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Du ravivage de la flamme du Soldat inconnu au portrait officiel du président en passant par la garden-party de l'Elysée, (re)découvrez les traditions de la Ve République.
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Le visage du nouveau président à 20 heures

C'est une petite tradition mais que les Français attendant avec impatience tous les cinq ans, à 20 heures précises. A cet horaire, les millions d'électeurs découvrent en effet le nom de celui qui va gouverner la France pour au moins les cinq prochaines années. Si dans les premières heures de la télévision, l'apparition du visage du nouveau président était plutôt rudimentaire, cette année, les chaînes avaient joué la modernité. Comme en témoigne la photo ci-dessus montrant l'apparition d'Emmanuel Macron sur France 2

La passation des pouvoirs

Que ce soit à l'Elysée ou dans les différents ministères, la passation des pouvoirs n'est pas codifiée. Il s'agit en fait d'une tradition républicaine. Si l'intronisation est elle réglée au cordeau, l'échange entre l'ancien président et le nouveau et lui totalement informel. Ainsi, on se souvient de la passation entre François Hollande et Nicolas Sarkozy qui avait beaucoup fait réagir. Le premier n'ayant pas cru bon de raccompagner l'ancien hôte de l'Elysée à sa voiture, comme tous les nouveaux présidents le faisaient auparavant.

Ranimer la flamme du soldat inconnu

Tous les ans, et des fois plusieurs fois dans l'année, le Soldat inconnu peut être sûr qu'un président va venir honorer sa mémoire. En temps normal, tous les 8 mai le président en exercice se rend sur sa tombe, sous l'Arc de Triomphe à Paris. Mais lors d'une année présidentielle, et si celui-ci est en fin de mandat, il est de coutume qu'il invite son successeur à l'Elysée pour qu'ensemble ils raniment la flamme du Soldat inconnu. Un moment fort en émotion pour les deux hommes, comme une sorte de passage de flambeau avant la cérémonie d'investiture officielle prévue la semaine suivante.

Chanoine de Latran et co-prince d'Andorre

Comme le veut une tradition multiséculaire, chaque président français devient dès sa prise de fonction co-prince de la principauté d'Andorre et chanoine de la basilique romaine de Latran, à Rome. 

Son titre religieux remonte à Louis XI, en 1482, et a été renouvelé en 1604 par Henri IV, comme le rapporte La Croix Si, depuis, tous les chefs de l’État portent ce titre, celui-ci était tombé dans l’oubli et c’est René Coty qui l’a remis à l’honneur en 1957. Le général de Gaulle en 1967, Valéry Giscard d’Estaing en 1978, Jacques Chirac en 1996 et Nicolas Sarkozy en 2007 s’étaient rendus à Rome pour prendre possession de leur titre. Ce que n’avaient fait ni Georges Pompidou ni François Mitterrand ni François Hollande. Reste à savoir qu'elle sera la décision d'Emmanuel Macron. Selon Familles chrétiennes, il pourrait choisir de recevoir son titre "lors d’un voyage à Rome avant la fin de l’année afin d’y rencontrer le pape François".

Concernant son titre princier, cette tradition remonte à Henri IV (encore !). Depuis, les chefs d'Etat français se partagent la fonction de prince de la principauté d'Andorre avec l'évêque d'Urgell, en Catalogne. Les co-princes sont "garants de la permanence et de la continuité de l'Andorre ainsi que de son indépendance et du maintien du traditionnel esprit de parité et d'équilibre dans les relations avec les États voisins", dit l'article 44 de la Constitution d'Andorre.

L'interview du 14 juillet et la garden-party

 

C'est une tradition que les présidents ont tous respectée, sauf Nicolas Sarkozy au début de son mandat. Tous les 14 juillet, après le traditionnel défilé militaire sur les Champs-Elysées, le président accorde une interview à la presse (généralement TF1 et France 2) afin de répondre sur des sujets d'actualité. Mais mercredi, l'Elysée a annoncé qu'Emmanuel Macron ne ferait pas d'interview à cause de sa "pensée complexe". En effet, l'entourage du président a fait savoir dans Le Monde que "la pensée complexe du président se prête mal au jeu des questions-réponses avec des journalistes".

S'agissant de la traditionnelle garden-party, qui suit le défilé, et où quelques invités triés sur le volet pouvaient déambuler dans les jardins de l'Elysée, rien n'a encore été annoncé. Cette tradition, qui remonte au XIXe, a été supprimée en 2010 par Nicolas Sarkozy pour cause d'austérité liée à la crise économique.

Le portrait officiel du président

C'est une autre tradition de la République : le portrait officiel du président. C'est au tout début de son mandat que le chef de l'Etat se fait tirer le portrait. Portrait qui sera ensuite diffusé dans toutes les mairies et bâtiments publics. Mais comme il s'agit d'une tradition et en rien d'une obligation, les mairies peuvent refuser d'afficher le portrait du nouveau président et conservé par exemple celui de l'ancien. C'est le premier président de la IIIe République, Adolphe Thiers, qui a inauguré cette tradition d'un portrait au moyen de la photographie.

A noter également qu'une autre tradition concerne les portraits présidentiels. Depuis la Ve République, il est en effet de tradition d'accrocher au palais de l'Élysée les portraits peints des présidents décédés. Pour l'instant, seuls ceux du général de Gaulle, de Pompidou et de Mitterrand sont présents.

Le code vestimentaire de l'Assemblée

Il y a quelques jours à l'Assemblée, Jean-Luc Mélenchon et son groupe ont fait sensation en décidant de ne pas arborer de cravates dans l'hémicycle. Une manière de se démarquer des autres députés, et de marquer clairement leur entrée dans l'opposition. Le président de la France insoumise a-t-il enfreint le règlement de l'Assemblée ? Stricto sensu, non. Le règlement intérieur n'oblige pas à porter une cravate, tout au plus une "tenue décente" est-elle demandée. Cependant, il est de tradition que les députés hommes portent des costumes sombres assortis de cravates, et que les femmes députés portent des tailleurs, avec une plus grande permissibilité en terme de gamme de couleurs. 

Commenter les chiffres du chômage tous les mois

C'est une tradition moins prestigieuse que les précédentes, mais c'en est une tout de même. Chaque mois, les ministres du Travail avaient pour habitude de commenter les chiffres mensuels du nombre de personnes inscrites à Pôle Emploi. Un exercice difficile ces derniers temps alors que le nombre de chômeurs ne cesse d'augmenter depuis 2008. Mais cette tradition a aujourd'hui du plomb dans l'aile puisque le nouveau ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a refusé de se plier à l'exercice. Les premiers chiffres du quinquennat n'étaient d'ailleurs pas bons...