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Ils sont nombreux à avoir (plus ou moins) quitté la politique mais déclaré leur soutien à Nathalie Loiseau ou à Raphaël Glucksman. Et ce n'est pas par hasard que ces incontournables de “l'ancien monde” refont surface maintenant…
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Les dinosaures de la politique refont surface : vers un jurassic park saveur européennes ?

Candidate socialiste à l’élection présidentielle en 2007, maintes fois ministres et désormais ambassadrice de France pour les pôles arctique et antarctique, Ségolène Royal n’en a pas fini avec la politique. D’après les informations du quotidien Les Echos, cette figure incontournable du PS pourrait bien annoncer son soutien à la liste de Nathalie Loiseau, en vue des élections européennes. C’est également le cas d’Elisabeth Guigou, garde des Sceaux dans le gouvernement de Lionel Jospin, rappelle La Voix du Nord.

Elles ne sont pas les seules : Christiane Taubira, elle aussi ministre PS de la Justice doit s’engager derrière Raphaël Glucksman, accompagnée par Bernard Cazeneuve, souligne le Courrier International. Jean-Pierre Raffarin, de son côté, a fait savoir qu’il voterait pour la liste LREM aux européennes, portée par Nathalie Loiseau. Il a expliqué sa position, estimant qu’il n’y avait pas de logique à "affaiblir celui qui défend nos intérêts", rapporte Le Figaro. Non sans préciser que cela "ne veut pas dire qu’on soutient".

"A l’approche du scrutin, les partis essaient de mobiliser leur électorat traditionnel, souvent plus âgé. Pour faire un score honorable aux élections européennes, il va falloir réveiller le banc et l’arrière banc", analyse Christophe Bouillaud, politologue et professeur de sciences politique à l’IEP Grenoble. "Il s’agit aussi de faire campagne, d’occuper l’espace médiatique et de créer de l’événement. De cette façon, les militants et les équipes gardent le moral", poursuit-il.

Et si les listes de La France Insoumise (LFI), des Républicains (LR) ou du Rassemblement national (RN) n’ont pas fait appel à proprement parler à "l’ancien monde", la situation demeure comparable. "Les têtes de listes n’ont pas beaucoup d’importance dans la mesure où la majorité des votes seront conditionnés par la personnalité du chef de parti", rappelle d’ailleurs le politologue.

Le jurassic park des élections européennes : faire appel à des dinosaures peut-il sauver le parti ?

Si toutes ces initiatives et ralliement ne traduisent pas, assure Christophe Bouillaud, le désespoir des partis qui les invoque, ils visent tout de même à jouer un rôle de "soutien défibrillateurs" selon le quotidien belge Le Soir. Des machines à réanimer l’électorat dont les efforts pourraient très bien s’avérer inutiles…

"Il existe évidemment des fans de Ségolène Royal, Christiane Taubira ou Jean-Pierre Raffarin en France. Pour autant, il est peu probable que cela suffise à motiver le vote de l’écrasante majorité de la population française. Ce genre d’événements constituent de véritables épiphénomènes. Ils n’auront qu’un impact invisible, d’un point de vue électoral", estime l’enseignant-chercheur à Sciences-Po Grenoble. Rien de bien concluant à attendre selon lui, au moins pour les partis.

Pour les éléphants politiques, en revanche, les avantages sont plus évidents. "Il y a deux cas de figures : d’un côté, on retrouve celles et ceux qui n’arrivent pas à renoncer à une carrière dans la politique et de l’autre celles et ceux qui défendent une certaine conception du monde et de la politique - fût-elle minoritaire - sans intention de revenir pour autant", explique le politologue.

"Ségolène Royal appartient évidemment à la première catégorie. Elle est persuadée qu’elle peut encore jouer un coup et en se positionnant comme elle le fait, elle se présente comme éligible à un poste de Première ministre. S’il fallait soudainement corriger à gauche le quinquennat d’Emmanuel Macron, elle ferait office de choix pertinent", souligne-t-il. "Raffarin ou Taubira sont de bons exemples de la seconde catégorie : ils ne présentent pas de volonté particulière de revenir et sont parfois surestimés par les médias mais défendent avant tout un idéal politique", poursuit-il encore.

Le jurassic park des élections européennes : Emmanuel Macron en pleine contradiction ?

Étonnamment, La République en Marche bénéficie de multiples soutiens issus de cet "ancien monde" qu’Emmanuel Macron a pourtant tant fustigé. Et si le parti peut, en effet, compter sur les ralliements de Ségolène Royal ainsi que de Jean-Pierre Raffarin, il ne faut pas nécessairement y voir une contradiction, estime Christophe Bouillaud.

"Ces deux personnalités s’inscrivent depuis un moment déjà dans l’histoire de La République en Marche et la convergence est réelle", rappelle le politologue pour qui cela pointe tout de même du doigt un loup. "Ségolène Royal et Jean-Pierre Raffarin sont deux figures politiques qui parlent essentiellement, si pas uniquement, à un électorat âgé. Cela contraste assez avec l’image de parti jeune d’Emmanuel Macron. Certes, certains députés ne comptent pas parmi les plus vieux, mais d’une façon générale, l’électeur type du président n’est pas jeune pour autant. Il est plutôt conservateur, issu du centre-droit ou du centre-gauche et ne se soucie guère des questions sur l’âge de la retraite puisqu’il a déjà pris la sienne", détaille l’enseignant en sciences politique.

"Il serait intéressant d’analyser la carte des bastions électoraux, après le vote. Les endroits qui auront fait élire la liste de Nathalie Loiseau indiqueront bien où réside la France qui réussit", poursuit-il.

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