Coronavirus : les étranges résultats d'une étude menée dans une ville italienneAFP
Efficacité de l'isolement rapide, politique de dépistage massive et charge virale des personnes asymptomatiques… Cette étude de la revue scientifique Nature nous en apprend davantage sur l'épidémie.
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Mardi 30 juin 2020, la revue scientifique Nature publie une étude enrichissant notre connaissance de l'épidémie, notamment sur son potentiel de propagation. Partagée par le magazine économique Challenges, elle aborde le cas de Vo', en Vénétie. C'est dans ce village près de Padoue que le premier décès lié au virus a été recensé en Italie. Immédiatement après, la ville a été placée en quarantaine pour deux semaines. Une quinzaine qui a permis à de nombreux scientifiques d'effectuer des tests chez plus de 85% des quelque 3 200 habitants. Au début de ce confinement local, 2,3% des habitants étaient testés positifs contre 1,2% deux semaines plus tard : parmi eux, plus de 40% ne présentaient aucun signe de la maladie. 

Coronavirus : le danger des personnes asymptomatiques

On dit d'une personne qu'elle est "asymptomatique" dès lors qu'elle ne présente aucun symptôme clinique du virus dont elle souffre. Dans son cas, seul un test virologique permettra de décréter si elle est infectée. Ce n'est pas la même chose que les "porteurs sains", qui eux, ne sont pas malades. Cette étude, co-écrite par l'Université de Padoue et le département de Sciences de la vie à l'Imperial College de Londres, démontre que malades symptomatiques comme asymptomatiques possèdent une charge virale similaire. Cela signifie en somme que ces deux catégories de personnes ont à peu près les mêmes chances de transmettre le Covid-19, car elles possèdent la même "quantité de virus" dans le corps. Enrico Lavezzo, co-auteur de l'étude, souligne : "Même les infections asymptomatiques ont le potentiel de contribuer à la transmission".

Coronavirus : l'efficacité du confinement

Les recherches prouvent également l'efficacité de l'isolation. Le gouvernement italien réagit extrêmement rapidement quand il place ce bourg en quarantaine, juste après que le premier mort soit recensé. En moins de dix jours, le nombre de cas positifs de coronavirus à Vo' passe de 88 à 7, rapporte Ouest France. Sergio Romagnani, virologue à l'Université de Florence, affirme : "Le pourcentage des personnes infectées sans aucun symptôme est très élevé et représente la majorité, notamment parmi les jeunes (...) isoler les personnes sans symptôme est essentiel pour contrôler la diffusion du virus". Des propos confirmés par l'étude britannique. 

Coronavirus : la politique de dépistage massive a fait ses preuves

En plus de l'isolation, c'est le nombre élevés de tests pratiqués sur les habitants du village italien qui ont permis d'éradiquer le Covid-19 à Vo' : 89% du village a été testé. Selon Andrea Crisanti, travaillant à la fois pour l'Université de Padoue et à l'Imperial College, cela a empêché l'épidémie de devenir incontrôlable. "Malgré une transmission silencieuse et généralisée, la maladie peut être contrôlée", appuie la scientifique. Une consœur, Ilaria Dorigatti, a également participé à l'étude. Elle se joint aux propos de sa collègue en déclarant : "L'étude Vo' démontre que l'identification précoce des foyers d'infection et l'isolement rapide des cas d'infections avec ou sans symptômes peuvent éliminer la transmission et enrayer une épidémie à ses débuts".