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Petit cousin de l'iconique Dr Albert Schweitzer (prix Nobel de la Paix en 1952), François Beiger, né en 1945 à Strasbourg, a une biographie longue comme le bras et d'une richesse assez incroyable, en plus d'être un auteur prolixe : il a écrit ou collaboré à plus d'une trentaine d'ouvrages, dont La zoothérapie auprès des personnes âgées, paru en 2019 aux éditions Dunod.
Ses travaux et aventures à travers le Grand Nord canadien ont aussi fait l'objet de films documentaires. La naissance d'un fils trisomique en 1973 et sa passion dévorante pour les chiens de traineau (ou chiens polaires), dont il est devenu un spécialiste, font partie des évènements qui l'on poussé à se tourner vers les autres.
Quand la zoothérapie arrive en France avec François Beiger
A partir de 1975, il s'intéresse à l'éthologie canine. Devenu expert en la matière, ses tribulations le mènent lui et sa meute de huskies un peu partout au pays de la feuille d'érable, où il développe le concept de la zoothérapie et se préoccupe du sort des enfants handicapés mentaux entre chacune des ses pérégrinations.
Plus de 25 ans plus tard, en 2003, il rentre en France, et décide de fonder l'Institut français de zoothérapie, non sans consulter des professionnels de santé et du social. En 2006, les premières formations reconnues par l'Etat peuvent commencer et François Beiger devient la référence tricolore de ce qu'il appelle aussi "la médiation animale". Il nous a accordé une entrevue pour nous en dire plus.
Planet.fr : Tout d'abord, que pensez-vous de la loi récente,"dite Bien Vieillir", qui autorise les patients d'EHPAD à s'installer avec leur animal de compagnie ?
François Beiger : Chaque établissement fait en réalité un peu ce qu’il veut.Les gens sont effectivement censés pouvoir entrer en EHPAD avec leur chien ou leur chat mais ça reste de la théorie. On en n’est pas encore là. Imaginez un établissement avec 90 lits, soit 90 patients avec chacun son propre animal. C’est impossible niveau hygiène. C’est une loi qui est passée grâce à la pression de certains. Il faut quand même réfléchir avant. Je ne suis pas favorable a cette loi.
La zoothérapie reste incontournable en EHPAD
Planet.fr : Donc ça n’affecte pas le besoin de zoothérapie dans les EHPAD et maisons de retraite ?
François Beiger : Non, car cela doit se faire de façon professionnelle. Si on prend l’exemple des personnes âgées en EHPAD,elles y sont pour une bonne raison comme la maladie d’Alzheimer, de Parkinson... Mais même pour ces patients, la médiation animale a sa place sauf qu'elle doit être adaptée à chacun.
Planet.fr : La demande ne faiblit pas ?
François Beiger : Non, il y a un mouvement qui dure depuis plusieurs années.Ce sont les EHPAD qui nous envoient leurs salariés : infirmières, psychologues, ergothérapeuthes... On les reçoit pour les former à travailler avec des objectifs précis, à destination des personnes âgées.
Planet.fr : L'Institut forme donc mais n'intervient pas lui-même ?
François Beiger : Je l’ai fait moi à partir de 2003 parce que personne ne connaissait encore la zoothérapie en France, que j'avais développée au Canada. Et petit à petit c’est devenu quelque chose de très recherché, pour les personnes âgées mais aussi pour la psychiatrie en général, l’autisme…
L'Institut ne fait plus que de la formation, c'est sa vocation. Elle est réservée aux professionnels, ils peuvent la financer avec leur CPF (compte personnel de formation, ndlr), car nous sommes certifiés par le ministère du Travail. Nous sommes d'ailleurs le seul organisme dans ce cas.
Planet.fr : Quels sont les retours des établissements et professionnels formés justement ?
François Beiger : C’est très staisfaisant, on est à 95/96 % de réussite. Ce dans toute la France (j’interviens aussi en Guadeloupe, en Guyane et à La Réunion), mais nous formons aussi des Suisses. Et des Grecs, car j'ai fondé dans le pays un autre Institut de zoothérapie.
Des animaux choisis avec soin et adaptés aux patients
Planet.fr : Quel est l'animal qui intervient le plus en séance de zoothérapie ?
François Beiger : Le chien, mais pas n’importe quel chien. Il faut qu’il soit un excellent "médiateur".Car l’animal joue le rôle de médiateur entre le patient et le professionnel. Et surtout, il faut que ce soit le chien du professionnel. La race aussi est importante : on ne va pas en EHPAD avec un terre-neuve ou un saint-bernard qui sont très massifs. L’idéal, c’est le golden retriever, le berger australien, ou des petits chiens car les personnes âgées les aiment bien.Le chien doit être vraient bien formé : par exemple s’il voit une personne en fauteuil il ne faut pas qu’il en ait peur.
Planet.fr : On voit souvent dans des reportages télévisés et sur Internet des individus qui proposent des prestations avec des animaux différents, comme un lama, un cheval, un lapin...
François Beiger : Il y a pas mal de charlatans. Mais aussi des gens qui se disent que c'est 'un bon créneau', que cest 'facile' à faire.Mais les établissements ont compris que ça n'avait aucun intérêt.
Planet.fr : Comment s'organisent les séances ?
François Beiger : En général,par groupes de trois patients pas plus, car chacun a son programme dédié, c’est difficile à faire avec huit ou neuf personnes par exemple. Ca existe, il y a ce qu’on appelle "les chiens visiteurs" mais c’est plus du ressort de l’animation. Ca ne me dérange pas mais ça n’est pas comparable avec ce que nous apprenons. Ils restent un temps indéfini sur place alors qu'il faut savoir qu'au bout de 20 minutes, une personne âgée en EHPAD est fatiguée et perd en concentration.
Planet.fr : Ces séances sont donc courtes ?
François Beiger : Oui, les ateliers ne durent que 20 minutes, donc, car il faut qu'ils s'achèvent de manière positive, avec une personne âgée apaisée. Toutes les personnes formées par nous travaillent avec des grilles d'évaluation et notent tout ce qu'elles voient. Il faut ainsi un atelier par patient et par semaine au minimum pour faire des comparatifs, pas un de temps en temps. J’ai vraiment poussé pour que cette activité soit professionnelle, c’est ce qui a fait son succès.
Planet.fr : Pour ceux ou celles qui souhaiteraient se former, comment s'organiser ?
François Beiger : Les formations durent deux fois 5 jours, avec leur animal. On n'est pas là pour leur apprendre leur métier de base. Après, ces professionnels (psychologues, psychomotriciens, travailleurs sociaux...) ajoutent la spécialisation zoothérapie à leurs compétences. Ils repartent forts d'une nouvelle façon de d'exercer. Par exemple en rentrant en contact de façon plus sereine avec une personne âgée.
Pour contacter l'Institut français de zoothérapie:
Tél. : 04 76 93 38 80 / e-mail : [email protected]