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Jean-René Lecerf se présente face à Martine Aubry dans la course aux élections municipales de mars prochain. Pour battre sa rivale socialiste à Lille (Nord), le candidat UMP mise un combat d'idées et non pas de personne.

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Planet : A moins d’un mois du premier tour des élections, comment vous sentez-vous ?Jean-René Lecerf : "Je me sens très bien. Je savais qu’en m’engageant dans ce combat, la vie ne serait pas un long fleuve tranquille. C’est exactement ce qui est en train de se passer mais comme je m’y attendais, tout va bien. Les Lilloises et les Lillois ont l’air réceptif au programme que je leur propose.

Planet : Malgré les sondages qui donnent votre rivale socialiste, Martine Aubry, gagnante, avez-vous bon espoir de réussir à la battre ?Jean-René Lecerf : Les derniers sondages concernant Lille ont trois mois, voire plus. Ils datent d’avant le début de la campagne et donc avant que les électeurs découvrent qu’on leur apportait de nouvelles idées. Vous savez, beaucoup de Lilloises et les Lillois n’ont jamais rien connu d’autre que le Parti socialiste à Lille. La majorité est à la tête de la ville depuis plusieurs décennies. Les habitants découvrent maintenant que nous avons d’autres propositions. Mon objectif est que Lille ne vive pas le syndrome du bassin minier, à savoir : rien d’autre à part le PS et le FN. Je souhaite rendre à la droite son importance sur l’échiquier politique de cette ville. Et plus si affinités…

Planet : Quel genre d’adversaire est Martine Aubry ?Jean-René Lecerf : Martine Aubry n’est pas habituée à être critiquée donc elle vit mal les élections. Alors que les autres candidats veulent provoquer le débat, elle est exaspérée par le fait que l’on dénonce ses mensonges.C'est une héritière parachutée à Lille par Pierre Mauroy. Et si je reconnais qu’elle a fait des choses pour la ville, notamment en matière de logements sociaux, ce n’était ni plus ni moins que son job de maire ! Aujourd’hui, elle est entourée de béni-oui-oui et voit la ville avec des lunettes roses ! Ca finit par peser sur la démocratie locale ! Lille a un grand besoin d’oxygène et celui-ci passe par l’alternance.

Planet : Quelle est votre stratégie pour conquérir ce fief socialiste ?Jean-René Lecerf : Je mise sur un combat d’idées et non pas de personne. Pour cela je compte notamment mettre l’accent sur deux échecs de Martine Aubry : l’emploi et la sécurité. On parle souvent dans les médias nationaux de ‘Lille la surdouée’ mais c’est faux. En réalité, le taux de chômage n’est pas de 14% comme le prétend la candidate socialiste mais plutôt de l’ordre de 20%. L’actuelle maire de la ville a l’incroyable qualité de croire immédiatement ce qu’elle vient de dire ! Il y a un véritable désarroi dans les quartiers. Ce qu’il faut proposer aux jeunes ce ne sont pas des emplois à Bac+10 mais des emplois à Bac-2. Si l’on continue comme aujourd’hui, on court droit vers une dispersion de la classe moyenne. Si on ne fait rien, il n’y aura bientôt plus que des riches ou des pauvres à Lille !

Planet : Et concernant la sécurité, que souhaitez-vous faire ?Jean-René Lecerf : Même si la machine socialiste pratique l’omerta sur les statistiques de la délinquance à Lille, on sait que ce taux y est calamiteux. La presse régionale a réussi à se procurer un rapport selon lequel le taux de violences dans les transports de la métropole lilloise a augmenté de 22% l’an dernier. La police de Lille est une police de stationnement qui n’est ni armée ni suffisamment nombreuse. Je souhaite ainsi faire passer les effectifs de 97 à 200. Quant à la vidéosurveillance, Martine Aubry assure qu’il y a 4500 caméras dans la ville mais c’est faux. Pour arriver à ce chiffre, elle doit compter les appareils photo ! Il est temps de développer la vidéosurveillance, y compris dans les transports en commun et avec l’aide des communes voisines.

Planet : Christian Decocq a récemment été évincé de votre liste. Pour quels motifs ?Jean-René Lecerf : Je suis venu à Lille pour reconquérir et rénover l’opposition municipale. Des militants d’une autre génération que celle de Christian Decocq et qui sont d’ordinaire sur le terrain m’ont demandé de leur faire une place sur la liste afin qu’ils puissent donner une autre dimension à leur engagement politique.  Et alors que je conduis une liste commune avec l’UDI, il y avait moins de places disponibles pour la droite. De plus, quelques jours avant les dépôts de listes, Christian Decocq hésitait encore à se présenter. La preuve : il n’était toujours pas inscrit sur la liste de Lille. Et alors que cela fait partie des critères d’éligibilité, je n’ai pas voulu prendre le risque que toute la liste soit ensuite annulée. C’était un choix cornélien car Christian Decocq est un ami personnel mais entre l’amour et le devoir, j’ai choisi le devoir.

Planet : Ces élections marquent la première consultation nationale depuis la présidentielle de 2012. Pensez-vous qu’il faille s’attendre à un vote sanction contre la majorité à Lille ? En France ?Jean-René Lecerf : Bien sûr, je pense qu’il y aura un vote sanction en France. Peut-être que ce vote sanction passera par l’abstention. L’électorat de gauche sera peu mobilisé à l’échelle nationale. A Lille en revanche, je pense que les choses seront quelque peu différentes car Martine Aubry a pris grand soin de se distancier du PS".