Edouard Philippe avait annoncé lors du Grand débat national, revoir à la baisse les avantages accordés aux anciens Premiers ministres. Vont-ils tout perdre ou juste les voir diminuer ?
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A bas les privilèges, clament les "gilets jaunes", depuis novembre 2018. En effet, le budget consacré aux anciens présidents de la République et anciens Premiers ministres est remis en cause par les citoyens. Un appel qu’Edouard Philippe a décidé de prendre en considération, annonce le magazine Capital.

Anciens Premiers ministres : des privilèges accordés sur dix ans

En février dernier, sur le plateau de LCI, Edouard Philippe avait fait part de son intention de "faire en sorte que les moyens qu’on attribue aux anciens Premiers ministres ne soient plus accordés à vie, mais pendant dix ans".

Selon un conseiller de Matignon, "il a entamé une phase de concertation avec les anciens Premiers ministres." Il admet en revanche que ce projet a mis du temps à émerger. Prévu initialement à la fin du Grand débat national, son entrée en vigueur a été repoussé, le temps notamment d’entrer en contact avec l’ensemble de ces prédécesseurs.

Fin des privilèges des anciens Premiers ministres : une mesure rétroactive ?

L’ancien maire du Havre prévoit que cette mesure soit rétroactive. Les anciens numéros 1 du gouvernement, qui étaient en poste avant 2009, verront donc leurs privilèges disparaître. D’autres n’auront plus que quelques années pour en profiter.

D’un montant de 200 000 euros par an environ, selon l’Observatoire de l’éthique publique, ce budget permet de mettre à disposition de ces anciens élus, un chauffeur, un garde du corps, mais aussi un appartement de fonction et une retraite d’au moins 5000 euros par mois.

Anciens Premiers ministres : qui sont les élus concernés par cette mesure ?

Edouard Balladur, François Fillon, Manuel Valls, Jean-Pierre Raffarin ou encore Dominique de Villepin font partie des douze anciens Premiers ministres qui profitent encore des privilèges en lien avec leur statut.

Une mesure qui ne convainc pas l’ensemble de la classe politique. Interrogée par RMC en février 2019, Edith Cresson, Première ministre de François Mitterrand de 1991 à 1992, a déclaré profiter encore de ces "précieux" avantages. Elle estime d’ailleurs que certains dispositifs sont essentiels pour la survie de sa fondation "L’Ecole de la deuxième chance".

"Mon officier de sécurité, il ne fait pas que de la sécurité. Il rend aussi des services, il fait des choses... Disposer d’une voiture est extrêmement important quand je circule notamment autour de Paris. Ce n’est pas de l’argent jeté par la fenêtre, je crois que c’est de l’argent bien placé", estime-t-elle.

Elle nuance toutefois ses propos : "Je peux très bien comprendre que les gens se posent des questions. Mais il me semble que ce très léger dispositif, dont je dispose, est parfaitement rentable"

Anciens Premiers ministres : des privilèges qui relèvent de la tradition

Selon l’historien Jean Garrigues, interrogé par France Info en septembre 2018, ces avantages dont bénéficient ces ex-Premiers ministres sont légaux. Toutefois, ils ne sont mentionnés dans aucun texte de loi, à la différence de la première dame, qui a vu son statut clarifié dans une charte de transparence en 2017. 

Il précise que trois mois de salaire leurs sont dûs après avoir quitté cette fonction, et seulement si ils ne reprennent pas un mandat électif juste après.