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Tout internaute ayant un peu navigué sur les réseaux sociaux a dû voir ces derniers jours cette interrogation : "pourquoi Dieudonné est poursuivi aujourd’hui alors que la Nation célébrait hier la liberté d’expression en hommage à Charlie Hebdo ?". Un sentiment de "deux poids, deux mesures" qui se répand sur Internet et qui pose la question des limites de la liberté d’expression.
La liberté d’expression ne signifie pas que celle-ci est totale. Loin s’en faut. Plusieurs dispositions juridiques viennent encadrer cette liberté. Dans aucun pays du monde, la liberté d’expression y est totale. Comme l’explique le philosophe Ruwen Ogien dans les colonnes de France TV Info, celle-ci est "toujours limitée par des contraintes d’ordre public ou par nos propres pensées". Ce dernier compare par exemple le cas français très à cheval sur les questions liées au racisme et au négationnisme opposé à la législation américaine plutôt clémente sur ces questions mais très sévère sur la religion et la pornographie. En témoigne par exemple le refus de certaines chaînes de télévision américaine de montrer les caricatures de Mahomet à l’antenne.
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Comme le détaille Le Monde, le droit français encadre la liberté d’expression. Premièrement, la législation la considère comme étant "l’un des droits les plus précieux de l’homme" comme ceci est écrit dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789. Le texte fondateur fixant les contraintes juridiques à la liberté à liberté d’expression est celui de la loi du 29 juillet 1881. Parmi ces contraintes il y à l’injure, la diffamation et la calomnie (Article 1).
Par ailleurs, les articles 23 et 24 interdisent l’apologie de faits portant atteintes à l’intégrité (physique et morale) d’une personne, des crimes, des crimes de guerre etc. Est également proscrite la provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers des personnes "en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".
Premièrement, l’idée selon laquelle Charlie Hebdo n’a jamais été inquiété par la justice est fausse. L’hebdomadaire satirique compte une cinquantaine de procès entre 1992 et 2014 (et plusieurs ont été perdus). Concernant les caricatures de Mahomet, ce ne sont pas les pratiquants d’une religion qui étaient pointés mais une figure divine à laquelle ceux-ci se réfèrent. C’est du blasphème, de l’offense, mais cela n’est pas interdit par les textes encadrant la liberté d’expression. Poursuivi en justice, Charlie Hebdo avait gagné son procès pour cette raison.
À l’égard de la dernière sortie de Dieudonné, les choses sont quelque peu différentes. Premièrement, en indiquant "se sentir Charlie Coulibaly", il tombe sous le coup de l’apologie du terrorisme selon un texte voté en 2014 (dans le corpus législatif du plan anti-djihad). De surcroît, il ne s’agit de la première saillie à portée antisémite du polémiste.
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En effet, Dieudonné est souvent pointé pour sortir du champ de l’humour pour choisir celui du militantisme. À titre d’exemple, l’invitation du négationniste Robert Faurisson sur scène, ses activités politiques avec Alain Soral ou encore ses multiples provocations portant sur la mémoire des chambres à gaz montrent que le comédien ne peut pas être considéré de la même façon que les dessinateurs de Charlie Hebdo qui eux, se servaient de la caricature s’amuser des croyances.
En outre, il n’a pas choisi de de publier "Je Suis Kouachi" mais bien "Je Suis Coulibaly" en référence à celui qui a pris pour cible des personnes en raison de leur confession juive. Comme ceci est décrit par Ruwen Ogien, "il ne fait pas la différence entre la liberté d’offenser et l’interdiction de causer des préjudices".
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