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A Bussy, un hameau de la petite commune de Sainte-Anne-Saint-Priest (Haute-Vienne), des habitants réclament en vain et depuis des années une connexion au réseau internet autre que satellitaire. Pour donner du poids à leurs revendications, ils ont récemment menacé de ne plus payer leurs impôts locaux. Interview du maire, Henri Buxeraud.

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Planet : Certains de vos administrés ont récemment menacé d’entamer une grève de l’impôt. Les prenez-vous au sérieux ?Henri Buxeraud : "Je ne sais pas s’ils mettront leur menace à exécution mais en tout cas ils ont l’air sérieux. Hier encore, l’un d’entre eux m’a assuré que leur projet de grève des impôts était maintenu. Cela m’inquiète un peu pour la commune car si pour l’instant ils ne représentent qu’un quart de la population, leur mouvement pourrait prendre de l’ampleur. Nous n’avons déjà pas de revenus faute de commerçant implantés alors si tous se mettent à ne plus vouloir payer leurs impôts locaux, les conséquences pourraient être lourdes.

Planet : Comment en sont-ils arrivés là ?Henri Buxeraud : Ils sont lassés de réclamer quelque chose que les autres habitants des plus grands villes ont acquis normalement. Ils se sentent laissés tomber, abandonnés au profit d’autres communes plus importantes. Et je ne peux pas les blâmer de penser ça. Réussir à capter une connexion Internet ou les chaînes de télévision relève de l’impossible chez nous, les portables ne captent pas partout et avoir une ligne de téléphone fixe n’est plus possible. Le branchement de la ville à une ligne téléphonique et le même depuis toujours et date des années 1960. A la base il s’agissait d’une ligne publique sur laquelle nous avons ensuite raccordé une boîte de déviation pour les foyers. Mais aujourd’hui elle est saturée et les nouvelles constructions ne peuvent plus s’y relier. C’est pareil pour le réseau électrique. Il est inchangé depuis son installation et alors que des fils sont dénudés et que les poteaux auraient besoin d’être changés, tout saute à chaque orage. Le problème est d’autant plus grave qu’à force de devoir payer les appareils électriques qui grillent, les assurances finissent par ne plus vouloir les rembourser.

Planet : Pourquoi les habitants n’optent-ils pas pour une parabole ? Cela leur permettrait non seulement d’avoir la télévision mais aussi une connexion internet. Henri Buxeraud : Une parabole leur permettrait certes d’avoir la télévision mais pour capter Internet, il faudrait qu’ils en prennent une beaucoup plus puissante. Or, c’est très cher et tous n’en ont pas les moyens. D’autant que dans la grande majorité des autres villes, les habitants ne rencontrent pas ce genre de problème, n’ont donc pas à payer pour trouver une solution et ce, alors que tous payent des impôts. Pourquoi les habitants de ma commune devraient-ils avoir à payer pour quelque chose que les autres ont gratuitement ailleurs ?

Planet : Dorsal (la structure publique chargée d’installer le haut débit dans cette ‘zone blanche’) a déjà offert l’installation de matériel satellitaire à près de 900 foyers dans le Limousin. Envisage-t-il de faire de même avec Bussy ? Henri Buxeraud : Il ne faut pas rêver. Nous avons déjà essayé de leur faire remonter nos problèmes via la communauté de communes puis le Conseil régional qui devait en parler à Dorsal. Mais le Conseil régional a tout centré sur les communes plus grosses que Saint-Anne-Saint-Priest et résultat, rien n’a changé. C’est la même chose quand une équipe de Dorsal vient chez nous. Elle constate ce qui ne va pas, nous promet qu’elle va faire ci et ça et au final, il ne se passe jamais rien. Ce ne sont que des promesses en l’air. Vous savez, je ne suis pas candidat aux prochaines élections municipales parce que je m’estime trop vieux mais même si j’étais plus jeune je ne l’aurais pas fait. J’en ai moi aussi assez de me battre".