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C'est l'un des risques omniprésents dans toute carrière politique et c'est d'ailleurs la cause de l'extinction de certaines d'entre elles. La rumeur, ce ragot infondé, a pesé sur de nombreuses personnalités politiques. 
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Najat Vallaud-Belkacem

© AFP

La rumeur dont a fait l'objet Najat Vallaud-Belkacem (NVB) est l'une des dernières en date à avoir reçu un tel accueil médiatique. Souvenez-vous, selon celle-ci, la ministre ne s'appellerait pas Najat Vallaud-Balkcaem mais Claudine Dupont. A l'origine, cette histoire infondée avait circulé en 2013 suite au détournement de propos de Ségolène Royal. Cette dernière avait déclaré au Point : "elle (NVB) s'appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là. Elle doit assumer son identité et en être fière". La rumeur avait alors été réutilisée par les partisans de la "Manif pour tous" lors de la nomination de NVB au ministère de l’Éducation nationale. Cible favorite des commères calomnieuses, la ministre avait également été accusée d'encourager l'apprentissage de la théorie des genres et de l'arabe à l'école.

Jack Lang

L'épée de Damoclès qu'avait Jack Lang au dessus de la tête était d'une autre envergure, bien plus personnelle. Selon la rumeur, l'ancien ministre de la Culture aurait batifolé à Marrakech et participé à des parties fines avec des garçons mineurs. Le ragot s'était révélé tenace. C'est Luc Ferry, l'ancien ministre de l’Éducation nationale, qui avait lancé la rumeur en mai 2011 sur le plateau de Canal +. Sans citer Jack Lang, le philosophe avait déclaré qu'un "ancien ministre s'est fait poisser à Marrakech lors d'une partouze avec des petits garçons". Après des mois d'enquête, l'affaire avait finalement été classée sans suite.

Christiane Taubira

© AFP

En mai 2013, une lettre circulait sur Internet et mettait en cause Christiane Taubira. Dans ce texte, une mère racontait avoir perdu son fils, assassiné par celui de la Garde des Sceaux. Une fausse accusation bien entendu, qui visait à décrédibiliser la ministre de la Justice. Moralisatrice et émouvante, la lettre avait en réalité été déclinée en plusieurs exemplaires et même en plusieurs langues, avec pour chaque pays son bouc émissaire. Les combats de Christiane Taubira en faveur du mariage pour tous ainsi que pour la réforme pénale avaient poussé ses détracteurs à lancer la rumeur.

Martine Aubry

La maire de Lille a également été victime de potins mensongers. Peu avant la précédente primaire socialiste, un blogueur strasbourgeois avait lancé des rumeurs concernant les prétendus alcoolisme et penchants homosexuels de Martine Aubry. Comme si cela ne suffisait pas, son mari, avocat, était soupçonné d'être pro-islamiste. Dans un de ses livres, Caroline Fourest affirmait que Jean-Louis Brochen était "l'avocat des islamistes". Une affirmation basée sur quelques procès où le mari de Martine Aubry avait défendu des "islamistes". Le syndicat des avocats avait alors soutenu son confrère grâce à ce simple argument : "l'avocat d'un violeur, d'un proxénète ou d'un meurtrier n'est ni violeur, ni proxénète, ni meurtrier".

Roger Salengro

Mort en 1936, il est normal que ce nom ne vous dise rien. Ministre de l'Intérieur sous Léon Blum, Roger Salengro est l'exemple même des conséquences dramatiques que peuvent entraîner les rumeurs. Fait prisonnier lors de la Grande guerre, il avait un temps été soupçonné de désertion avant qu'une preuve ne vienne confirmer son emprisonnement durant trois années. S'il avait été disculpé, l'extrême-droite n'en avait que faire. En 1936, une campagne infamante fût lancée par la presse du même bord politique avec pour question : "Roger Salengro, ministre de l'Intérieur, a-t-il déserté le 7 octobre 1915 ?". Alors qu'il avait tenté de se défendre face à toutes ces accusations, il se suicida en novembre 1936. "S'ils n'ont pas réussi à me déshonorer, du moins porteront-ils la responsabilité de ma mort", avait-il écrit avant de se suicider.