Femme enceinte dévorée : les trois mystères qui planent au-dessus de l'affaireAFP
Le flou persiste autour des circonstances de la mort d'Elisa Pilarski, dont le corps a été retrouvé dans une forêt de l'Aisne. On ne sait toujours pas quels chiens sont impliqués.
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Presque deux semaines se sont écoulées depuis le décès d’Elisa Pilarski, dont le corps a été retrouvé dans une forêt de l’Aisne le 16 novembre dernier. Selon le procureur de la République de Soissons, la mort de la jeune femme "a pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête".

Des prélèvements génétiques ont été effectués sur 67 chiens, les cinq de la victime et les animaux d’un équipage de chasse à courre. Les résultats des analyses pourraient être livrés dans plusieurs semaines et, en attendant, le mystère demeure autour du décès de la jeune femme.

C’est son compagnon, Christophe Ellul, qui a fait la macabre découverte après qu’elle l’a appelé sur son téléphone portable pour lui demander de l’aide. Selon ce qu’il a expliqué aux enquêteurs, elle lui aurait dit être attaquée par "plusieurs chiens" et avoir été mordue "aux bras et à la jambe".

Femme enceinte dévorée : son corps retrouvé dénudé

En arrivant dans cette forêt où le couple a ses habitudes, il trouve dans un premier temps le manteau et l’écharpe de sa compagne, laissés intacts au sol. Il se lance ensuite à la recherche de son chien et de sa compagne, comme il l’a expliqué au journal L’Union. "J’appelais ma femme et Curtis, puis Curtis a aboyé. Il était dans un fossé. J’ai vu débouler trente chiens de chasse. Je me suis écarté. Ils sont passés devant moi, deux se sont approchés, mais ne m’ont rien fait. Ils sont partis rejoindre la meute. J’ai rappelé Curtis, qui a fait trois mètres, mais qui n’est pas venu. Il a contourné ce que je pensais être un tronc d’arbre et il est resté stoïque. Je me suis précipité et je me suis aperçu que c’était le ventre de ma femme que je voyais".

Il a récemment donné plus de détails au Parisien, expliquant que sa compagne "était dénudée, en soutien-gorge, le pantalon baissé".

De nombreux mystères demeurent autour de la découverte du corps d’Elisa Pilarski, alors qu’une chasse à courre avait lieu en forêt au moment de son décès, survenu entre 13 heures et 13h30. Soit après l’heure de la chasse, affirme Antoine Gallon, directeur de la communication de la société de vénerie. Cité par Le Point et l’AFP, il explique que "la chasse a commencé à 13h30". Seulement, d’après une source judiciaire citée par BFMTV, des riverains affirment avoir été témoins d’un premier lâcher de chiens à 13 heures.

Femme enceinte dévorée : les chasseurs se défendent

Un mystère demeure autour de la découverte du corps d’Elisa Pilarski. Son compagnon Christophe Ellul a expliqué avoir croisé un chasseur auquel il aurait conseillé de faire attention car son chien était "potentiellement en liberté". Ce participant à la chasse à courre lui aurait répondu : "Si j’étais vous, je m’inquiéterais plus pour votre chien que pour les miens". Comme le précise Le Parisien, le chasseur a été identifié et a confirmé avoir eu une conversation avec Christophe Ellul. Mais, selon lui, il n’aurait pas tenu de tels propos.

Interrogé par BFMTV, il explique que "ce monsieur était sur un chemin et il criait, ce qui est surprenant pour un randonneur, donc je suis allé vers lui pensant qu’il avait un problème". Il poursuit son récit : "Il m’a alors dit : ‘je cherche mon chien, faites attention à vos chiens car le mien est très dangereux’. Ce qui m’a laissé un peu sceptique, je lui ai répondu que nos chiens n’étaient pas méchants, mais lui m’a répété que ses chiens étaient ‘très très méchants’ et qu’il fallait faire attention". Selon lui, Christophe Ellul lui aurait dit, à propos de Curtis : "Il était avec ma femme et je la cherche".

La société de vénerie a très rapidement rejeté la responsabilité de l’équipage de chiens dans la mort d’Elisa Pilarski. Cité par La Dépêche du Midi et l’AFP, Antoine Gallon a expliqué que "des vétérinaires mandatés par les gendarmes ont inspecté les 62 chiens de l’équipage et [qu’]aucun ne présentait de traces de morsure". Or, d’après lui, la victime "promenait son chien Curtis, un American Staff, un chien de combat (…) dont on ne peut imaginer qu’il ait laissé sa maîtresse se faire dévorer sans la défendre !". D’autres chiens pourraient, eux aussi, avoir attaqué Elisa Pilarski ce jour-là.

Femme enceinte dévorée : un chien ou une meute de chiens ?

La mort d’Elisa Pilarski a-t-elle été provoquée par un chien, ou plusieurs chiens ? Si les soupçons se sont très vite tournés vers les animaux participant à la chasse à courre, les enquêteurs s’intéressent également à deux chiens présents dans la forêt au moment du décès de la jeune femme. Curtis, âgé de deux ans, accompagnait sa maîtresse en forêt et sa responsabilité n’a pas encore été écartée. Lorsqu’il a été trouvé par Christophe Ellul, le chien présentait des blessures à la tête et a été confié à des vétérinaires. Depuis, il a été placé à la fourrière et devrait faire "l’objet d’un examen comportemental". Interrogé peu après le drame par France 3, le compagnon d’Elisa Pilarski a rejeté d’emblée l’hypothèse d’une attaque du chien qui "était son bébé". "Ceux qui connaissent Elisa et Curtis savent que c’était un duo qui marchait bien", a-t-il ajouté.

Pour un vétérinaire, la piste Curtis ne doit tout de même pas être écartée. Interrogé par Franceinfo, Antoine Bouvresse explique que la présence du chien "est une clé possible de ce drame tragique". "Si lui était tenu en laisse, cette configuration complique forcément la communication face à des chiens en liberté, surtout quand ils sont en nombre". Selon le vétérinaire, un chien en laisse aura "plus tendance à avoir un comportement d’agression, de défense, car il n’est pas libre de ses mouvements. Comme il ne peut pas s’écarter, il va envoyer des dents, aboyer pour mettre à distance les autres chiens". D'après Le Parisien, une muselière a été retrouvée non loin du corps d’Elisa Pilarski et des relevés d’ADN doivent être effectués dessus.

Peu avant le drame, Elisa Pilarski a croisé la route d’un autre chien, a confirmé le procureur de la République de Soissons le 20 novembre. Elle a signalé sur son compte Facebook qu’un chien malinois non tenu en laisse "rôdait dans les environs" et, selon le magistrat, il n’avait pas été identifié à ce moment-là de l’enquête. Aucun autre détail n’a été donné depuis sur l’identité de cet animal ou de son propriétaire. Le message posté sur Facebook a été effacé mais, selon LCI, Elisa Pilarski y précisait avoir eu une dispute avec le propriétaire de l’animal mais, qu’ "heureusement" son chien Chivas était présent avec elle, sinon "boucherie assurée". Christophe Ellul a également rejeté cette hypothèse auprès de France 3, expliquant : "Elle a bien croisé un homme qui ne tenait pas son chien en laisse, je pense qu’ils se sont un peu engueulés, mais à mon avis cela ne rentre pas dans l’affaire". Seuls les résultats des relevés génétiques permettront d’avoir une réponse sur cette question.