Randonnue : "Nous ne sommes pas des affreux ni des exhibitionnistes !"AFP
Accusé d'exhibition, un randonneur naturiste a été auditionné lundi au tribunal de Périgueux (Périgord). Mais alors que le procureur a requis la relaxe, l'homme de 51 ans peut également compter sur le soutien de l'association naturiste Apnel. Planet a interrogé sa présidente, Sylvie Fasol, pour tenter d'en savoir plus sur la randonnue.

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Planet : Qu’est-ce que la randonnue exactement ?Sylvie Fasol : C’est la pratique de la randonnée nu. C’est un sport  qui est accessible à tous, même aux enfants, et qui ne nécessite rien d’autre qu’une paire de bonnes chaussures, un sac à dos, un pique-nique et un vêtement pour se couvrir si besoin. La randonnue est un bon moyen de s’accepter soi et son corps. Dans notre société régie par le culte de l’apparence, ce sport devrait même être remboursé par la Sécurité Sociale !

Planet : Comment faites-vous pour choisir vos chemins de randonnée ?Sylvie Fasol : Nous essayons de prendre des chemins parallèles aux sentiers bien définis pour éviter de croiser des textiles. Il nous arrive parfois d’en croiser quand même, mais là nous ne nous cachons pas. Nous commençons par nous présenter, nous entamons ensuite le dialogue et leur demandons si notre nudité les dérange. Si c’est le cas, alors nous nous couvrons : le plus souvent avec une jupette pour les hommes et avec un paréo pour les femmes. Nous ne sommes absolument pas là pour embêter ou gêner les autres randonneurs.

Planet : Avez-vous déjà été confrontée à des réactions très négatives ?Sylvie Fasol : Non, jamais. Les gens que nous rencontrons sont globalement gentils. Effectivement, ils sont souvent surpris au départ mais ils ne montrent jamais aucune agressivité, au contraire. Je pense que ceci est notamment dû au fait que nous partageons une passion commune pour  la marche dans la nature. Il nous arrive même parfois, après une rencontre avec des textiles, de poursuivre la randonnée tous ensemble. On fait alors de belles rencontres et au bout d’un moment, ils oublient que nous ne portons pas de vêtement. Pour l’anecdote, un jour des vététistes ont été secourus par des membres de l’Apnel et ils ne se sont pas aperçus tout de suite qu’ils étaient nus !

Planet : Vous avez assisté à l’audience qui s’est tenue lundi au tribunal de Périgueux. Que pensez-vous de cette affaire ?Sylvie Fasol : J’espère que la présidente ira dans le sens de l’avocat du prévenu et du procureur qui a requis sa relaxe. Cet homme est novice dans la randonnue. Il n’avait pas pris ses précautions et avait oublié d’emporter avec lui de quoi se couvrir. Mais il n’avait absolument pas l’intention de s’exhiber. Et d’ailleurs le procureur l’a bien compris puisqu’il a retenu le fait qu’après s’être aperçu qu’il avait été vu par des textiles, l’homme a cherché à se cacher derrière des buissons. Et même si notre association prône davantage le dialogue, on ne peut pas lui en vouloir d’avoir préféré se cacher puisqu’il n’a même pas vu les gens qui l’ont surpris.

Planet : L’avocat du prévenu a demandé au tribunal de saisir la Cour de cassation d’une question préalable de constitutionnalité (QPC). Pouvez-vous nous en dire plus ?Sylvie Fasol : Notre association cherche à communiquer autour de la randonnue mais aussi à défendre cette pratique. Bien évidemment, il est très important qu’il existe un texte de loi sur l’exhibition sexuelle pour éviter les débordements mais le problème est que ce texte en question ne définit pas clairement ce qu’est l’exhibition sexuelle. Nous souhaitons donc qu’il soit clarifié, à l’instar de celui relatif au vol ou au viol, pour que les gens comprennent que nous ne sommes pas des affreux ni des exhibitionnistes !