Marie Cau, candidate à l'élection présidentielle : "Il faut que les séniors se battent pour leurs petits-enfants"AFP
INTERVIEW. Elue maire de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord) il y a un an, Marie Cau se présente désormais à l'élection présidentielle de 2022. Programme, retraite, personnalité... Elle livre à Planet ses idées et ses ambitions pour la France.
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Elle avait marqué les esprits lors des élections municipales. Marie Cau est devenue la première maire transgenre de France il y a un peu plus d'un an, après son élection à Tilloy-lez-Marchiennes (Nord).  Aujourd'hui, l'édile de ce village de 500 habitants veut aller plus loin après avoir annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2022, dans les colonnes de Têtu le 19 mars dernier. Hors parti, sans étiquette, venue de la société civile... Marie Cau se distingue des candidats "classiques" du scrutin, même si tous ne se sont pas encore prononcés officiellement. Rencontre.

Marie Cau : "Je n'ai de compte à rendre à personne"

Un an après votre élection, comment s’est passée votre première année de mandat ?

Marie Cau. Il y a eu énormément de travail, beaucoup de projets, ce n’est pas si tranquille que ça de s’occuper d’un petit village (rires) ! C’était bien sûr une année un peu particulière, tout était un peu chamboulé, avec des journées de 12 heures par jour, six jours sur sept. Mais tout va bien.

Vous ne vous définissez pas comme une "personne politique", mais alors pourquoi vous présentez-vous à l’élection présidentielle ?

Marie Cau. Je ne me présente pas comme une personne politique faisant partie d’un parti. La politique au sens noble du terme, qui est l’action dans la cité, concerne tout le monde. Je ne cherche pas à faire une carrière politique : je me suis mise au service de mon village, puis je me suis rendu compte que c’était les mêmes inspirations dans les communes à côté, que c’était les mêmes chez beaucoup de Français et qu’aujourd’hui, ces inspirations ne sont pas satisfaites.

Qu’avez-vous remarqué ?

Marie Cau. J’ai l’impression qu’il n’y a plus de confiance dans les partis, plus de confiance dans les élites qui nous gouvernent. Aujourd’hui je sens beaucoup d’inquiétudes chez les citoyens, les citoyennes, par rapport à certains enjeux qui ne sont pas bien appréhendés. J’ai la capacité de faire passer un message, donc je vais le faire. C’est un pari un peu fou, mais réaliste !

Quels sont vos atouts, en étant "hors parti politique" ?

Marie Cau. Je ne suis pas dans l’élite, je fais partie des Français, des Françaises de province, qui ont une vie comme tout le monde. L’autre avantage, c’est que je ne suis pas issue d’un parti formaté, conditionné, j’ai une liberté d’actions et de parole complète. Je n’ai de compte à rendre à personne, si ce n’est aux électeurs, ce qui m’assure une grande liberté de manœuvre.

Marie Cau : "On lancera un financement participatif"

Vous évoquez souvent trois valeurs : la bienveillance, l’écoute et le respect mutuel. Pourquoi sont-elles si importantes ?

Marie Cau. Peu importe l’idée politique qu’on défend, ce qui est important c’est l’intention, car il faut qu’elle soit bienveillante, dans le sens de "vouloir faire le bien". On peut bien sûr se tromper dans les solutions qu’on apporte, mais l’intention doit conditionner toute décision politique. J’ai le sentiment que beaucoup de personnes sont dans cette attente, en tout cas beaucoup m’encouragent dans cette voie-là. Pour l'écoute, c'est très simple : tous les points de vue doivent être écoutés et aujourd’hui il n’y a plus de débat, il n’y a que des combats en politique. Les gens ne cherchent pas la vérité, ils cherchent à avoir raison.

Quelles sont les prochaines étapes, après la déclaration de votre candidature ?

Marie Cau. La première étape était de voir s’il y avait une bonne réception de ma candidature, c’est le cas, donc maintenant on s’organise pour la collecte des 500 signatures. Ensuite on s’attèlera à la création d’une association de soutien, c’est la loi, pour financer la campagne présidentielle. On lancera par la suite un financement participatif, mais l’argent récolté ne servira qu’à payer les bulletins de vote. Ensuite il faudra démarrer la campagne, aller à la rencontre des Français et des Françaises dans toute la France.

Marie Cau : "Il faut réfléchir à la dette qu'on laisse à nos petits-enfants"

Si vous deviez résumer votre programme pour la France…

Marie Cau. Ce sera un programme simple, avec des idées claires, compréhensibles de tout le monde. Je veux sortir des lieux communs, ne pas tomber dans les grandes lignes de chapitre, ni dans le pavé de 500 pages que personne ne lit. Je vais vous donner trois exemples.

Le premier concerne les pensions alimentaires : elles seront collectées par le service des impôts et versées aux bénéficiaires. Cette solution devrait éviter les conflits, le dénuement des femmes seules ou isolées. Les impôts connaissent les revenus des deux parties et savent qui doit payer, ils peuvent donc prendre le montant à la source et le redistribuer. Le deuxième concerne les points de retraite, qui seront mis dans la communauté de mariage. En cas de divorce, la femme qui a arrêté de travailler pour élever les enfants ne sera pas pénalisée et les points de retraite du couple devront être partagés en cas de divorce. Le troisième concerne le logement : une personne qui a payé le loyer de son HLM pendant 20 ans deviendra obligatoirement propriétaire.

Ce sont des choses simples, mais qui ont pour objectif de vraiment simplifier la vie des Français, tout en ayant un impact économique non négligeable, avec la lutte contre la précarité et la relance du logement.

Que voulez-vous dire à ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Marie Cau. J’aimerais m’adresser plus particulièrement aux futurs retraités ou à ceux qui le sont déjà. Je ne fais pas ça pour moi : j’ai bientôt 55 ans, je pourrais déjà être à la retraite. Je fais ça pour mes enfants et pour mes petits-enfants. Aujourd’hui, il faut que les seniors se battent pour leurs petits-enfants et qu’ils réfléchissent bien à la dette qu’on leur laisse. Ma candidature a pour objectif d’éviter le repli sur soi, d'éviter de vivre dans la peur de l’autre. J’aimerais que les quinquagénaires, sexagénaires et plus n’aient pas peur de ma personnalité, qu’ils passent au-delà de ça et qu’ils regardent le message, qui est la bienveillance et préserver le bonheur de nos enfants, de nos petits-enfants.