Plusieurs personnalités appellent le président Emmanuel Macron à prendre position en faveur de la mère de famille voilée qui a été prise à partie par un élu du RN vendredi dernier au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Le chef de l'Etat va-t-il accéder à leur demande ?
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La polémique enfle et relance le débat portant sur le port du voile en France. Vendredi dernier, alors qu’une classe et des parents d’élèves assistaient à une séance du Conseil régional de Bourgogne-France-Comté, Julien Odoul, un élu du Rassemblement national a exigé que la présidente du Conseil somme une des mères de familles présentes de retirer son voile. Et ce, au mépris de la loi qui le lui permettait pourtant dans ce lieu.

Les images du fils de la femme voilée en pleurs dans ses bras ont ensuite faire le tour du web. Depuis, la polémique enfle. Le débat sur le port du voile en France a même été relancé. Et des personnalités s’en mêlent.

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Alors que la polémique sur le port du burkini sur les plages ne cesse de croître, on fait le point sur ce qui est autorité ou non sur le territoire national.

"Jusqu’où laisserons-nous passer la haine des musulmans ?"

"Jusqu’où laisserons-nous passer la haine des musulmans ?". Voici le titre d’une tribune publiée dans la dernière édition du Monde et signée par 90 personnalités demandant au président Emmanuel Macron de condamner "l’agression" de l’accompagnatrice scolaire voilée. Parmi elles, l’acteur Omar Sy, la réalisatrice Céline Sciamma, la députée LFI Danièle Obono, l’auteur-interprète Nekfeu ou encore la journaliste Lauren Bastide.

Réunis en collectifs, ces personnalités dénoncent "ces mots, ce comportement (qui) sont d’une violence et d’une haine inouïes". "Ils le sont encore plus pour le fils de cette femme, qui a assisté, impuissant, à l’humiliation de sa propre mère", insistent-elles. Et celles-ci de rappeler que "rien, ni dans le règlement ni dans la loi, ne justifiait que cette femme soit poussée vers la sortie de l’assemblée régionale. Elle avait tout à fait le droit d’y être, vêtue de son foulard. Cette scène, ces mots, ce comportement sont d’une violence et d’une haine inouïes".

Non seulement le collectif condamne l’attitude de Julien Odoul, mais il appelle également les plus hautes sphères de l'État à réagir.

Port du voile : Emmanuel Macron appelé à réagir "urgemment"

L’extrême droite "n’a pas le monopole de la haine contre les musulmans, dénonce le collectif qui signe la tribune publiée dans Le Monde. Des membres de la droite et de la gauche dites républicaines n’hésitent pas à stigmatiser les musulmans, et en premier lieu les femmes portant le voile, souvent au nom de la laïcité".

Les signataires du texte pointent également les récents propos du ministre de l'Éducation nationale au sujet du voile. "Le voile n’est pas souhaitable dans notre société", a déclaré Jean-Michel Blanquer au micro de BFM TV. Des mots qui ne passent pas. "N’est-ce pas ici l’illustration même d’une stigmatisation assumée jusqu’au plus haut niveau de l'État ?", interrogent les personnalités rassemblées.

Ainsi, appellent-elles Emmanuel Macron à réagir "urgemment" à la polémique. Selon elles, il revient au chef de l'État et au gouvernement de prendre position en faveur de la mère de famille voilée. Il faut "condamner publiquement l’agression dont cette femme a été victime devant son propre fils ; de dire, avec force, que les femmes musulmanes, portant le foulard ou non, et les musulmans en général ont toute leur place dans notre société ; de refuser que nos concitoyens musulmans soient fichés, stigmatisés, dénoncés pour la simple pratique de leur religion et d’exiger solennellement que cessent les discriminations et les amalgames envers une partie de notre communauté nationale. Il en va de l’avenir de notre pays".

Un appel qui, au moment où nous écrivons cet article, est resté sans réponse de la part d’Emmanuel Macron. Mais au sein de sa majorité, des voix se sont déjà fait entendre.

Le port du voile : un sujet qui divise la majorité ?

Mardi, l’affaire qui a opposé l’élu RN Julien Odou à une femme voilée au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, s’est invitée au sein d’une réunion de groupe LREM. Selon les informations de Libération, plusieurs membres de la majorité ont abordé le sujet. Mais tous ne partagent pas le même avis, bien au contraire. "Il ne faut pas en faire un sujet excitant. Il faut qu’on fasse preuve de responsabilité", a ainsi estimé Marie Lebec, la vice-présidente du groupe LREM, avant de proposer : "Les cultures politiques sont trop différentes au sein du groupe, il faudrait peut-être que l’on se scinde".

Évasif, le Premier ministre a quant à lui tenu des propos difficiles à interpréter : "Les belles âmes qui disent "liberté liberté" me sidèrent. Ceux qui pensent qu’il faudrait sortir de nos principes républicains m’effraient".