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La défiance réciproque entre les deux hommes est de notoriété publique. À l'heure où l'ancien président prépare son retour, Planet.fr revient sur ces tensions qui risquent de s'exacerber avec l'échéance du congrès de l'UMP en ligne de mire
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Même si François Fillon est le seul Premier ministre de la Vème République à avoir conservé son mandat pendant tout le quinquennat, les deux hommes entretiennent une rivalité notoire. L’ancien Premier ministre a beau démentir, Le Canard Enchaîné lui prête des propos peu élogieux à l’égard de Nicolas Sarkozy soutenant que l’ancien président "finira devant la justice mais pas devant les Français". Mais d’où vient cette défiance réciproque ? Retour sur l’histoire de ce désamour.

"Le collaborateur"

Nous sommes le 22 août 2007. Quelques mois après avoir gagné la présidentielle, Nicolas Sarkozy reçoit la presse régionale pour faire le point son projet. Au cours de cette rencontre, celui qui venait de rejoindre l’Elysée va alors lancer une phrase assassine à l’endroit de François Fillon . "Le Premier ministre est un collaborateur. Le patron, c’est moi"a-t-il déclaré. Il aura beau démentir, affirmer que c’était au hasard d’un off, le mal est fait. Publiée dans Sud Ouest, cette pique est reprise partout. C’est le point de départ de la relation tendue entre les deux hommes.

"Je suis à la tête d’un État" l’anaphore qui irrita Nicolas Sarkozy

En septembre 2007, alors en visite en Corse, le Premier ministre François Fillon livre sa vision de la France. "Je suis à la tête d’un État en faillite" commence-t-il en répétant plusieurs fois "je suis à la tête d’un État". Si le lapsus n’a guère plu à Nicolas Sarkozy (qui est alors le seul chef de l’Etat), ce dernier appelle le locataire de Matignon pour lui passer une soufflante sur le caractère "trop pessimiste" de sa sortie. Suite à cela François Fillon ne s’est pas senti à sa place."Je lui ai donné plusieurs fois ma démission, ça n'a pas été des moments faciles"a-t-il confié par la suite.

La relégation du Premier ministre

Nicolas Sarkozy avait une conception de la présidence qui laissait peu de marge de manœuvre à François Fillon. Selon ce dernier, il y avait une volonté de "mettre le Premier ministre sous l'autorité du secrétaire général de l'Elysée". Comprendre, mettre François Fillon sous la tutelle de Claude Guéant, l’un des plus zélés lieutenants de Nicolas Sarkozy. L’ancien Premier ministre se souvient notamment comment Claude Guéant a court-circuité son discours de politique générale en accordant le même jour une interview dans La Tribune.  

La divergence sur le Front National

"Nicolas Sarkozy pense que le Front national est à combattre parce qu'il affaiblit la droite et qu'il nous fait perdre (…) moi, je pense que le Front national est à combattre parce qu'il est en dehors des limites du pacte républicain tel que je le considère" confiait en mai 2013 François Fillon à France 2 . Mais il ne s’agit pas du seul "heurt" entre les hommes. Ce point d’accroc idéologique n’est qu’une partie de la série de divergences entre les deux hommes qui a égrainé tout le quinquennat (taxe carbone, intervention télévisée annulée sur demande du président, relations tendues).

La course à 2017

Pour l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée Maxime Tandonnet, il s’agit avant tout d’une querelle d’égo qui existe entre les deux personnalités. Selon ce proche de l’ancien président qui publie aujourd’hui une tribune dans Le Figaro, la "guéguerre" s’exacerbe avec "la course à 2017". Ayant évoqué l’éventualité de se retirer de la vie politique, Nicolas Sarkozy a offert à François Fillon l’opportunité de tuer le père. Et donc, les velléités de retour de l’ancien président, en sapant les efforts de François Fillonà se hisser confortablement à la tête de l’UMP maintenant que Copé est à terre, ne fait qu’accroître la tension entre les deux hommes. Et le retour programmé pour la fin de l’été ne va pas arranger les choses.

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