"Ça se joue à une demi-heure près" : comment les communes de l'ouest se protègent des Franciliens ?IllustrationIstock
La généralisation du télétravail a totalement chamboulé le marché immobilier. Les Franciliens se sont rués dans l'Ouest, ce qui a engendré une flambée des prix. Les municipalités s'organisent alors pour garantir aux locaux un accès au logement.
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En raison de la crise sanitaire et des mesures restrictives mises en place, l’Ouest fait face à une flambée des prix immobiliers. La généralisation du télétravail a poussé les Franciliens à quitter les petits logements des villes, pour se mettre au vert. Les recherches de résidences secondaires ont explosé, ce qui a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande. Dans certains lieux, les locaux, ne pouvant faire face à cette nouvelle concurrence au pouvoir d’achat bien plus élevé, peinent ainsi à acquérir un bien.

Immobilier : les biens se vendent comme des petits pains

D’après le baromètre SeLoger, en décembre dernier, 43% des recherches de logement dans le département des Côtes-d'Armor provenaient de Franciliens, contre seulement 26% de Bretons. Un record ! La proportion était en plutôt inversée jusqu’ici. Conséquence de ce phénomène, les prix augmentent fortement. À Lorient par exemple, le prix au mètre carré affiche 9% de plus qu’il y a un an. À Rennes, la hausse est de 13,2%. Elle atteint même 16,5% à Vannes !

"La grosse problématique aujourd'hui c'est que dès qu'on entre un nouveau bien et que l'on relance trois ou quatre clients qui correspondent à ce bien, les trois ou quatre font une offre sans même visiter", explique Baptiste Marnas, agent immobilier dans le Morbihan, au micro d'Europe 1. "Donc on arrive à des situations où ça se joue à une minute ou à une demi-heure près."

Pour assurer un accès au logement aux habitants, certaines municipalités ont instauré une nouvelle politique...

Immobilier dans l’Ouest : la technique des municipalités pour protéger les locaux

Face aux prix prohibitifs, l’espoir des locaux de devenir propriétaire s’envole. Pour y remédier, les municipalités ont instauré de nouvelles mesures. Afin de bénéficier d’un bien immobilier à prix réduit, les habitants doivent s’engager à faire du dit logement leur adresse principale pour 10 ans.

À Arzon, dans le Morbihan, où huit maisons sur dix sont des résidences secondaires, un couple a pu ainsi acquérir une maison neuve en centre-ville, pour seulement 163 euros le mètre carré (au lieu de 7 000 euros sur du bâti et 500 euros sur terrain nu). La maison, qui est sur un terrain municipal, va donc seulement leur coûter 200 000 euros.

Second objectif des municipalités : éviter d’avoir des villes mortes.

Logements à prix cassé dans l’Ouest : les villes créent des programmes immobiliers sur leurs propres parcelles

"Ces 16 derniers mois, les gens sont arrivés et les prix ont flambé", déplore le maire, Roland Tabart. "L'espace qu'il nous reste, il faut le consacrer prioritairement à nos jeunes qui veulent s'installer". Cela afin d’éviter qu’Arzon ne devienne une ville morte, hors saison touristique.

La municipalité se lance alors dans des programmes immobiliers sur ses propres parcelles. 45 nouveaux logements réservés aux primo-accédants devraient d’ailleurs voir le jour d'ici à 2023.

Au total, la région Bretagne a investi 20 millions d'euros afin de soutenir ce type de projets.