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Le président de la République fait face à une contestation ouverte et un mouvement social qu'il peine à contenir. En parallèle, il doit aussi gérer ses amis qui lui tournent désormais le dos…
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François Bayrou

"Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge", rappelle un célèbre adage qui résonne étrangement avec la situation du président de la République. En effet, alors qu’il fait face à la colère de "gilets jaunes" de plus en plus soutenus par les Français (84% d’opinion favorable, selon l’enquête Odoxa-Dentso Consulting, d’après L’Express), il doit également gérer les doutes de ses anciens soutiens. François Bayrou, par exemple, n’a pas hésité à le sermonner en pleine crise…

"On ne peut pas gouverner contre le peuple", le tance le maire de Pau, comme le rappelle Le Huffington Post. Il a également jugé les réponses de la majorité, assurant qu’il ne faut pas "ajouter des charges aux charges"… Non sans préciser que les pistes évoquées par l’exécutif sont, "pour l’instant", "des réponses soit insuffisantes, soit qui ne sont pas encore trouvées".

Il a également questionné la mesure des décisions prises par Emmanuel Macron. "Mon sentiment c’est qu’on doit prendre en compte, lorsqu’on est le gouvernement, les gouvernants, une question qui est l’accessibilité des décisions qu’on prend. Les charges, les taxes qu’on indique, est-ce qu’elles sont à la mesure, ou en tout cas supportables par ceux à qui on les inflige ?"

Si l’ancien ministre d’Emmanuel Macron a assuré ne pas avoir les solutions, ce n’est pas la première fois qu’il s’attaque au chef de l’Etat depuis le début des manifestations. Le 21 novembre, il appelait déjà le président à "comprendre qu’un tel mouvement est un révélateur d’une crise profonde de la société française". C’est dans cette idée qu’il proposait de mettre en place une modulation des taxes en fonction du coût du baril de pétrole, souligne le site d’information.

Gérard Collomb

François Bayrou n’est pas le seul ancien ministre du président à se permettre des conseils au gouvernement concernant la gestion de la crise "gilet jaune". Gérard Collomb, qui était il y a peu l’un des plus proches élus du couple présidentiel s’est laissé aller à quelques leçons à l’attention d’Emmanuel Macron.

"Face aux évènements d’hier, il nous faut plus que jamais être à l’écoute de nos territoires et rassembler nos concitoyens pour répondre aux défis actuels et à venir", écrivait l’ancien ministre de l’Intérieur sur Twitter, le lendemain des premières manifestations, le 17 novembre.

Le maire de Lyon s’était déjà autorisé quelques conseils à son président. Alors membre du gouvernement, il lui reprochait un certain manque d’humilité. "Il faut toujours regarder ce que pense la base. Il faut que tous les ministres gardent leurs racines, de manière à pouvoir entendre ce que disent les gens, parce que vite, dans les palais de la République, on perd la capacité de lien et d’écoute avec la population", estimait-il à l’époque comme l’indiquait Planet.

Un pan de la République en Marche

Plusieurs députés issus de la majorité ont fait savoir leur déception concernant la façon dont l’exécutif – et tout spécialement Emmanuel Macron – a décidé de gérer la crise actuelle. C’est notamment le cas de Matthieu Orphelin, député LREM du Maine-et-Loire, qui s’est dit "déçu", au micro de BFMTV. "J’aurais aimé des annonces, claires, supplémentaires pour aider les Français dans cette transition énergétique", s’est-il expliqué rapporte L’Obs.

Il n’est pas le seul. Sonia Krimi, députée LREM de la Manche, a décidé de s’afficher vêtue d’une chasuble fluorescente pour marquer sa sympathie à l’encontre du mouvement. Naturellement, la majorité a assez peu goûté à son action et le président du groupe à l’Assemblée nationale – Gilles Le Gendre – n’a pas hésité à la recadrer. "Je me suis posée la question de quitter La République En Marche", a-t-elle réagi, assurant toutefois refuser "toute violence et les blocages", rappelle La Manche Libre.

Enfin, le député LREM de l’Hérault, Patrick Vignal, a aussi exprimé son mécontentement. Au point d’exaspérer certains de ses collègues, d’après RTL… Même si, en théorie, "la liberté de parole est totale", comme l’explique l’entourage de Gilles Le Gendre. "Sanctionner des gens qui disent leur inquiétude serait totalement contre-productif", estiment ses proches.

Nicolas Hulot

Son silence a beaucoup agacé la majorité. Après une démission fracassante cet été et avoir milité plusieurs années en faveur d'une fiscalité comportementale telle que défendue par le gouvernement, Nicolas Hulot a pourtant fait le choix de rester muet. Une décision qui a mis dans l'embarras l'exécutif, comme le rappelle BFMTV.

"Il y a une constante chez Hulot : quand on passe à l'étape de la réalisation qui crée des mécontentements, c'est toujours compliqué pour lui, alors même qu'il poussait les politiques à passer à l'acte", pestait une source de l'exécutif dans les colonnes de L'Opinion. "C'est toujours pareil avec lui : dès qu'il y a des coups à prendre, c'est courage fuyons !", confirme ensuite un ministre...

Pourtant depuis, Nicolas Hulot s'est exprimé. Et s'il a assumé les taxes carburants, il n'en a pas moins critiqué vertement le gouvernement, sur le plateau de l’Émission Politiqu e, le 22 novembre.

L'ancien ministre a notamment demandé un accompagnement social "digne de ce nom" avant de souligner que la crise était "évitable"... Si seulement elle avait été entendue. "La solidarité aujourd'hui, ça n'est plus une option. La fiscalité n'est pas équitable. Je comprends que les classes moyennes ne puissent plus entendre les hausses de taxe", a-t-il poursuivi.

Et de sa démission du gouvernement, il dit ne regretter qu'une chose : l'absence de "prise de conscience" de la classe politique...

Line Renaud

Line Renaud, soutien d'Emmanuel Macron dès 2017 et suffisamment proche du couple présidentiel pour qu'ils viennent célébrer ses 90 ans lors de la fête donnée en son honneur, serait déçue, d'après Gala. L'artiste serait en effet mitigée sur le bilan du chef de l'Etat, 18 mois après le début de son mandat.

C'est lors d'une séance de dédicaces à Lille, le jour même de la manifestation des "gilets jaunes" à Paris qu'elle s'est exprimée, confiant son ressenti à La Voix du Nord. "Ca fait des décennies que la France n'est pas au mieux. Il faut des réformes. Lui est là depuis un an et demi. Il y a certes parfois du nouveau qui ressemble à de l'ancien", concède la future présidente du jury de Miss France.

Pourtant, elle aimerait lui laisser "une chance", dit-elle. "Il ne peut pas faire des miracles tout de suite... Même si ça serait bien", assène-t-elle ensuite.

Les chasseurs de plus en plus inquiets

Emmanuel Macron a longuement bataillé pour récupérer dans son escarcelle ce million d'électeurs que tous les chefs d'Etat Français ont tenté de séduire. La présence de Thierry Coste, lobbyiste politique pour la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) à certaines réunions aurait même poussé Nicolas Hulot a claquer la porte du gouvernement.

Pourtant, les chasseurs que le président a tant cajolé doutent aujourd'hui. En cause ? La crainte d'une loi édulcorée, qui reviendrait sur les promesses formulées par l'exécutif, dévoile Le Figaro.

En effet, depuis la démission de Nicolas Hulot – et la nomination de François de Rugy, fervent opposant aux chasseurs par le passé, les négociations patinent. "On a perdu deux à trois semaines avec l'arrivée des nouveaux conseillers", "on ne sent pas une volonté d'avancer de leur part. Depuis le départ de Lecornu il faut recommencer toutes les négociations", confirment des sources impliquées fans les tractations.

Les points de discorde sont multiples, poursuit le quotidien : les chasseurs craignent un revirement sur le prix de la validation annuelle nationale du permis de chasse, qu'Emmanuel Macron avait promis de réduire de moitié. "Ils ne sont plus d'accord avec les sommes pour le permis. Des promesses vont pas être tenues", s'insurge un professionnel, alors que le nouveau prix pourrait s'établir à 210, 235 voire 240 euros, contre les 200 initialement prévus. L'instauration de quota souples, telle qu'envisagée initialement fait également débat aujourd'hui. La fusion entre l'Agence française pour la biodiversité (AFB) et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) effraierait également certains chasseurs...