Marine Le Pen va l'emporter, disent les élus : très concrètement, à quelle France faut-il s'attendre si c'est le cas ?AFP
Nombreux sont ceux, aujourd'hui, à percevoir la victoire de Marine Le Pen plausible. Pour Jean-Christophe Lagarde, pas de doute, Emmanuel Macron est condamné à perdre contre la candidate du Rassemblement National. Mais quelle France nous promet-on au juste ?
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Les scénarios possibles en cas d’élection de Marine Le Pen en 2022

Deux scénarios spécifiques se détachent, en cas d’élection de Marine Le Pen en 2022, estime Christophe Bouillaud. Le premier, pacifique, implique un transfert du pouvoir d’Emmanuel Macron à la fille du Menhir somme toute assez traditionnel ; sans accroc. "Dans ce cas, il y a de fortes chances que Marine Le Pen ouvre son gouvernement à la droite républicaine. Si elle parvient à en rallier une partie, elle a de grandes chances de remporter une majorité absolue lors des élections législatives et elle n’aurait alors plus qu’à dérouler ses réformes", poursuit le politologue.

Selon lui, il apparaît plausible  - dans un tel scénario - que Marine Le Pen aille au plus vite. "Elle enchaînerait alors les réformes les plus importantes à ses yeux, que sont la fermeture des frontières, la restriction des flux migratoires et les mesures sécuritaires qui constituent son ADN politique", détaille-t-il.

La seconde hypothèse, en revanche, est autrement plus inquiétante. "Si certains Français vivent l’élection de Marine Le Pen comme une insulte et, énervés par son ascension à l’Elysée, font preuve de violences ; elle aura l’occasion de s’arroger les pleins pouvoirs dès son accession au pouvoir. Une émeute constituerait, en effet, le prétexte idéal pour taper dans le tas et utiliser à plein la constitution de la Vème République. Elle n’aurait alors plus à s'embarrasser du droit républicain", s’alarme le chercheur, pour qui c’est bien de ça dont il est question quand certains, à l’extrême droite, appellent de leur voeux la "guerre civile" en France. 

"Concrètement, cela signifierait qu’il n’y aurait pas d’élection législatives, dans un premier temps au moins. Au lieu de quoi, Marine Le Pen aurait l’occasion de se débarrasser de ses opposants les plus virulents et ne manquerait pas de présenter toute révolte comme une intifada violente, une menace au drapeau. Elle aurait donc d’autant de moins de mal à remporter les législatives quand, finalement, elle se déciderait à les organiser. C’est véritablement le scénario du pire", détaille l’enseignant-chercheur.

Pire encore, peut-être : le spécialiste appréhende une police plus brutale encore qu’elle ne peut l’être aujourd’hui. "Il est bien évident qu’en cas d’élection de Marine Le Pen, les forces de l’ordre se sentiraient couvertes. Déjà aujourd’hui, le contrôle déontologique des agents de police est plus qu’imparfait. Si la doctrine politique en matière de répression se fait plus violente encore, il y aura un risque énorme en termes de sécurité publique. D’autant que la population ne se laissera pas faire", rappelle Christophe Bouillaud, pour qui cette escalade assurée pourrait empêcher l’arrivée de l’héritière de Montretout au château.

Mais existe-t-il des contre-pouvoirs suffisamment puissants pour se prémunir contre ce type de danger, en cas d’élection de Marine Le Pen ?