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Après avoir passé un quinquennat ensemble, Emmanuel Macron et François Hollande se détestent. L'hostilité entre eux est à peine masquée. Pourtant, dans le cas du socialiste, elle ne serait peut-être pas tout à fait innocente...

"Hollande est le vrai chef du PS, donc c’est un opposant", aurait lancé en privé Emmanuel Macron, raconte Le Parisien. Entre les deux hommes, point d’amitié ou même de courtoisie. Alors qu’il s’apprête à sortir son livre, intitulé Les leçons du Pouvoir (éditions Stock, parution programmé pour le 11 avril), François Hollande s’attaque de plus en plus ouvertement au président de la République.

Emmanuel Macron, qui n’avait pas pris la peine d’inviter son prédécesseur aux commémorations des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier dernier, fait l’objet d’un réel tir de barrage. Sur le dossier de la SNCF, alors que l’actuel locataire de l’Elysée rencontre ses premières vraies difficultés, les hollandais pointent du doigt sa suffisance. On parle de "péché d’orgueil", mais aussi d’"arrogance". "Il y a un choix d’affrontements qui a été fait, qui n’est pas raisonnable, avec des termes inutilement blessants", soulignent les proches de François Hollande. Ce dernier estime d’ailleurs que "l’illusion macronnienne va se lever et que le réveil sera très, très violent", insiste un fidèle de l’ancien président. "C’est un animal politique, il sent l’humus", achève-t-il.

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Les critiques ne portent pas que sur la politique menée par l’ancien ministre de l’économie. Egalement au menu… Son look vestimentaire. Certains amis de François Hollande n’hésitent pas une seconde avant de moquer son apparition au Touquet, à Pâques. Le président de la République portait alors une "tenue de tennis blanche très chicos".

Oeil pour oeil, dent pour dent

Cette hostilité, Emmanuel Macron la rend bien à celui qui faisait pourtant voeux de silence en juin. "Je dois m’astreindre à cette réserve. Je dois laisser mon successeur travailler", disait alors François Hollande.

Et pour les proches du jeune président, son prédécesseur ne représente rien. "François Hollande ? Ce n’est plus un sujet", aurait confié un familier du pouvoir avec "un mépris souverain" selon les informations du Parisien. Un dédain que partage peut-être le chef de l’Etat, puisqu’après avoir reçu les Sarkozy à dîner à l’Elysée, s’être rendu auprès de Valérie Giscard d’Estaing et avoir rencontré Jacques Chirac, il n’a toujours pas fait signe à François Hollande. Tout au plus l’a-t-il mouché, en mars dernier, irrité par les "leçons" que donnait l’ancien président sur la question syrienne. L'ensemble des tacles essuyés par l'ancien président, l'été dernier, ont d'ailleurs fini par beaucoup l'agacer.

Pour les hollandais, cette morgue constitue une faute. "Une attitude méprisante est toujours une erreur. La seule chose qui leur irait, c’est qu’il se taise jusqu’à la fin de sa vie !", explique l’un d’entre eux. Pour un autre, il s’agit de ne pas insulter l’avenir. "C’est comme ça qu’on parlait de Chirac en 1994, un an avant son élection, et de De Gaulle, un an avant son retour" tente-t-il.

Hollande 2, le retour ?

Ce n’est pas pour rien que François Hollande s’en prend aussi directement à son ancien poulain. "Il n’a renoncé à rien", avouent ses vieux amis. L’ancien président n'exclurait pas de briguer un second mandat. Toujours malmené par les sondages, l’opinion semble toutefois s’adoucir à son sujet. A 39%, il progresse à en croire les chiffres de l’Ifop, qui le créditent de +6 points en un mois. Il reste donc loin derrière son ancien rival, Nicolas Sarkozy, à 47% (+4 points) mais ne semble pas le craindre. "Sarkozy est out à cause des affaires", jugent ses proches.

Mardi soir, au JT de France 2, François Hollande aura l’occasion de défendre son bilan et de tester à nouveau sa bonne étoile.