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Les enjeux de la météo sont très loin de se limiter à la question de comment s'habiller. Aujourd'hui, les pays se battent pour pouvoir influencer le temps qu'il fera...
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Manipulation de la météo : "ensemencer" les nuages

Ce lundi, l’Iran a accusé par la voix d’un de ses généraux Israël de lui avoir volé ses nuages, rapporte Le Monde. Téhéran fait face à une sècheresse sans précédent qu’elle explique par une manipulation de son ennemi - "un vol de nuage" - et ce, de manière très sérieuse puisque le militaire en question évoque des études scientifiques. "Israël et un autre pays de la région ont des équipes conjointes qui travaillent à faire en sorte que les nuages qui entrent dans le ciel iranien soient incapables de déverser la pluie. En plus de cela, nous faisons face à un phénomène de vols de nuages et de neige", déclare ainsi le général dont les propos sont rapportés par l’agence de presse ISNA.

Rapidement, le directeur de la météorologie nationale a réagi au même micro afin de nuancer les propos du militaire et de rappeler : "Un pays ne peut pas voler de nuages". De fait, le vol de nuage au sens le plus littéral du terme n’est pas possible, en revanche influencer la météo l’est. Cette question a pris de l’essor depuis les années 1950, "depuis qu’on sait comment et dans quelles conditions se forment les gouttes d’eau ou les cristaux dans l’atmosphère en tout cas", explique Andrea Flossman professeur à l’université Clermont-Ferrand-Auvergne/CNRS mais également co-présidente du comité Weather Modification Research au sein de l’Organisation mondiale de la météo, contactée par Planet.

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De manipulation de la météo, il est aujourd’hui essentiellement question des précipitations. "On sait aujourd’hui comment déclencher la pluie ou la retenir, limiter la grêle et encourager la neige. De ces techniques, celle qui présente les résultats les plus positifs est celle qui concerne la neige. Elle est utilisée aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande…", ajoute-t-elle

La manipulation météorologique se pratique aujourd’hui essentiellement par une technique appelée "cloud seeding", ensemencement des nuages en français. Ces derniers sont composés de gouttes de tailles très différentes or, pour qu’il pleuve, il est nécessaire que se forment de grosses gouttes. Pour encourager ce phénomène, des particules de poussières sont ajoutées. "On fait par exemple circuler des avions sur lesquels on aura attaché des torches qui brûlent et qui contiennent des sels, explique Andrea Flossmann. Dans le cas de la neige, on utilise de la iodure d’argent."

Manipulation de la météo : entre recherche et danger

L’ensemencement des nuages peut augmenter les précipitations jusqu’à 35% dans une atmosphère claire, mais ce n’est pas une technique qui fonctionne partout, explique Andrea Flossman. Si la science connaît aujourd’hui les différents processus qui font tomber la pluie ou la neige, elle ne maîtrise pas toujours les facteurs environnementaux. "On connaît les facteurs qui rentrent en jeu, mais il faut aussi savoir évaluer la vapeur d’eau dans l’atmosphère, la température et comment elle varie selon l’atmosphère, par exemple. Il y a plusieurs éléments dont l’aspect particule de la formation des gouttes d’eau n’est qu’une partie. Il y a certaines conditions dans lesquelles on ne peut pas ensemencer", détaille la scientifique.

En dépit de l'aspect poétique que revêt l'expression ensemencement des nuages, la réalité qu'elle recouvre n’est pas sans danger dans le cas de la neige. Si pour l’instant, il s’agit surtout de campagnes de recherches, à grande échelle et de manière répétée cela peut avoir des conséquences alarmantes, le iodure d’argent étant une substance toxique, assure Andrea Flossman.

Manipulation de la météo : peut-on vraiment voler des nuages ?

Si l’agence météorologique iranienne est dubitative concernant ce supposé "vol de nuage", Andrea Flossman émet toutefois une piste d’explications : "S’il y a un vent d’ouest en amont et qu’Israël fait en sorte de déclencher des précipitations dans son pays…L’Iran pourrait dire que les nuages sont précipités plus tôt, mais ce n’est pas vraiment du ‘’vol de nuage’’".

Vol de nuage ou pas, la déclaration du gradé iranien met en lumière les enjeux géopolitiques de la météo, et donc en filigrane du climat, mais surtout de l’eau. La Russie et la Chine font régulièrement état de leur prouesse en la matière. Le site RTBH, affilié à Russia Beyond, une agence de presse gouvernementale, parle même de la capacité russe à disperser les nuages – un exploit dont doute Andrea Flossman. Les velléités moscovites ont d’ailleurs conduit au larguage d’un sac de ciment en 2009 qui ne s’est malheureusement pas dissout et a traversé le toit d’une maison.

Aujourd’hui une cinquantaine de pays pratiquent l’ensemencement à des degrés divers, l’entité la plus investie sans doute en la matière étant les Emirats Arabes Unis. Ils sont les premiers financiers de la recherche dans ce domaine, afin notamment de mieux anticipier les situations de stress hydrique sur leur territoire. Et pour cause, d’ici 2050, pas moins de 140 millions de personnes pourraient migrer en raison des effets du changement climatique, dont l’un des principaux effet est la pénurie d’eau, prévenait la Banque mondiale en mars dernier.

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