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Selon les informations du Monde, Nicolas Sarkozy aurait l'intention de rebaptiser l'UMP d'ici le mois de mars. Une décision que le politologue Thomas Guénolé analyse pour Planet.fr.

Planet : Pourquoi Nicolas Sarkozy tient-il tant à ce changement de nom ?Thomas Guénolé : "Il y est attaché pour trois raisons. La première est son envie de rompre avec un sigle associé à la triche et à l’escroquerie à cause de l’affaire Bygmalion et de la guéguerre qui a opposé Jean-François Copé et François Fillon en 2012. Nicolas Sarkozy souhaite faire comme le Crédit Lyonnais qui, suite au scandale financier de la fin des années 1980, a changé de nom pour devenir le LCL. L’ancien chef de l’Etat veut également changer tout ce qu’il peut pour faire oublier qu’il est un cheval de retour. Aussi, il a refait l'organigramme, a changé les thèmes de campagne du parti et a développé de nouvelles méthodes de communication avec les réseaux sociaux. Et c’est donc presque naturellement qu’il s’oriente désormais vers le changement du nom de son parti. Enfin, c’est aussi une manière (très animale) pour lui de marquer son territoire.

Son objectif est de procéder au changement de nom d’ici les élections départementales mais s’il n’y arrive pas ce n’est pas grave. Le plus important pour lui, c’est d’installer sa marque avant les élections régionales.

Planet : Le nom du 'Rassemblement' est évoqué. Qu’en pensez-vous ?Thomas Guénolé : Selon moi, cela ne renvoie pas un bon message. Certes, le mot 'rassemblement' est très positif dans un pays divisé par une crise économique, politique et même identitaire, mais il comporte cependant un gros point faible. Quand on entend 'Le Rassemblement', on se demande tout de suite 'de quoi ? pour quoi ?'. Cela me semble donc un peu court. Il aurait fallu préciser davantage à quoi il fait référence comme Jacques Chirac et Charles Paqua ont su le faire dans les années 1980 et 1990. Le premier avec opté pour le 'Rassemblement pour la République' (RPR) et le second pour le 'Rassemblement pour la France'.

Planet : Le choix d’un nom plutôt qu’un acronyme vous semble-t-il judicieux ?Thomas Guénolé : Un mot, c’est bien parce que cela permet rapidement d’identifier ce que c’est. Avec un sigle, la signification passe souvent à la trappe. Prenez l’exemple de l’UMP : on a oublié ce que cela voulait dire et que ça correspond aux droites européennes. L’idéal serait un nom en un seul mot qui résume les valeurs du parti. Un peu comme Les Verts : il n’y a pas de sigle possible et cela traduit bien ce qu’ils sont, les valeurs qu’ils portent. Aussi, et parce que Nicolas Sarkozy se rapproche du système de valeurs des républicains américains - de par son libéralisme économique et son conservatisme concernant les sujets de société - je pense qu’il devrait appeler son parti 'Les Républicains'. Cela résume non seulement bien les valeurs qu’il porte mais cela rendrait également plus difficile de souligner la lepénisation de la droite".