Carrefour, Casino, Monoprix... Faut-il se laisser séduire par leur "abonnement pour réductions" ?Istock
De plus en plus d'enseignes proposent des abonnements ouvrant droit à des réductions. Une telle offre est elle vraiment intéressante ?
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De quoi changer définitivement votre rapport aux courses ? De plus en plus d’enseignes ont décidé de mettre en place des dispositifs d’abonnement. Dans la grande distribution, ce système peut paraître étrange. Après tout, à quoi s’abonne un client prêt à signer chez Carrefour, par exemple, qui lancera son propre service dans quelques jours ? En pratique, explique Le Parisien sur son site, il s’agit d’une offre… de réduction. Quiconque décide en effet de payer l’abonnement bénéficie de remises sur un certain nombre de produits commercialisés par le magasin. Leur nature et le montant exact du rabais dépendant évidemment de l’entreprise décidant de les appliquer.

En l'occurrence, l’abonnement proposé par Carrefour devrait débuter le 20 septembre 2021 dans une vingtaine des magasins de Rouen, en Seine-Maritime. Moyennant 5,99 euros, il sera possible d’obtenir 15% de réduction sur l’intégralité des produits issus de marques distributeurs. Selon la façon dont tourne cette première expérimentation, indique encore le quotidien francilien, le dispositif pourrait être étendu dès 2022.

A part Carrefour, quelles sont les autres enseignes à proposer un système d’abonnement ?

Ce dispositif proposé par Carrefour n’est pas le premier dans son genre. Monoprix pratique aussi ce type d’offre, que le groupe a décidé d’appeler assez créativement… “Monopflix”. Cette fois, la remise est de 10%. Elle ne concerne que les biens alimentaires, d’hygiène ou d’entretien. En outre, l’abonnement - qui coûte 9,99 euros par mois - permet de bénéficier de la livraison gratuite dès 50 euros d’achat.

Enfin, Casino a lancé un service comparable dès 2019. Intitulé “Casino Max Extra”, il propose un rabais de 10% sur l’intégralité des courses pour un abonnement de 10 euros mensuels. Autant d’offres généreuses qui ne sont pas sans soulever une question : avez-vous vraiment intérêt à vous y jeter corps et âme ? Nos éléments de réponse.

Abonnement contre réduction : quel est l’intérêt de la grande distribution ?

Il serait naïf de penser que les industriels de la grande distribution s'adonnent à ce genre d’offres par pure générosité. Loin s’en faut, en effet. Il s’agit avant tout de fidéliser la clientèle, qui sera moins tentée de faire jouer la concurrence autant que de s’assurer des recettes fixes indépendantes des ventes. Reste à savoir si un tel dispositif peut être réellement rentable pour le client, en fin de compte. 

Pour Dominique Desjeux, sociologue spécialiste des comportements des consommateurs, c’est toute la question. “C’est un dispositif clairement favorable à la grande distribution, qui a l’air très effrayée et de chercher à contrecarrer une baisse des achats ou de la fidélité de ses clients. Il est amusant de voir qu’auparavant on fidélisait à l’achat. Maintenant, on le fait en amont”, observe l’expert.

Selon lui, il n’est pas possible en l’état de recommander de telles offres. Explications.

Faut-il se méfier des abonnements contre réduction ?

“Quelle est la population ciblée ? Les sommes exigées pour l’abonnement ne sont pas particulièrement élevées, mais pour les Françaises et les Français les plus modestes, cela constitue tout de même un prix conséquent”, observe Dominique Desjeux pour qui la contrainte principale demeure celle du pouvoir d’achat. “Une remise de 10% sur un paquet de café à 3 euros, ça représente 30 centimes. Il va falloir en acheter beaucoup pour récupérer ses dix euros”, poursuit-il.

S’il préconise donc la prudence, il ne diabolise pas pour autant le processus, au contraire. “Plusieurs initiatives comparables ont donné lieu à de bonnes évolutions pour le consommateur. Les réductions via carte de fidélité constituent une avancée importante en termes de charge mentale pour le client”, soutient-il par exemple. “En l’occurrence, il faudra simplement s’assurer du fait que ces offres peuvent être rentabilisées dans la durée impartie. C’est quelque chose que l’on verra à l’usage”, juge le sociologue.