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L'acte III du mouvement des gilets jaunes se joue ce week-end, faisant notamment craindre une forme de radicalisation. Le mouvement a déjà pu faire preuve d'actes extrêmes, voire violents.
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Quand les actes gilets jaunes s’attaquent aux impôts

Ce premier week-end de décembre est marqué une fois de plus par une mobilisation importante des gilets jaunes. La troisième depuis maintenant deux semaines. Malgré le discours d’Emmanuel Macron ce mardi, et la rencontre avec le ministre de l'Ecologie François de Rugy, les  gilets jaunes ne sont pas satisfaits. Ce mécontentement, s’il a d’abord été incarné par des blocages de ronds-points ou des actions péage gratuit s’est aussi incarné dans des actes radicaux, voire violents. 

Ces gestes se sont particulièrement exprimés à l’encontre des représentants de l’Etat, à l’instar des centres des impôts.

Depuis le 17 novembre, pas moins de cinq centres ont été murés. On en dénombre trois dans l’Ain, un dans le Haut-Rhin (Ribeauvillé) et dans le Loiret (Montargis). Dans ce dernier cas, près d’une dizaine de personnes ont été appréhendées alors que dans l’Ain, la direction départementale des finances a décidé de porter plainte. Les trois centres murés sont situés à Bourg-en-Bresse, Pont d’Ain et Ambérieu-en-Bugey. Marquants, ces incidents sont loin d’être isolés, la direction générale des finances publiques a fait savoir que près de 130 sites des finances publiques avaient été ciblés par différents types d’actes. Outre les "emmurages", il y eu des dépôts d’ordures ou des départs de feux.

Un type de mobilisation qui s’inscrit dans la lignée de la première revendication des gilets jaunes : moins de taxes. Et qui peut aussi parfois prêter à sourire. A Sully-sur-Loire, des gilets jaunes ont muré par erreur la bibliothèque…

Quand les actes gilets jaunes s’attaquent aux domiciles des élus

Parfois les actes symboliques se transforment en procédés plus violents. La députée de l’Aude, Mirelle Robert (LREM), a ainsi vu débarquer chez elle, une quarantaine d’hommes cagoulés, en plein milieu de la nuit. Sur son compte Twitter, l’élue a témoigné.

Lorsque les gendarmes sont arrivés, les hommes cagoulés étaient déjà partis. Mireille Robert a déposé plainte.

Le groupe se revendiquait des gilets jaunes mais le référent pour le mouvement dans le Limoux, Patrick Meyer, s’est désolidarisé de cette action au micro de France 3 Régions. "A Limoux, nous sommes un mouvement citoyen et on ne s'attaque pas à la députée, ni au maire ni au sous-préfet", a-t-il notamment déclaré.

Le 17 novembre, à Bourg-en-Bresse, un élu et son compagnon ont violemment été pris à partie sur le parking d’un supermarché, victime au passage d'insultes homophobes. Leur voiture a également été abîmée.

Enfin, Claire O’Petit, députée de l’Eure, soupçonne que le saccage de sa permanence, jeudi, soit liée à son discours sur les gilets jaunes. L’élue invitée sur LCI récemment se savait menacée après une alerte des autorités.

Quand les actes gilets jaunes s’attaquent physiquement les journalistes

Il suffit d’entendre le discours sur les journalistes qui seraient "au service' du pouvoir ou de Macron pour comprendre que dans l’esprit de certains gilets jaunes, ils sont "du même côté". Résultat, outre être insultés sur les réseaux sociaux, dans la rue certains ont été agressés. Un journaliste de BFMTV a échappé de peu à un lynchage, d’autres du Midi Libre ou de Cnews ont été malmenés.

Dans Le Journal du dimanche, Jean-Marie Charon, sociologue spécialiste des médias, estime qu’il y a plusieurs paramètres qui peuvent expliquer ce rejet des "journalopes". Les journalistes sont jugés déconnectés des revendications sociales, et prescripteurs d’une supposée "pensée unique". Le chercheur fait également un parallèle entre les émeutes urbaines de 2005 où sur le terrain, des acteurs avaient dénoncé les caricatures faites par les médias. Comme aujourd’hui, les gilets jaunes accusent les médias de mentir.

Ce dernier argument avancé par Jean-Marie Charon est à mettre en relation avec l’émergence des réseaux sociaux comme moyen d’information. Ils sont aussi devenus des sources de propagation de fausses nouvelles, dont certains n’hésitent pas à se servir pour influencer l’opinion publique.

Aux Etats-Unis, une enquête a ainsi dévoilé comment des agents russes ont influencé la campagne présidentielle américaine grâce à des publicités ciblés et des fake news.