Rachidat Dati et son mariage forcé : "Même Nicolas Sarkozy ne savait rien"AFP
Rachida Dati aura vécu plus d'une vie. L'une d'entre elles l'a contrainte a un mariage qu'elle ne souhaitait pas. Elle s'est récemment exprimée sur la question.
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Sa mésaventure lui aura inspiré une loi. En 1992, Rachida Dati s'est mariée, à un homme qu'elle n'aimait pas, dont elle ne souhaitait pas. Au micro d'"Il n'y a pas qu'une vie dans la vie", émission enregistrée sur Europe 1, la candidate à la mairie de Paris a même parlé d'une union "forcée". Elle aura mis trois ans à s'en débarrasser raconte-t-elle. A l'époque, en dehors de sa famille, ses proches et ses amis n'ont pas été mis au courant.

"J'ai quitté la France. Jacques Attali m'a accueillie à la Banque Européenne à Londres. Même Nicolas Sarkozy ne savait rien de tout ça", explique-t-elle, racontant comment elle a réagi après son premier échec à faire annuler le contrat de mariage.

"Le mariage, c'était pas moi", poursuit-elle, avant de détailler : au lendemain même de la célébration, elle en demande l'annulation. "La justice n'a pas voulu parce que lui ne voulait pas divorcer. Je voulais une annulation, je voulais effacer cette page y compris sur mon acte de naissance", reprend-t-elle.

Mais pourquoi Rachida Dati s'est-elle mariée ?

"Ce n'était pas une contrainte de la part de mon père, il ne l'a pas choisi, ne me l'a pas imposé, mais il y avait une pression culturelle", raconte l'ancienne Garde des Sceaux, au micro d'Isabelle Morizet. Car ce mariage, Rachida Dati se l'est "auto"-imposé...

"Mes sœurs se sont toutes mariées jeunes, conditionnées par le fait que c'est bien de se marier et de faire des enfants", note la maire du VIIè arrondissement. Elle explique combien l'incitation au mariage peut s'avérer insidieuse dans ces contextes. "Il y avait une pression, dans la cité où j'habitais, de ne pas être mariée", assène-t-elle une fois de plus.

Rachida Dati : comment s'est déroulé le jour de son mariage ?

Contrairement à bien des femmes qui se marient, Rachida Dati a gagné l'autel civil en larmes. Quand elle a été questionnée sur son désir d'épousailles avec son partenaire, elle a grommelé un "oui" inaudible, que l'officier d'état n'a d'ailleurs pas compris. Il n'empêche ! Il s'exclame, rapporte Europe 1 : "On va considérer que c'est un oui". Voila la ministre mariée à un homme qu'elle n'aime pas.

Trois ans durant, elle tentera de faire annuler les événements de ce jour fatidique. Mais la justice ne veut pas en entendre parler. Elle va jusqu'à contacter le procureur. "Pour lui, mon consentement était éclairé, j'étais lucide, je ne vivais pas chez mes parents, j'étais libre, autonome, donc au sens juridique, il n'y avait pas de pression... Mais c'était plus insidieux", raconte-t-elle.

Sans l'aide de Simone Veil et d'Albin Chalandon, son mentor politique, elle n'aurait peut-être pas effacer cette page de son histoire.

Retravailler la loi pour protéger d'autres jeunes femmes

"Je ne suis rentrée en France que quand l'annulation du mariage était quasiment acquise", fait encore savoir l'ancienne Gardienne des Sceaux. Forte de son expérience et du désir de protéger d'autres jeunes femmes de ce type d'oppression, elle a fait évoluer la législation, afin de faciliter les annulations.

"C'est comme ça qu'après, avec Nicolas Sarkozy, on a changé la loi. Parce que ce ne sont pas forcément les parents. Parfois ce sont les jeunes femmes elles-mêmes qui s'auto-mettent dans cette situation pour ne pas poser de problème à qui que ce soit", détaille l'ancienne ministre, qui réfute toute audace dans sa démarche. "C'était de l'instinct de survie", insiste-t-elle.