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France Télévisions s'alarme de la petite combine qu'aurait trouvée le FN pour s'arroger une grande partie de l'espace médiatique à l'approche de la présidentielle. De son côté, le FN conteste toute manoeuvre.

Vous n'avez pas vu beaucoup de représentants du FN sur les plateaux télés en ce moment ? Eh bien, il y a une raison. En effet, le parti de Marine Le Pen profiterait de cette cure médiatique pour opérer un retour en force à l'orée de l'élection présidentielle.

Et cette combine commence à énerver le patron de France Télévisions, Michel Field, qui a décidé d'alerter le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), indique Le Figaro. Celui-ci accuse le FN de détourner les règles sur l'équité du temps de parole à laquelle sont tenus les médias du service public. Or, Michel Field se plaint de ne pas réussir à avoir la participation d'un représentant du Front national à l'"Emission politique" (qui dure en moyenne 2h15), émission phare de France 2 sur la politique.

"Le FN a repéré les failles, il refuse systématiquement les invitations"

En effet, Marine Le Pen n'est toujours pas venue à l'émission, et a même refusé à Marion Maréchal-Le Pen d'y aller il y a quelques jours, officiellement car le FN n'a pas d'adversaire (encore) désigné pour la présidentielle, ni de programme définitivement élaboré. 

"C'est un parti qui fait extrêmement bien de la politique, a estimé Michel Field lors d'un déjeuner de l'Association de journalistes médias (AJM). Nous sommes tenus par des règles d'équité de temps de parole et vous savez à quel point le CSA est sourcilleux. Le FN a repéré les failles du dispositif du régulateur. Il refuse systématiquement les invitations consommatrices de temps de parole", a accusé Michel Field. 

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D'après le patron de l'information de France Télévisions, le FN décline toutes les invitations pour accumuler un temps de parole tellement considérable qu'il occupera tout l'espace médiatique juste avant la remise à zéro des compteurs fin janvier, c'est-à-dire avant le passage à la période de campagne officielle. Mais il n'est pas certain que le service public soit en mesure de rattraper le retard accumlé au profit du FN (et ce en raison de la forte exposition médiatique de la primaire des Républicains et de celle à venir du PS), et risque de se faire rappeler à l'ordre par le CSA, qui a indiqué toutefois qu'il tiendrait compte des refus des politiques. 

Le FN conteste toute manoeuvre

Du côté du Front national, on conteste toute entourloupe. "Le Front n'a aucune stratégie de se réserver des temps de parole à un moment ou à un autre. C'est le droit de Marine Le Pen de maîtriser les moments de son exposition sans être obligée de commenter systématiquement les hypothèses différentes des primaires. À chacun de s'organiser pour absorber ces primaires", a déclaré sur les réseaux sociaux Florian Philippot, le vice-président du FN.

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