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Depuis le début, François Hollande insiste auprès de ses ministres pour qu'ils montrent l'exemple dans un contexte économique où tout le monde doit faire des efforts. Le nouveau président fait la chasse aux dépenses inutiles... Mais où en est-on vraiment dans la réduction du train de vie de l'Etat ? Le point.

© AFPLe magazine L'Express a mené l'enquête sur le véritable train de vie de l'Etat depuis que les socialistes sont arrivés au pouvoir. Où en est-on ? Fait-on réellement des économies ? Après le quinquennat de Nicolas Sarkozy, où la modération n'était pas vraiment le maître mot, il semble que la tâche du gouvernement socialiste soit plutôt facilitée. Le but : économiser 5,2 millions d'euros pour le budget 2013.

L'une des principales sources de dépense de l'Etat reste les transports, en France et à l'international. Et de ce côté-là, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont immédiatement incité leurs ministres à privilégier le train à l'avion, la seconde classe à la première, les voitures plus petites aux grosses berlines...

Des économies dans les transports
Ainsi, le président lui-même montre l'exemple ! Lors d'un dîner à Bruxelles, François Hollande choisit le train. Pourtant un avion avait bien été réservé, mais annulé quelques jours plus tôt. Et pour rentrer, alors que les trains ne circulent plus, le président choisira de ne pas dormir sur place, mais de rentrer en voiture, quitte à y passer la nuit. Ils ne sont d'ailleurs que six ministres à avoir déjà été autorisés à emprunter un avion de la flotte républicaine, et cela uniquement en cas d'urgence, lorsqu'il est impossible de faire autrement. Matignon doit même donner son accord !

D'ailleurs, même les voitures ont baissé d'une gamme. Aujourd'hui, les Citroën C6 et les Renault Vel Satis ont laissé place à des Peugeot 508 et des Renault Laguna. Les services du Premier ministre affirment même que le nombre de voitures dédiées aux membres du gouvernement est passé de 117 véhicules en 2007 à 91 véhicules en 2012.

... Seulement des économies de façade ?
Et lorsque les cortèges de François Hollande ou Jean-Marc Ayrault sillonnent les routes de France, ils ne sont plus précédés par deux motos. Ils doivent donc respecter le code de la route, et s'arrêter, comme tout le monde, aux feux rouges, même si, pour des raisons de sécurité, cela déplait aux services de protection.

Mais tout le monde ne semble pas suivre ces bonnes règles d'économies. L'Express raconte qu'un conseiller présidentiel en déplacement au bout du monde a demandé à un journaliste de "ne pas faire état de ce que vous avez vu, lors de notre rencontre"... C'est-à-dire, une voiture avec chauffeur attendant ce conseiller.

Par ailleurs, François Hollande lui-même reconnait qu'il utilisera l'avion conçu pour Nicolas Sarkozy, le fameux "Air Sarko One", alors qu'en 2010, Ségolène Royal demandait que soit sacrifié cet "avion de luxe de 180 millions d'euros". Aujourd'hui, les proches du président éteignent le feu en déclarant que "l'appareil n'a rien d'extravagant pour un chef d'Etat".

Des économies sur les logements de fonction... pas pour tout le monde
En ce qui concerne les logements de fonction, l'Etat souhaite également les limiter au maximum, et leur apposer des conditions. Ainsi, le palais de l'Alma doit-il être partagé entre trois conseillers présidentiels, dont la présence est justifiée par une "absolue nécessité de service". Mais l'Elysée précise qu'une "revue générales des attributions" a lieu et ajoute : "Nous souhaitons qu'il y ait des procédures, un inventaire, une redevance, même symbolique, et des contrats de bail".

Aujourd'hui donc, si un ministre souhaite disposer d'un logement de fonction, il devra s'acquitter de la taxe d'habitation, de la taxe sur les ordures ménagères et déclarer cet avantage en nature. Mais les appartements de fonction ministériels sont généralement situés dans les plus beaux quartiers de la capitale, impliquant des taxes élevées, et une valorisation inabordable des appartements.

En attendant, de leur côté, François Hollande et sa compagne Valérie Trierweiler ont, depuis fin mai, récupéré les clés de la Lanterne. Cette résidence appartenant à la République, avec piscine et terrain de tennis, près du château de Versailles, était normalement dévolue au Premier ministre... jusqu'à l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, qui en a fait une résidence du président.

Des économies sur les salaires...
Les économies sont aussi passées par la réduction du salaire des ministres et du président de la République. Ainsi, depuis le début de leurs mandats, Jean-Marc Ayrault et François Hollande touchent-ils des salaires réduits d'un montant d'à peine 13 000 euros nets mensuels. Du côté des conseillers, les salaires les plus hauts avoisinent ceux du président et du Premier ministre, les plus bas tournent autour de 3 000 à 4 000 euros nets mensuels.

Ces réductions de salaire peuvent mener à des situations loufoques, comme dans le cas de Pierre Moscovici, ministre de l'Economie : "J'ai un salaire inférieur à celui de mon directeur de cabinet, qui gagne 12 000 euros, et à celui de quelques centaines de fonctionnaires de Bercy".

... Et le reste
Enfin, l'Etat économise également de l'argent au niveau de la sécurité, parfois aux risques et périls des concernés. Ainsi, tous les membres du gouvernement ne sont pas traités de la même manière. Les ministres délégués, contrairement aux ministres titulaires, n'ont plus le droit à aucun agent de sécurité pour assurer leur protection. C'est pour ça que le 29 juin dernier, François Lamy, ministre délégué à la Ville, en déplacement dans des quartiers sensibles à Evry et Grigny, a fini par déclarer "ça a été chaud"...

Enfin, dernière économie, et pas des moindres : les sondages ne devraient plus être commandés par le palais de l'Elysée. Quand on sait qu'entre 2007 et 2009, Nicolas Sarkozy avait fait commander pas moins de 264 sondages, dont certains sur sa relation avec Carla Bruni, pour un montant de 6,35 millions d'euros...

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