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Jasmine, Alexandra, Kiana… Elles sont de plus en plus nombreuses à vendre parfois très cher leur virginité aux plus offrants. Et pour cause, la demande se révèle “fantasmagorique” !
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Elles vendent leur virginité et deviennent millionnaires : une tendance mondiale ?

De plus en plus de jeunes femmes défraient la chronique pour des raisons sulfureuses : elles ont décidé de monnayer leur virginité. Et l’affaire leur rapporte parfois un petit pactole ! La transaction la plus récente a permis à une française, Jasmine, d’empocher pas moins d’un million de dollars. Âgée de 20 ans, elle a mis sa première fois en vente aux enchères sur le site Cinderella Escort, coutumier de ce genre de pratique. En 2016, on apprenait que la mannequin roumaine Alexandra Khefren, 18 ans, avait vendu sa virginité pour 2,3 millions d’euros. Une somme supposée l’aider à payer une nouvelle maison à ses parents, mais aussi lui permettre d'entamer des études de business et de marketing à Oxford. Au final, tout s’était révélé faux, comme le détaille Planet.

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Pourtant, est-ce à dire qu’aucune de ces histoire n’est vrai ? Rien n’est moins sûr. Jasmine parle même d’une "tendance mondiale", d’une "mode". Pour Françoise Gil, sociologue spécialiste de la sexualité et auteure de plusieurs livres sur la prostitution, c’est une analyse à modérer. "Dire de cela qu’il s’agit d’une vraie tendance mondiale, c’est un peu exagéré", tempère-t-elle. "C’est effectivement quelque chose qui se fait chez nous, mais je doute que cela en vienne à se généraliser. Toutes les filles ne vont pas se mettre à vendre leur première fois du jour au lendemain", assure la sociologue. Toutefois, elle le reconnaît, le phénomène est neuf… "Dans une certaine mesure". "Le sexe s’est toujours monnayé et il y a toujours eu des gens prêts à payer pour la virginité d’une femme. Néanmoins, c’était sans doute plus discret. Internet a probablement contribué à répandre la pratique", explique l’auteure de Prostitution : fantasmes et réalité (éditions Esf, 2012).

Elles vendent leur virginité et deviennent millionnaires : la virginité, une construction patriarcale ?

Selon elle, la virginité est avant tout une construction patriarcale qui permet au mari de s’assurer qu’il est le père de l’enfant à naître. "Elle a toujours été très importante, du domaine du sacré. C’est en partie pourquoi elle fascine les hommes et pourquoi elle freine les femmes", estime la scientifique. "Souvent, les hommes sont frustrés quand ils ne sont pas les premiers. C’est issu d’un désir de possession, d’une volonté de posséder la sexualité de la femme. Les femmes qui décident de mettre en vente leur virginité l’ont bien compris et elles jouent des faiblesses des hommes", poursuit-elle. S’il est encore difficile de brosser un portrait type de ces jeunes femmes, elle tient à rappeler qu’elles ont pris conscience qu’elles peuvent "toucher de l’argent sur leur virginité plutôt que de la ‘donner’" et que, s’il s’agit probablement de femmes qui ont besoin d’argent, elles ne sont pas nécessairement précaires. "La prostitution n’est pas toujours précaire : parfois il s’agit de toucher un peu d’argent pour rendre possible un projet."

"Donner un prix marchand à l’hymen", dit-elle, "c’est démystifier la virginité de la femme. En cela, ça peut contribuer potentiellement à l’émancipation sexuelle de ces dernières, même si celles qui vendent leur première fois n’agissent probablement pas pour des raisons politiques." Tout cela naît selon elle d’un contexte marchand généralisé. "Plus rien n’est sacré. Tout se marchande aujourd’hui. Marchander le sexe n’est pas nouveau."

Avis aux intéressé(e)s, cependant : depuis 2016, la prostitution est sanctionnée en France, comme le rappelle Maître Francis Caballero. "Même si elle est majeure, avoir recours aux services d’une prostitué constitue un délit, comme l’indiquent les articles 225-12-1 et 611-1 du Code pénal. Même si, en pratique, il est assez rare d’assister à une poursuite ou une condamnation pour ce motif." Autre détail à prendre en compte : "c’est toujours le client qui est sanctionné, jamais la travailleuse du sexe", précise l’avocat.