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Nicolas Hulot est dans une posture délicate. Glyphosate, huile de palme, permis de chasse… Le ministre de la Transition écologique semble complètement effacé au sein du gouvernement.
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Nicolas Hulot : la chute dans les sondages

Qu’arrive-t-il à Nicolas Hulot ? L’écologiste annoncé comme une star au gouvernement il y a un peu plus d’un an, alors qu’il s’était toujours refusé à mettre les pieds en politique, subit un sérieux revers. Pour s’en convaincre, il suffit de se plonger dans les quelques sondages testant sa popularité. Selon le dernier baromètre Elabe, il n’est plus qu’à 41% d’opinions favorables, une perte de 19% par rapport à son entrée en fonction. Chez les électeurs de gauche, il a perdu 33 points.

Pour Philippe Moreau-Chevrolet, dirigeant de MCBG et professeur de communication politique à Science Po, cela n’a rien de surprenant. "L’entrée en politique est toujours terrible pour les gens de la société civile. Il est arrivé avec une popularité très forte. Depuis le début, il avait tout à perdre. Quand on entre en politique, on s’expose, d’une certaine façon on ‘’vend’’ son âme en échange d’une certaine protection", analyse-t-il.

Ces dernières semaines, le bilan de Nicolas Hulot s’est alourdit de plusieurs défaites, la première portant sur le glyphosate. Le ministre qui n’a pas réussi à faire inscrire dans la loi agriculture et alimentation une date de sortie du glyphosate a lui-même admis un "rendez-vous incomplet". Idem sur l’huile de palme, dossier sur lequel Nicolas Hulot s’était pourtant engagé à mettre fin à son importation en France. A cela s’ajoute la colère des apiculteurs face au taux de mortalité des abeilles ou encore la possibilité de baisser le prix du permis de chasse. Autant de dossiers qui font aujourd’hui disparaître ses bons points, dont la fin de la production d’hydrocarbures en 2040, et qui propulse Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, sur le devant de la scène.

Nicolas Hulot : une moindre maîtrise de la politique Gérald Darmanin

Cet effacement, selon Philippe Moreau Chevrolet, n’est pas étranger à l’affaire Ebdo qui a touché le ministre en février dernier. Le magazine avait révélé la plainte pour viol déposé à son encontre par Pascale Mitterrand et ce, après le délai de prescription. "Nicolas Hulot est aujourd’hui un otage du gouvernement qui l’a soutenu dans cette affaire. La communication a été gérée directement par l’Elysée. Le contrecoups c’est l’érosion de la confiance", explique-t-il,

Outre ternir l’image de Nicolas Hulot, cette affaire illustre selon Philippe Moreau Chevrolet son manque d’expérience en politique : "Il est allé au-devant de la publication mais c’était une erreur, il s’est piégé tout seul. Il aurait peut-être pu suivre plutôt l’exemple de Gérald Darmanin qui a, lui, choisi de répondre de manière plus traditionnelle aux accusations. La différence entre eux, c’est l’expérience de la politique". Le ministre du Budget a été accusé de viol.

Nicolas Hulot : le fusible d’Emmanuel Macron

Aujourd’hui, il semble difficile à Nicolas Hulot de prendre publiquement position dans des dossiers contre l’avis du gouvernement auquel il appartient pleinement. En ce sens, analyse Philippe Moreau Chevrolet, il est un ministre comme les autres. "Emmanuel Macron a une incarnation très présidentielle du pouvoir, il laisse ses ministres prendre la responsabilité à l’intérieur quand lui il avance à l’international", explique le professeur de communication politique.

Comment dès lors se sortir de cette situation ? "Sortir du gouvernement de manière fracassante en disant ‘’J’ai été mal à l’aise dans tel ou tel dossier’’ et poursuivre le combat à l’extérieur, parce que c’est là où a toujours été sa vraie force". Une décision simple sur le papier mais qui nécessite un certain soutien. Nicolas Hulot a promis qu’il trancherait cet été, après avoir évalué son action au gouvernement.