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Une fois encore, le gouvernement sollicite les retraités. Bruno le Maire, ministre de l'Economie a pourtant assuré qu'ils ne seraient "pas perdants". En pratique, rien n'est moins sûr...
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Budget 2019 : les retraités de nouveau perdants

"Nous faisons le choix de rétablir l’équilibre des comptes publics, nous faisons le choix de valoriser le travail et nous faisons le choix d’améliorer l’offre des entreprises", a averti Bruno Le Maire, le ministre de L'Économie. Selon lui, les retraités ne devraient pourtant pas être perdants à la suite des choix faits dans le cadre du budget 2019.

En pratique, difficile de soutenir qu’ils ne le seront pas. Comme l’indique France Info, ils devront se satisfaire d’une hausse de seulement 0.3%. Pour une retraite de 1000 euros, la hausse représentera donc seulement 3 euros de plus par mois. "Il y a une certaine continuité dans la politique du gouvernement, qui entend réorienter son action fiscale et sociale vers l’emploi et l’entreprise. Toutefois, cela implique mécaniquement que les retraités y perdent", estime pour sa part Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de L'Épargne.

"Après la majoration d’1,7 point de la CSG, le gouvernement a annoncé le gel partiel des pensions de retraites pour les deux années à venir. Elles ne seront donc plus indexées sur l’inflation… Compte tenu du contexte économique actuel, cela se traduira par une perte de pouvoir d’achat des retraités. Pour une pension de 1 300 euros mensuels, la perte annuelle totale pourrait représenter jusqu’à 200 euros", explique-t-il.

Budget 2019 : pas de vrais gagnants ?

Si les retraités sont perdants, cela ne signifie pas pour autant que les gagnants soient particulièrement nombreux ou bien lotis, juge toutefois l’économiste. "Les salariés qui travaillent en heures supplémentaires seront avantagés, comme l’a annoncé le Premier ministre", souligne-t-il, non sans rappeler que, d’une façon générale, les salariés vont bénéficier de la baisse des cotisations sociales à partir d’octobre. "C’est pour pouvoir la financer que la CSG a été majoré et que les retraités ont été sollicités", indique-t-il. "Par ailleurs, les individus qui étaient soumis à des impôts comme l’ISF sont également avantagés par ces nouveaux arbitrages. Cependant, ils sont nettement moins nombreux."

Finalement, aux yeux du directeur du Cercle de l’Epargne, ces mesures visent avant tout à "boucher les trous et les fuites" des finances publiques. "Forcément, cela veut dire qu’il y aura peu de bienheureux. Ces derniers sont rares."

Budget 2019 : pourquoi s’en prendre toujours aux retraités ?

"Le choix du gouvernement de solliciter les retraités aujourd’hui n’est pas anodin. Il n’est pas innocent : contrairement à de nombreuses autres, il s’agit d’une population qui va voter. À partir de 2020, une année charnière électoralement parlant, les pensions devraient à priori être dégelées. Après les vaches maigres, on devrait donc assister au retour des vaches grasses", analyse le spécialiste.

Ce n’est pas la seule raison qui pousse l’exécutif à s’en prendre aux retraités. "Le niveau de vie des retraités demeure statistiquement 5% plus élevé que celui du reste de la population. Le gouvernement procède donc à un rééquilibrage rapide en augmentant la contribution des retraités dans les finances publiques", précise Philippe Crevel.

Toutefois, cette tendance pourrait bien s’inverser, indique Europe 1. En effet, d’après le rapport annuel 2017 du Conseil d’orientation des retraites (COR), le niveau de vie des plus âgés devrait finir par passer sous celui des travailleurs, vers 2030.