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Dans une lettre plutôt salée à Arnaud Montebourg, le PDG du groupe Titan international a estimé que les ouvriers de l'usine de pneus Goodyear ne travaillaient que "trois heures par jour".
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Selon lui, ils ne travaillent pas assez. Alors qu’il a renoncé à reprendre l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, le président du groupe Titan international a adressé au ministre du Redressement productif une missive expliquant les raisons de ce choix. Dans cette véritable lettre au vitriol révélée par les Echos, Maurice M. Taylor écrit ainsi à Arnaud Montebourg que les "soi-disant ouvriers" de l’usine spécialisée dans le pneu "ne travaillent que trois heures par jour". Selon lui, "Goodyear a essayé pendant plus de quatre ans de sauver une partie des emplois à Amiens, qui sont parmi les mieux payés, mais les syndicats et le gouvernement français n’ont rien fait d’autre que de discuter".


"Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ?"

Poursuivant ses explications, le PDG a rapporté : "J’ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés, mais ne travaillent que trois heures, ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures". Et d’ajouter : "Je l’ai dit en face aux syndicalistes français : ils m’ont répondu que c’était comme ça en France !". Ironique, il a par ailleurs lâché au ministre : "Monsieur, votre lettre signal que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan est celui qui a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’à le syndicat fou ? Il a le gouvernement français !".

Après ces quelques notes d’humour, Maurice M. Taylor s’est toutefois montré plus menaçant. "Le fermier français veut des pneus pas chers. Il se moque de savoir s'ils viennent de Chine ou d'Inde. Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin". Fort de ces quelques lignes, le PDG de Titan a conclu : "Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers (…)Titan n'est pas intéressé par l'usine d'Amiens Nord". De son coté, Arnaud Montebourg s’est refusé à tout commentaire. "Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France", a-t-il simplement déclaré.