Présidentielle 2022 : qui pour parler de la dignité des retraités, du grand-âge ?Istock
Dans quelques semaines, seulement, les Françaises et les Français auront l'occasion de choisir leur prochain président de la République. Certains des candidats ne correspondent pas vraiment aux attentes qu'ont pu formuler les retraités…
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Qui pourrait être le candidat des retraités ? Aux yeux des quinquagénaires et des plus âgés, son portrait-robot idéal a déjà été dessiné, ainsi que l’expliquait Planeten mai 2021. Il s’agit, à en croire le sondage que nous commandions alors à l’Ifop, d’un individu de 52 ans, soit de quatre ans l’aînée du Français moyen, qui fait preuve d’ouverture, de remise en question et peut se vanter de son exemplarité. Il ou elle - 77% des sondés disaient "ne pas être opposés" à ce qu’il s’agisse d’une femme - doit aussi pouvoir justifier d’une expérience dans le privé et d’un certain ancrage local. L’essentiel des répondants disaient d’ailleurs accorder un avantage à une figure en provenance de la province plutôt qu’à une venant de la capitale. Mais le plus important, sans doute, ce sont les propositions qu’il ou elle aura l’occasion de porter !

Retraités : qu’attendent-ils de l’élection présidentielle de 2022 ?

Là encore, les retraités savent assez bien ce qu’ils veulent ; en témoigne le sondage de Silver Valley, un regroupement d'entreprises spécialisées dans la gestion de la situation de nos anciens, qui peut s’appuyer sur une communauté de 9 000 retraités, informe Pleine-Vie. A l’occasion d’un Open Lab organisé en novembre, d’importantes discussions ont pu se tenir avec ces anciens actifs et cinq propositions essentielles ont émergé. Plusieurs d’entre elles portent sur le volet économique quand d’autres s’attardent bien davantage sur la question sociale et sanitaire. En voici le résumé :

  • Les retraités présents à l’Open Lab prônent le respect de tous les choix "jusqu’à la fin de vie", et évoquent la question de la dignité en fin de vie.
  • Ils parlent aussi de la création d’un "service public dédié au grand âge et à la perte d’autonomie", notent nos confrères.
  • Autre proposition importante : la valorisation du rôle social et économique de nos anciens, qui participent de facto à la production de richesse en France du fait de leur consommation.
  • Enfin, ils souhaitent aussi la suppression de l’âge légal de départ à la retraite, remplacé par un âge minimum à compter duquel il est possible de continuer ou non à travailler ainsi que…
  • … La définition d’un montant minimum de pension de retraite, fixé entre 1 000 et 1 500 euros mensuels.

Reste à savoir qui pourrait porter de telles mesures en avril prochain… et qui ne le fera pas.

Retraite : que proposent les candidats sur le plan social et sanitaire ?

Étonnement, les volets sociaux et sanitaires liés au grand-âge sont assez peu présents dans la vie politique. Jean-Luc Mélenchon, le candidat Insoumis, propose de revoir le maillage hexagonal pour garantir la présence d’un Ehpad - entre autres structures de soin - à moins de trente minutes du domicile de chaque Français, ce que prône également Fabien Roussel, indique L’Est Républicain. Philippe Poutou affirmait, pour sa part, être pour l’euthanasie sur le plateau de Hugo Décrypte.

Cette absence de proposition, que n’a pas manqué de remarquer La Tribune (via The Conversation), n’est pas sans agacer les retraités eux-mêmes, à en croire Pleine-Vie. "Nous sommes absents du logiciel, des messages. On viendra nous chercher au dernier moment pour voter et départager", déplorent ainsi certains des retraités présents à l’Open Lab.

Pourtant, plusieurs projets de loi ont déjà été portés : Emmanuel Macron a tenté à deux reprises de refondre le système des retraites et surtout d’instaurer une politique de soutien au grand âge. Il a abandonné avant d’arriver au bout dans les deux cas. Avant lui, Nicolas Sarkozy et François Hollande s’étaient aussi attaqués à cet enjeu… avant que la montagne n’accouche finalement d’une souris.

"En réalité, mettre à l’agenda public la question du vieillissement revient à se heurter à la nécessaire mobilisation de ressources budgétaires conséquentes", rappellent nos confrères. Peut-être aussi un déficit de volonté politique, analysait pour sa part Florence Legros, économiste et directrice de l’ICN Business School, dans nos colonnes. "Le secteur de la vieillesse est moins trépidant que celui de la jeunesse, y compris sur le plan politique…", ne manquait-elle pas de rappeler, au lendemain des révélations sur le scandale Orpea.

Présidentielle 2022 : y a-t-il un candidat pour mieux considérer les retraités ?

Cela dit, les retraités ne se contentent pas de demander une meilleure prise en charge du vieillissement : ils veulent aussi davantage de respect et de dignité. Là encore, le sujet demeure relativement absent des propositions des candidats à l’élection présidentielle.

Le problème, note encore La Tribune, vient de l’absence de réponse globale aux enjeux soulevés par le vieillissement de la population. "Les sociétés modernes condamnent les personnes âgées à vouloir rester jeune pour tenter d’échapper à l’âgisme ambiant", affirment les auteurs du texte, soulignant la représentation négative dont souffrent malheureusement nos anciens.

Seule alternative actuelle ? La fameuse "silver économie", qui promeut l’idée de l’âge comme une richesse pour la société. Non sans enfermer, au passage, les seniors dans la position du simple consommateur…