AFP
Le 13 novembre 2015, 130 personnes étaient fauchées sur des terrasses, au Bataclan et à Saint-Denis par les balles de terroristes. Un an après, nous vous avons demandé comment vous aviez vécu cette soirée cauchemardesque.

Ce dimanche, la France rendra hommage aux 130 victimes des attentats du 13 novembre 2015, qui avaient endeuillé Paris et Saint-Denis. Un an après cette nuit tragique, nous vous avons demandé quels souvenirs vous conserviez de cet évènement qui fit entrer la France dans l'ère du terrorisme de masse.

Sur Facebook, "Marie-Louise Schlapp" nous a envoyé ce message : "Je l'ai appris comme beaucoup par la télévision. Abasourdie d'apprendre cette horrible chose. Il ne faut jamais oublier."

De son côté, "Ginette Tinseau" se souvient avoir appris l'évènement en regardant la télévision elle aussi. "Tout simplement, je regardais un téléfilm sur Arte et à la fin je passe toujours sur Bfmtv,  c'est ce que j'ai fait, et là, c'était l'horreur en direct."

"Je suis étonnée que la France soit encore debout"

Quant à "Clara Smmt", elle s'inquiète pour l'avenir de son fils alors que d'autres attentats ont endeuillé la France depuis. "J'ai appris les attentats du 13 novembre à la télé, sur BFMtv et j'ai pleuré en me demandant comment mon fils allait grandir dans se pays avec tout les attentas qu'il s'y produit et s'il pourrait vivre longtemps. Avec un président peureux et qui ne fait rien pour protéger son pays, je me demande comment je suis en vie, comment les Français ont survécu, et je suis étonnée que la France soit encore debout." Et "Clara Smmt" d'aller plus loin dans ses reproches au président : "M. Hollande, je vous souhaite un joyeux anniversaire, la date à laquelle beaucoup de Français sont morts et que vous n'avez rien fait. Comment faites-vous pour dormir et vous regarder dans une glace ?"

"Comment intégrer l'impensable ?"

Enfin, "Nelly" nous a envoyé un long témoignage. Elle y raconte cette journée d'horreur où elle a perdu une amie au Bataclan, et revient sur l'après-13 novembre. 

"C’était du pointillé cette année. Des points et du vide sur 365 jours. Une année en suspension. Un an à ce rythme-là, c’est long.

La vie a décidé de claquer son fouet sur nos 30 ans, fauchant un soir de rock, un soir de fête, une amie. Elle s’est écroulée le 13 novembre 2015 sur le parquet imbibé de bière du Bataclan. Elle aura attendu patiemment pour faire exploser sa poudre en bas de chez nous, la vie. Pour la faire s’infiltrer insidieusement dans la colonne vertébrale de Madeleine.

Comment intégrer l'impensable ? Madeleine rayonnait de magnifiques projets, avec cette lueur presque exagérée dans l’œil. Il fallait l’approcher pour saisir son intensité et se sentir diablement vivant à ses côtés. Vraiment.

Il aura donc fallut grimper des escaliers, sauter dans les métros, parler sur les terrasses, penser dans le lit. Tourner en rond. Laisser trois mois défiler sans que rien ne se passe. Jusqu’à cette soirée où le cerveau fait enfin le job : l’information trop longtemps retenue a glissé dans la zone conscience et a libéré son synapse dans le Moi. Tout s’est effondré sur le trajet entre le métro Porte de Bagnolet et l’appartement : les larmes, les bras et les courses Franprix. Madeleine, fusillée au Bataclan.

S’ensuivent alors des semaines où l’on ne sait pas trop quoi dire et surtout à qui. A quoi bon puisque tout le monde éructe son opinion dans une cacophonie quasi hystérique. L’air du temps est au stigmate, à la haine, à la culpabilisation, au rejet. Dans ce drôle de bordel, on décide alors de garder Madeleine pour soi. On se refait en boucle le film qu’on n’a pas vu. On rembobine, on jauge la scène au ralenti, on attrape son dernier souffle, on ferme les yeux avec elle. On glisse sa main dans la sienne en embrassant ses paupières pour la première et dernière fois. On éteint en tremblant les journaux télé et les images incessantes de cette chasse à l’homme dans Bruxelles (...) On tourne la tête devant les journaux qui dégueulent leur peur dans les kiosques. On ne veut pas de cette histoire trop large, qui dépasse tout. On veut Madeleine. On veut que cette barbarie soit la sienne, que son nom soit Charlie.

Et puis on commence enfin à souffler. A marcher dans la rue sans trop y penser. Il refait beau. On prend le métro les yeux plongés dans un livre, on s’absorbe dans la musique. On sourit franchement aux gens. Le printemps, les oiseaux, puis l’été.

Et Nice. Un pas en avant, dix en arrière. Retour case Madeleine. On clopine jusqu’en septembre mais on aperçoit déjà au loin le mois de novembre, emmitouflé dans son écharpe de sang. Stratégiquement, on opte pour faire l’autruche et on se lance avec acharnement dans d’autres combats, trouver un mec, trouver sa voie. Mettre du sens partout où il n’y en a pas, faire des réserves d’écureuil avant le prochain tremblement. Mais le 13 novembre est déjà là. Alors on va serrer les dents et garder en tête qu’il faut continuer de chanter, boire et aimer. A se le graver si fort dans la peau, on sera évidemment plus costauds. Mais tout ça, promis, dès le 14. Aujourd’hui il faut juste boucler l’année."