Candidat mis en examen : François Fillon n'est pas le seul cas de la Ve RépubliqueAFP
Contrairement au bruit répandu, François Fillon n'est pas le premier candidat à la présidentielle mis en examen. Avant lui, un socialiste l'avait été et est même devenu président par la suite. 

Avec un jour d'avance, François Fillon a été mis en examen, mardi, dans l'affaire des emplois présumés fictifs de sa femme. De nombreux médias ont alors relayé l'information selon laquelle le candidat de la droite serait le premier, dans sa situation, à avoir été mis en examen, quelques jours avant le premier tour de la présidentielle.

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François Mitterrand s'est présenté contre de Gaulle en étant inculpé

Il faut dire que François Fillon, lui-même avait parlé d'un "fait inédit" sous la Ve République. Pourtant, son soutien Gérard Longuet a rappelé que la mise en examen d'un candidat n'était pas inédite : "François Mitterrand a été mis en examen en 1965, 1974. Il l'est d'ailleurs toujours en 1981 quand il est élu président. Il est mis en examen pour outrage à magistrat dans l'affaire de l'Observatoire et cela ne l'a pas empêché ni d'être candidat, ni d'être élu", a-t-il ainsi expliqué mardi soir sur BFMtv.  

En effet, comme le relate le JDD, François Mitterrand a été "inculpé" (équivalent de "mis en examen" à l'époque) en 1959 pour outrage à magistrat dans l'affaire de l'Observatoire, dans laquelle le socialiste était soupçonné d'avoir organisé un faux attentat contre lui, afin de booster sa popularité. Et en 1965, quand il se présente à la présidentielle contre le général de Gaulle, le leader de la gauche est toujours inculpé dans ce dossier même si "aucun acte de procédure n'a eu lieu depuis longtemps", rappelle l'hebdomadaire. 

Il finira par être amnistié

Toutefois, Gérard Longuet n'a pas tout à fait raison s'agissant de 1981, car c'est une autre affaire judiciaire qui touche François Mitterrand. En août 1979, il avait été inculpé pour avoir participé à une émission d'une radio pirate. Il avait même refusé d'être interrogé par le juge d'instruction. "C'est donc le gouvernement, en la personne de ce dernier, qui a décidé les poursuites contre mes amis et moi-même, laissant apparaître par-là clairement le caractère politique de sa démarche. Puisqu'il s'agit d'un procès politique, vous comprendrez que je me comporte en conséquence", avait-il écrit au juge en charge de l'affaire. Une déclaration qui rappelle étrangement celle de François Fillon aujourd'hui...

Au final, François Mitterrand sera amnistié dans cette affaire en septembre 1981, après avoir été élu président de la République. Il a bénéficié de la loi d'amnistie du 4 août 1981, et de la suspension des poursuites "contre les parlementaires poursuivis dans les affaires de radios libres pendant la durée de leur mandat", votée par l'Assemblée un an plus tôt.

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