Ce que l’on ignore sur la franc-maçonnerie en France ©Getty (illustration)Istock
La franc-maçonnerie est une société mondiale fermée qui couvre de nombreux secrets sous serment. André Combes, professeur agrégé d'histoire et auteur d'ouvrages sur la franc-maçonnerie, ainsi que Jiri Pragman, franc-maçon et membre du Grand Orient de Belgique, nous dévoilent les dessous de cette communauté. 
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La franc-maçonnerie est une société mondiale fermée

La franc-maçonnerie est une société mondiale fermée qui a vu le jour, en France, à la fin du 17ème siècle. Elle est composée de membres, plus communément appelés les "frères" et "sœurs", qui se reconnaissent grâce à des signes. Une communauté de franc-maçon s’appelle une "loge", qui représente une confrérie civile réunissant un petit groupe de membres de la franc-maçonnerie à l’échelle locale. Le regroupement de plusieurs loges forme une obédience.

Il est "impossible d'être franc-maçon sans appartenir à une Loge", indique Jiri Pragman, franc-maçon et membre du Grand Orient de Belgique."Chaque obédience maçonnique a ses propres principes", explique André Combes, professeur agrégé d’histoire et auteur d’ouvrages sur la franc-maçonnerie, qui indique également : "Il y a six grandes obédiences en France comportant chacune de 10.000 à 50.000 membres, mixtes ou non, nationales ou internationales. Une seule exige la croyance en Dieu".

C’est une société qui cultive le secret

Dans le serment prêté à la franc-maçonnerie, il y a une "obligation du secret", explique André Combes. Son but est de permettre la confidentialité des débats et il est interdit de révéler l'appartenance d'un autre membvre à la franc-maçonnerie. Ce peut lui nuire "dans sa vie professionnelle, familiale ou politique, car l'antimaçonnisme est toujours vivace". Néanmoins, le maçon est libre de se dévoiler dans les livres, les revues et autres. L’historien précise que ce secret a "surtout pour but de permettre la liberté d'expression à l'intérieur des loges".

Si un secret est révélé, une sanction peut alors être mise en place. Au-delà de cette sanction, le franc-maçon peut se voir totalement exclut de la société, explique Daniel Combes. Des châtiments sont également prévus, mais ils sont purement symbolique, indique Jiri Pragman : "Le plus grand châtiment serait l'opprobre. Des "renégats" (personne qui renie tout) ont rejoint les rangs des anti-maçons, publient des livres et multiplient les conférences dans les milieux d'extrême droite sans bien entendu que les sanctions prévues dans les serments soient appliquées !", détaille t-il. 

Un examen est imposé afin de pouvoir intégrer une Loge

Jiri Pragman, explique que pour intégrer la franc-maçonnerie "on peut être approché par une personne de sa connaissance, ou présenter spontanément sa candidature en écrivant à l'obédience maçonnique de son choix". Le membre de la société a expliqué que les candidatures étaient examinées par la Loge. "Elle repose sur la présentation d’un exposé, puis, d’un débat sur un sujet choisi ou imposé. Vous serez aussi entendu par des membres de la loge afin de vérifier vos qualités morales, vos idéaux et votre motivation", précise André Combes. Au terme de cet "examen", la Loge convoitée a le choix de l’admettre ou non au sein de la société, afin de l’initier.

L’assiduité aux réunions fait partie des critères convoités pour intégrer une Loge, affirme l'historien.

Les femmes aussi peuvent présider la société franc-maçonne

"La Franc-maçonnerie descend des corporations médiévales de bâtisseurs dont elle a conservé les 3 grades d'apprenti, de compagnon et de maître", explique André Combes". Au niveau de l'obédience, c’est le "Grand Maître" qui est en charge, mais une "Grande Maîtresse" peut également présider.

Il existe d'ailleurs une grande Loge féminine : La Grande Loge Féminine de France, dédiée aux franc-maçonnes, qui a pour but de rechercher la vérité et la justice dans le respect d'autrui, est-il expliqué sur leur site officiel. Cette loge, qui existe maintenant depuis plus de 70 ans, a pour modèle Maria Deraismes, Olympe de Gouges ou encore Louise Michel. Les francs-maçonnes sont très attachées à tout ce qui concerne la femme, plus particulièrement, son émancipation. Elles sont près de 13 500 femmes à en faire partie.  

La religion peut parfois poser problème

Jiri Pragman explique que : "Dans l'énorme majorité des obédiences maçonniques dans le monde, la croyance en un Dieu révélé est exigée. Mais ce n'est pas une obligation dans les obédiences dites adogmatiques ou libérales". Le maçon est donc libre d'être croyant ou incroyant mais André Combes précise : "Le problème se pose pour deux religions seulement : le catholicisme et l'islam". Si les maçons ne sont plus excommuniés, ils sont considérés par le Vatican comme en état de pêché grave.

"Des fatwas ont été lancées contre la franc-maçonnerie par des dignitaires musulmans, et elle est interdite dans plusieurs pays dirigés par des intégristes religieux", poursuit l'historien.