Service de protection, véhicule avec chauffeur, secrétaire... Les anciens Premiers ministres bénéficient de privilèges coûteux. L'exécutif a dévoilé les factures.
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La facture est salée. Lorsque leurs fonctions prennent fin, les Premiers ministres de la Ve République continuent de bénéficier de certains privilèges, notamment un service de protection. Un sujet sensible pour le gouvernement, qui a décidé de jouer la carte de la transparence. Comme le rappelle Capital, la question écrite d’une députée La République en marche à poussé la place Beauvau à préciser quels anciens Premiers ministres bénéficiaient toujours du service de la protection du ministère de l’Intérieur (SDLP).

Selon la réponse transmise à l’Assemblée nationale, citée par Capital, ce service "protège ès qualités trois anciens présidents de la République, dix anciens Premiers ministres et douze anciens ministres de l’Intérieur". Cette protection n’est pas limitée dans le temps, "en vertu d’une tradition républicaine non écrite", est-il ajouté.

Heures supplémentaires, véhicules, frais de mission...

Les anciens locataires de Matignon à bénéficier de ce service sont Édith Cresson, Laurent Fabius Edouard Balladur, Lionel Jospin, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, François Fillon, Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve. Manuel Valls a renoncé en 2018 à ce service lors de son départ pour Barcelone. Selon le ministère de l’Intérieur, la protection de ces anciens Premiers ministres a coûté 2,6 millions d’euros d’argent public en 2018, un chiffre inférieur aux 3,8 millions d’euros dépensés la même année pour la sécurité des anciens présidents de la République. Sur ces 2,6 millions d’euros dépensés, la masse salariale atteint deux millions d’euros, dont 580 070 euros d’heures supplémentaires, précise Capital. Le reste de la somme concerne notamment 9 067 euros de "moyens engagés en matière de véhicules" et 151 729 euros de frais de mission.

Les anciens Premiers ministres bénéficient d'autres avantages... Eux aussi payés par les comptes publics.

De quels autres avantages bénéficient les anciens Premiers ministres ?

En plus de bénéficier de ce service de protection, les anciens Premiers ministres peuvent aussi compter sur un véhicule de fonction avec chauffeur et d'un secrétaire particulier, pendant longtemps octroyés à vie. Dans un souci de transparence – et après une question des députés – Matignon avait déjà révélé au mois d’août le montant des dépenses engagées en 2018 pour ces deux avantages. Cette année-là, les dépenses effectuées pour les véhicules de fonction (assurance, péage et carburant) s'étaient élevées à 139 815 euros et la rémunération des personnes à leur service à 870 846 euros.

Comme le souligne Capital, Bernard Cazeneuve est "l’ex" présentant la facture la plus élevée, avec 143 408 euros dépensés, suivi par Jean-Pierre Raffarin avec 130 055 euros déboursés. Dominique de Villepin, Premier ministre sous Jacques Chirac, ferme le classement de l’année 2018 avec 110 808 euros dépensés. Précédé par Lionel Jospin (108 584 euros), François Fillon arrive en quatrième position avec 103 304 euros facturés. Des sommes importantes, qui le sont d'autant plus lorsqu'on regarde l'ensemble des dépenses : en ajoutant celles liées à leur protection, on peut estimer que les anciens Premiers ministres ont coûté 3,6 millions d’euros au contribuable en 2018.

Poussé par la grogne des Gilets jaunes, Edouard Philippe a récemment décidé de limiter ces privilèges.

Qu'a fait Edouard Philippe ?

Le gouvernement a pris les choses en main en 2019, selon la volonté du Premier ministre Edouard Philippe. D'après un décret paru au Journal officiel à la fin du mois de septembre, les anciens locataires de Matignon peuvent désormais bénéficier des services de leur secrétaire particulier pour une durée maximum de dix ans et jusqu’à l’âge de 67 ans. Ils conservent tout de même l’usage d’un véhicule avec chauffeur "sans limitation de durée".

"Pour les anciens Premiers ministres dont les fonctions ont cessé avant la publication de ce décret, la durée de dix années sera décomptée à partir de cette publication et sans limite d’âge", précisait alors le décret. Au mois de février, Edouard Philippe avait évoqué cette limitation à dix ans, arguant : "Vous allez me dire que c'est trop. Moi, je vous dis que c'est mieux qu'avant".