avec qui elle était depuis quatre ans, apprécié de ses deux enfants. L'ex secrétaire porte sur ses épaules une terrible responsabilité, qui n'est malheureusement que la conséquence d'un virus imprédictible et impitoyable.

"C'est moi qui l'ai contaminé", affirme-t-elle sans arrêt. Dans son témoignage, elle ne tarit pas d'éloge sur son partenaire : travailleur, bienveillant, généreux... Il était à un an de la retraite quand il est parti. "Et si je n'étais pas allée au restaurant ce soir-là ?", ne cesse-t-elle de ressasser. Des interrogations qui la poussent à demander pardon à son époux sur sa tombe...

Covid-19 : "Sans moi, il serait toujours là"

Les mêmes interrogations traversent son esprit chaque jour : "Pourquoi ? Comment j'aurais pu changer les choses ? Ça tourne sans cesse dans ma tête, un an après. Sans moi, il serait toujours là", poursuit la quadragénaire. Les mois suivants la disparition de son partenaire, elle lui demande pardon au cimetière.

"Je lui disais qu'il n'avait rien fait, que ce n'était pas sa place et que la seule responsable, c'était moi", livre l'ancienne secrétaire. Une culpabilité dont elle a du mal à se défaire. L'un des effets dévastateurs de cette pandémie, qui, comme nous le savons déjà, va bien au-delà des problématiques sanitaires.