Vivarte : ces primes mirobolantes qui créent la polémiqueDes employés de La Halle, propriété du groupe Vivarte, protestent en 2015 contre 1350 suppressions de poste au sein du groupeAFP
Plusieurs cadres d'une grande enseigne de prêt à porter ont reçu des primes mirobolantes en 2017 et 2018, alors même que l'entreprise traversait des difficultés financières. Les syndicats sont vent debout.
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Vivarte : les salariés de l'entreprise victimes d'un plan de restructuration et de fonds vautours

"La dette (de Vivarte, groupe propriétaire de Chevignon, Naf Naf ou encore La Halle) n'est plus un problème", affirmait il y a quelques mois Patrick Puy, PDG du groupe de distribution de prêt-à-porter. Un optimisme à relativiser. En effet, Vivarte a prévenu en juillet 2019 qu'elle serait incapable d'honorer l'échéance d'une dette prévue en octobre. De fait, le groupe Vivarte doit faire face à certaines difficultés financières.

Mais du côté des cadres de l'entreprise, la dette ne semble en effet plus être un problème du tout. LSA révèle en effet que le groupe a versé des primes exceptionnelles a plusieurs cadres entre 2017 et 2018. Le montant de ces primes s'éléverait à 523 826 euros en 2017, partagés entre 31 personnes, et 425 879 euros pour 14 personnes en 2018, dont 100 000 euros pour une seule personne.

A ces montants élevés s'ajoutent des primes d'objectif : 1 million d’euros distribués en 2017 et 741 931 euros en 2018. L'entreprise a en effet réalisé un chiffre d'affaire de 1,4 milliard d'euros pour l'exercice 2017-2018. Dans le même temps, Vivarte fait l'objet d'un plan de restructuration pour rembourser ses dettes. Celui-ci comprend la fermeture de plusieurs enseignes et le licenciement de près de 2000 salariés.

Ce plan de restructuration est l'oeuvre de quatre fonds d'investissement ayant accepté en 2007 d'éponger deux milliards de dettes en échange de la prise de contrôle du groupe. Selon Envoyé spécial, Vivarte serait depuis ce jour vendu "à la découpe", par ces "créanciers vautours", enseigne par enseigne.

Vivarte : les fonds-vautours, une menace sur l'économie française ?

L'expression "fonds vautour" désigne un type particulier de fonds spéculatif spécialisé dans le rachat de créances à des entreprises en difficulté. Ce rachat s'apparente cependant à un cadeau empoisonné, et signe souvent la prise de contrôle de l'entreprise par les fonds-vautours et sa vente par petits bouts.

Plusieurs entreprises françaises ont eu à pâtir avec ces fonds, note France Culture. Parmi elles, le leader de l'industrie papetière Arjowiggins, BNP Paribas ou encore Air France, précise le quotidien Les Echos. Les créanciers vautours s'attaquent même à des états, tels que l'Argentine, rappelle en outre Le Monde.

De plus, il convient de rappeler que Patrick Puy n'en est pas à sa première faillite. Libération révèle en effet que l'homme d'affaires avait été auparavant PDG de Moulinex. Bombardé à la tête du fabricant éléctroménager pour "redresser Moulinex", il ne restera en poste que trois semaines. Juste le temps de fermer l'entreprise après avoir licencié les 3700 salariés restants. Patrick Puy ira jusqu'à réclamer une indemnité de départ de 176 000 euros. Une source proche du dossier nous affirme même que le PDG serait "protégé par des magistrats".

Les rémunérations avantageuses des cadres de Vivarte ont été pointées du doigt par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Celui-ci a dénoncé "un scandale inacceptable, hors du temps". "L’ensemble des acteurs, dont le patronat, doit dénoncer ce genre de pratique. Chacun doit être en capacité de s’indigner", ajoute-t-il.