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Le couple de policiers sauvagement tués par un membre de Daech lundi à Magnanville (Yvelines) laisse derrière lui un petit orphelin. Une situation particulièrement difficile, d'autant que l'enfant a assisté à la prise d'otage au cours de laquelle sa mère a été tuée. 

Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider ont été tués lundi à leur domicile de Magnanville, dans les Yvelines, par Larossi Abballa, un homme qui venait de prêter allégeance à l’Etat islamique. Lui, était âgé de 42 ans et commandant de police. Il a été tué de neuf coups de couteau devant leur pavillon. Elle, était âgée de 36 ans et secrétaire administrative. Elle a été tuée dans leur maison pendant la prise d’otage. L’assaillant lui aurait laissé "un trou béant au niveau du cou". Tous les deux avaient un petit garçon de trois ans. Le père de famille avait par ailleurs un autre fils, issu d’une précédente union et qui séjournait souvent chez eux.

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L’enfant est dans un "état de sidération"Le soir où Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider ont été tués, leur petit garçon se trouvait chez eux. Il était avec sa mère dans leur maison quand son père a été tué dans la rue. Il était encore avec sa mère quand Larossi Abballa s’y est retranché et les a pris en otages. Depuis la fin de l’assaut au cours duquel le terroriste a été tué, l’enfant est pris en charge par des médecins. "Il est indemne mais choqué", a indiqué le procureur de la République de Versailles. Actuellement, le garçonnet serait hospitalisé à l’hôpital Necker-enfants malades à Paris. "Il a été découvert dans un état de sidération" par les policiers du Raid, a de son côté précisé le procureur de Paris, François Molins, ajoutant qu’il était encore difficile de savoir ce qu’il avait vu exactement.

Ce que l’on sait pour le moment, c’est que l’enfant était dans la même pièce que Larossi Abballa lorsque ce dernier se mettait en scène et se demandait à voix haute ce qu’il allait faire de lui. Il était assis sur le canapé derrière lui, a rapporté David Thomson, le journaliste de RFI spécialiste du terrorisme et qui a eu accès à cette vidéo. Le petit garçon a-t-il vu sa mère se faire tuer ? Cette question demeure pour le moment sans réponse. "Cet enfant est dans un état de choc traumatique, il a sans doute vu sa mère se faire tuer. Et même si la mort reste abstraite à 3 ans, l’enfant a saisi qu’il s’agissait d’un acte de barbarie abominable. De plus, il a lui-même été menacé, ce qui explique l’état de sidération dans lequel il a été retrouvé", a expliqué à 20 Minutes la psychiatre Muriel Salmona, présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie.

Il a "besoin d’une sorte de réanimation psychologique"Dans un premier temps, l’enfant a d’abord subi un examen médical pour s’assurer qu’il n’avait pas été blessé, puis les médecins ont dû lui annoncer le décès de ses parents. "Ils lui ont sans doute annoncé officiellement le décès de ses parents, que le ‘méchant’ qui les avait tués était mort aussi et ne reviendrait pas. Les médecins ont ensuite dû lui expliquer qu’il serait bien protégé, mais qu’il ne pourrait pas retourner dans sa maison, a ajouté Muriel Salmona. (…) Dans ce genre de cas, l’enfant a besoin d’une sorte de réanimation psychologique. Il doit être sécurisé 24 heures sur 24 heures. Deux personnes référentes se succèdent généralement à ses côtés afin qu’il bénéficie d’une sorte de perfusion continue de bienveillance". RTL croit également savoir que les grands-parents du garçonnet sont également présents auprès de lui. Une présence familière qui devrait le rassurer.

"On peut préserver son avenir s'il est bien accompagné""Contrairement à ce que l'on imagine, plus les enfants sont jeunes, plus le traumatisme est grand", a également souligné Muriel Salmona auprès du Huffington Post. Aussi, dans les années à venir, cet enfant aura besoin d’un suivi psychologique. "Sans aide pour gérer sa mémoire traumatique, prévient la psychiatre sur le même site, celle-ci va resurgir en permanence. Il faut faire en sorte que cette mémoire ne prenne pas le dessus. Cet enfant a compris ce qu'il s'était passé et il a certainement cru qu'il allait mourir après avoir réalisé que ses parents étaient morts. Aujourd'hui, il a un deuil terrible à faire mais on peut préserver son avenir s'il est bien accompagné".

François Hollande a de son côté annoncé mardi que l’enfant et son frère seraient tous les deux pupilles de la nation.

En vidéo - Le policier de 42 ans a été tué devant chez lui